Kill Me Again (Kill me Sarah, Kill me AGAIN with love...)
(Chroniques égocentriques : The Soundtrack Of Your Life)
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dimanche, février 29, 2004

SONG 10 : Gilbert O'Sullivan : Alone Again (Naturally) (AlbumSingle 1972)

Tu fonctionnes par rebonds. Ou par échos. Ce qui revient au même. C'est comme cela que tu avances. Par exemple sur ce disque de Caetano Veloso amené par Flop l'autre soir. Alors du coup tu écoutes à nouveau de la musique Brésilienne, Joao Gilberto en tête. Sur ce 45T de Gilbert O'Sullivan également, acheté d'occasion par David et aperçu à coté de sa platine. La seule vue de la pochette a réveillé en toi plein de souvenirs. Ce qui est assez étonnant car tu n'as jamais eu ce disque, la chanson ne suscite à priori rien de précis chez toi, juste le vague souvenir de la connaître. Et puis samedi, à la librairie Parallèles, "Alone again, Naturally", tu tombes sur un vinyl espagnol de Gilbert O'Sullivan ("24 grandes exitos" dit la pochette sommaire), un best-of. Alors tu rebondis et achètes le disque. Il n'y a pas de chemin tracé, tu vas où les rebonds te dirigent.

Cette foutue chanson te revient en mémoire si facilement... Tu te revois dans la voiture de tes parents, la seule musique qui entrait dans ta vie était celle diffusée par la radio invariablement collée sur Europe 1. Dans la voiture comme à la maison. Tes parents écoutaient très peu de disques. Et le peu qu'ils écoutaient... La musique ne t'intéressait pas particulièrement d'ailleurs. Pas encore. Pas à 11 ou 12 ans. "In a little while from now, If I'm not feeling any less sour, I promise myself to treat myself, And visit a nearby tower, And climbing to the top will throw myself off". Dans ta chambre il n'y avait pas de radio alors dès que tu écoutes cette chanson tu repenses à la voiture de tes parents. Etonnant. C'est la musique qui te reste, la mélodie est gravée en toi. Pas les paroles. Tu n'y comprenais rien à l'époque. "To think that only yesterday, I was cheerful, bright and gay, Looking forward to well wouldn't do, The role I was about to play". Forcément aujourd'hui elles t'interpellent.

Tu as laissé ce dimanche se dérouler tranquillement, sans courage, "Alone again, naturally". Tu as essayé de jouer cette chanson à la guitare, elle est dans une tonalité pénible, pleine d'accords diminués, de 9ème etc, tu as laissé tomber. Un dimanche sans courage. Tu voulais aller marcher sur les quais de seine, faire le tour des bouquinistes, "Alone again, naturally". Tu n'as rien fait, prétextant le froid ou tu ne sais quoi. Alors elle essaye de te convaincre que tout est possible, que tout peut arriver n'importe quand. Elle a des arguments. Rien à dire. C'est juste la sensation de ne plus y croire. "Alone again, naturally".

Kill Me Sarah | 21:19 |


samedi, février 28, 2004

SONG 9 : Belle & Sebastian : Dirty Dream #2 ( Album Black Session 10-05-98)

Tu l'as embrassée sur le parking, sous le soleil. Vous aviez marché longuement sous les arbres en parlant de tant de choses. Sur le parking où tu devais reprendre ta voiture, elle s'est arrêtée et t'a regardé. Son sourire et son regard te fascinaient. Elle était merveilleusement belle avec ses longs cheveux fins. Ses yeux clairs brillaient, son sourire ouvrait délicatement ses lèvres et la bretelle de son débardeur glissait légèrement de son épaule. Tu adores les épaules.
Tu t'es approché d'elle. Elle souriait toujours. Elle te souriait. Tu sentais que ses lèvres t'appelaient. Tu l'as embrassée, tendrement, doucement, longuement. Tu sentais sa peau douce sous tes doigts qui suivaient la courbure de son épaule. Tu es resté à la regarder dans les yeux ensuite. Elle t'a embrassé à nouveau. Tu ne crois pas que vous ayez échangé un seul mot du moment où vous êtes arrivé sur ce parking. Sans dire un mot, elle a pris ta main et t'a emmené chez elle. Elle habitait le dernier étage d'un immeuble blanc de petite taille. Il y a avait plein de tableaux sur les murs de son salon, des tableaux plein de couleurs vives. Un piano droit blanc était le long du mur de droite, face à deux grands fauteuils blancs également. Le soleil brillait toujours aussi fort au travers des grandes baies de son salon s'ouvrant sur une petite terrasse. Elle a repris ta main et... c'est à ce moment là que tu t'es réveillé ce matin vers 5h00. Tu as eu du mal à te rendormir...

"Could you put a face to someone elses eyes?
Is it someone that you'd maybe recognise?
But it all fades into morning when you open your eyes"

Kill Me Sarah | 22:13 |


vendredi, février 27, 2004

SONG 8 : Mull Historical Society : I Tried (Album : Loss 2001)

"You you you, you're determined to be a woman".
C'est étonnant comme idée de vouloir partager ta solitude. Ca t'intrigue. Est-ce parce que ta solitude semble parée d'atours romantiques qu'elle en devient enviable? Cela expliquerait ce tableau, parfaite représentation des souffrances du jeune Werther, pierre de rosette du romantisme. Hum? tu ne pensais pas à cette image en parlant d'Etretat mais l'association est effectivement évidente.
"The pain is in your eyes but you can hide it". Depuis quelques jours tu as décidé de passer en mode "off". Peut être pour étouffer ce romantisme de pacotille dans lequel tu sembles parfois te complaire. Pour te préserver de nouvelles déceptions surtout. Un voeu pieux probablement. Tu sais qu'au moindre sourire, regard, mot, tout se remet à clignoter au rouge, même si dans ces instants tu tournes la tête ou le regard, "pour montrer tout ce que tu veux cacher".

"Me me me, I'm determined to be a loser, And I know it". Elle rit hier soir en entendant les paroles de cette chanson près du pont Mirabeau dans la nuit parisienne. Peut être mieux vaut-il en rire...
"I let you have the final say, Cause something died inside of me".

Edit : Toutes les chansons de la semaine sont sur la radio et il en sera ainsi à l'avenir.

Kill Me Sarah | 13:56 |


jeudi, février 26, 2004

SONG 7 : Brian Eno : By this river (Album : Before and after the science 1977)


"Here we are stuck by this river". Le soleil et le ciel bleu. Avec le désir d'en profiter et l'impression de ne pas y avoir droit. Comme d'aller s'allonger au bord d'une rivière. Sous le soleil. Même s'il fait encore trop froid. Ou à la montagne, marcher dans la neige, regarder le ciel.
"You and I underneath a sky, That's ever falling down down down". Que cette chanson est magnifique. Il est dommage que Brian Eno n'en écrive plus vraiment. Il écrit, fait de la musique, mais plus de chansons. Plutôt que de citer ses multiples contributions comme musicien ou producteur, il faut lire A Year With Swollen Appendices, son journal pour 1995, malheureusement épuisé mais qui doit être trouvable d'occasion.

Ce matin cette chanson te hante. Elle tourne et retourne en toi. Cette petite mélodie au piano, lente, légère, aérienne, pleine de silences. "Waiting here always failing to remember, Why we came came came, I wonder why we came". Ce sont ces silences entre les notes qui font la magie de cette chanson. Le ciment invisible qui fait tenir l'édifice. Comme ces silences dans les conversations, souvent plus éloquents que bien des mots. Une beauté faite de rien. Simple. Comme un bonheur évident à portée de la main. Et pourtant inaccessible.

Kill Me Sarah | 11:05 |


mercredi, février 25, 2004

SONG 6 : Stevie Wonder : They won't go when I go (Album Fulfillingness' First Finale 1974)


Tu avais oublié. Cette chanson comme cet album. Pas écouté depuis 20 ans au moins. Jamais acheté parce que tes finances ne te permettaient pas d'acheter les disques que tu souhaitais à l'époque, il te fallait faire beaucoup plus de choix. Et voilà, hier soir David met Fulfillingness first finale après Caetano Veloso et tu te demandes comment tu as pu oublier cette musique aussi longtemps. A peine rentré, tu charges rapidement l'album.
Ce matin, une pluie triste tombe derrière la vitre, tu écoutes cette chanson pour la troisième fois d'affilée. "And I'll go where I've longed, To go so long, Away from tears, Gone from painful cries, Away from saddened eyes". La beauté de la mélodie, la voix, les voix, le piano conscient de sa gravité. La musique, plus que les paroles, te fait le même effet qu'il y a plus de 20 ans. Toujours la même tristesse dans ces notes. Il pleut et cela ne pouvait être autrement.
"They won't go when I go". Tu as écrit un long mail hier après-midi. Tu l'as jeté. Tu tires le rideau de fer sur la vitrine de tes sentiments. Tu fais faillite. Tu regardes les destinations de dernière minute pour ce week-end, Islande, Finlande, Danemark, tu aurais préféré Norvège. Et puis à quoi bon. A quoi bon partir seul. Tu n'iras nulle part.
Il pleut et cela ne pouvait être autrement. Tu vas prendre Songs in the key of life pour la voiture...

Kill Me Sarah | 09:42 |


mardi, février 24, 2004

SONG 5 : The La's : I can't sleep tonight (Album : The La's 1990)


"When I say I'm so sad about, Not so glad about, I'm so mad - I can't sleep tonight". Le problème de ne pas dormir, c'est que tu ne rêves plus...

Kill Me Sarah | 03:53 |


lundi, février 23, 2004

SONG 4 : Pavement : Cut your hair (Album : Crooked rain crooked rain 1994)


"ooh ooh ooh ah ooh oooooh, ooh ooh ooh ah ooh ooh ooooh ooooooooh" Qu'est-ce qu'ils allaient bien avec les rayons du soleil ce matin ces "ooh ooh ooh ah ooh oooooh, ooh ooh ooh ah ooh ooh ooooh ooooooooh". "Darlin' don't you go and cut your hair", une de tes chansons préférées de Pavement avec Unfair et Here. Il y a des matins comme cela où tout pousse à l'espoir d'une journée inattendue. Le soleil, le ciel bleu, le réveil d'un semblant de confiance en toi tellement rare, les "ooh ooh ooh ah ooh oooooh, ooh ooh ooh ah ooh ooh ooooh ooooooooh" dans la voiture. Et rien ne se passe, tout casse tout lasse et ainsi de suite.
Ca n'a pas de rapport mais elle passe dans ton bureau ce matin et tu ne lui parles pas de ton rêve, de ce baiser qu'elle t'a donné cette nuit lorsque tu étais allongé sur l'herbe à coté d'elle. Pourtant elle t'a dit "dis-lui" et ça la faisait sourire, "imagine qu'elle dise je rêve aussi", mais bien sur qu'elle rêve mais pas de toi et comme tu ne rêves plus tu ne dis rien, tu regardes juste son sourire et ensuite tu vas chercher un, deux cafés, plus tard encore un, et encore un thé, tu ne sais pas ce que tu veux noyer ce matin, ce midi, demain et les jours qui viennent. Non, tu ne lui as pas dit que tu as rêvé d'elle. Tu as encore les "ooh ooh ooh ah ooh oooooh, ooh ooh ooh ah ooh ooh ooooh ooooooooh" dans la tête mais le soleil disparait doucement et les espoirs avec.
Ca n'a pas de rapport mais elle passe dans ton bureau ce matin et tu ne lui parles pas de ton rêve mais tu te dis que c'est beau une femme qui dort. C'est encore plus beau si c'est la femme que l'on aime. Elle est encore plus belle quand elle dort. Tu te souviens de ce passage de Kierkegaard lu dans un train. Tu lui avais envoyé dès que tu étais rentré chez toi. Peut être faudrait-il uniquement les regarder dormir même si elles n'aiment pas quand tu leur dis qu'elles sont belles quand elles dorment.
Non, ça n'a pas de rapport mais tu aimes les regarder dormir et tu ne lui parles pas de ton rêve... "ooh ooh ooh ah ooh oooooh, ooh ooh ooh ah ooh ooh ooooh ooooooooh"...

"Aujourd'hui, pour la première fois j'ai posé sur elle mon regard. Le sommeil, dit-on, alourdit les paupières au point de les fermer : mon regard aurait-il sur elle un effet analogue? Les yeux se ferment et pourtant des puissances obscures s'agitent en elle. Elle ne voit pas que je la regarde, elle le sent, tout son corps le sent. Les yeux se ferment et c'est la nuit; mais en elle il fait grand jour."
Kierkegaard : Le journal d'un séducteur

Kill Me Sarah | 21:29 |


dimanche, février 22, 2004

SONG 3 : Minor Majority : By this time tomorrow (Album : If I told you, you were beautiful 2002) (sur la radio)


Les nuages gris, le vent, le silence aussi, l'atmosphère des dimanches est toujours étrange. Comme un jour qui ne s'affirme pas. En attendant de sortir pour que ce dimanche n'en soit plus un, tu écoutes Minor Majority découvert en première partie d'Azure Ray. Des chansons glanées à droite à gauche, ils ne vendaient pas leurs albums après le concert et les magasins on-line Norvégiens n'expédient pas en France.
Distraitement, dans la torpeur ambiante et l'inactivité dominicale, tu découvres leurs arpèges délicats, et puis By this time tomorrow s'échappe des enceintes comme des vapeurs d'encens. Peut être à cause du violoncelle, des cordes, ou de cette voix chaude, ou de celle de la fille, ton regard se perd mélancoliquement dans le flou de la mémoire. Pourquoi les dimanches restés dans tes souvenirs sont-ils tous gris? Pourquoi cette chanson te remémore-t-elle des dimanches après-midi, enfant, à jouer seul dans le jardin de tes grands-parents? Sous des cieux remplis de nuages gris. Invariablement.
"Just one more phone call... to cover my mistakes" pour chasser ce corbeau noir venu se poser sur tes épaules insidieusement, ou peut être pour s'envoler avec lui...

Kill Me Sarah | 15:33 |


samedi, février 21, 2004

SONG 2 : The Velvet Underground : The black angel's death song (album : The V.U and Nico (1967))


Le patron du "Café Bizarre" les avait prévenus plusieurs fois déjà, elle faisait fuir les clients cette chanson ("Quels clients?" dira John Cale). Ce soir là, après une version particulièrement terrifiante, c'est l'ultimatum. Ils la rejouent une seule fois et ils sont virés. On a beau être en 1965 et complètement fauchés à New-York, quand on s'appelle Lou Reed ou John Cale on ne peut résister à un tel plaisir. Ils l'ont rejouée immédiatement. Encore plus fort. La suite fait partie de la légende.

L'alto grinçant de John Cale vrille le cerveau comme une obsession malsaine. Et la voix de Lou, hautaine, vénéneuse, "for him to choose What had he to lose". Il faut choisir t'a-t-elle dit l'autre soir. "antiseptic remains coo goodbye". Tu ne peux être à la fois et amant et mari. "Gone to choose, choose again". Tu veux la passion mais elle fait peur. Tu dois choisir. "try between, if you choose, If you choose, try to lose". La raison n'a pas été une réussite. La passion t'a consumé, il ne reste que des cendres. "Choose to choose" et les "Chhhhhhhhhhhhhhh" de Cale dans le micro comme le cri de l'eau mordue par l'acier en fusion. Choisir. Comment choisir quand on se laisse porter. C'est ton coté rêveur, idéaliste. Choisir c'est perdre une partie de soi. Ne pas faire de choix n'est-ce pas tout perdre d'avance... "Choose to go". Il n'y a pas de choix à faire. Juste laisser le découragement éteindre la passion. Et la chanson de mort de l'ange noir qui tourne et retourne derrière, "I chi-chi, chi-chi I", comme une fatalité implacable.

Kill Me Sarah | 22:17 |


vendredi, février 20, 2004

SONG 1 : Nico : The End (Album : Ayers, Cale, Eno, Nico / June 1, 1974)


Il le faut. Arrêter de tourner en rond. Sortir de cette spirale centripète. Arrêter ce cirque, ces atermoiement stériles. Pas tout arrêter non. Changer. Ne pas, pour une fois, succomber aux charmes trop faciles de la fuite. Pas de changement radical non plus. Juste une petite ligne directrice à suivre. Tu parleras donc ici d'une chanson par jour. Bien entendu, tu continueras à raconter tes souvenirs, tes pensées, plus ou moins. Tu ne sais pas écrire si tu ne parles pas de toi, mais en parler différement. Le prétexte sera une chanson. Alors tu parleras aussi de la chanson, plus ou moins, suivant les jours, suivant la chanson. Tu pourras ne parler que de la chanson aussi d'ailleurs. Ou pas. Ou uniquement de tes pensées. Ou pas. Le changement dans la continuité ou la continuité du changement. Ou pas. Juste pour garder l'illusion...

Paradoxalement, parce que tu aimes les paradoxes, tu commences avec The End. Pas la version des Doors, mais la reprise qu'en fait Nico. Une version live où elle joue seule à l'harmonium parce que ce sont les plus terrifiantes. La version idéale, fantasmée, serait celle de ce vendredi 13 décembre 1974 où elle a joué à la cathédrale de Reims. Entendre sa voix s'élever dans le choeur de la cathédrale ("comme les hurlements du crépuscule" écrivait Patrick Eudeline dans Best à l'époque), avec son harmonium sépulcral devait être une expérience ultime (si quelqu'un a un enregistrement...). Nico c'est la femme fatale, la maîtresse maudite, abandonnée par tous ses amants célèbres, c'est le spectre qui hante le manoir les nuits d'orage dès que ses pieds activent le souffle de son harmonium. Et puis il y a cette voix rauque (rock?) et dérangeante... cette voix qui donne des frissons et pas seulement de plaisir, cette voix qui réveille les démons internes...
Nico et The end... la fin pour commencer, la fin parce que The end is the beginning is the end, parce que la fin c'est toujours un commencement, parce que ça fait presque une semaine que tu ne fumes plus, parce que l'autre matin sous la douche tu te disais que ça commençait à faire bien longtemps que tu n'avais plus fait l'amour, que ça faisait un paquet d'années que tu n'avais pas été seul aussi longtemps, parce que quoiqu'elles en disent, tu sens que la fête est finie, et tu la sens aussi, lentement mais sûrement, "Qui grouille et qui s'amène Avec sa gueule moche Et qui m'ouvre ses bras De grenouille bancroche" comme disait Boris Vian, parce que "Desperately in need...of some...stranger's hand In a...desperate land", parce que The End c'est un bon début tout simplement...

(La chanson est à écouter sur la radio, mais ça ne sera pas le cas tous les jours, du moins pour le moment)

Kill Me Sarah | 20:46 |


jeudi, février 19, 2004

"when I saw it was a time for a change..."

Kill Me Sarah | 16:21 |


mercredi, février 18, 2004

Les falaises d'Etretat (fin)

Au fur et à mesure qu'il s'approche, il se rend compte que la silhouette n'est pas un peintre mais une jeune fille qui regarde vers l'horizon, immobile. Il reste à distance respectable pour ne pas troubler son recueillement. Il se dégage une certaine prestance de cette fille. Son immobilisme force le respect. Depuis combien de temps est-elle comme cela? Il l'avait remarqué tout à l'heure, avant de s'asseoir au bord de la falaise. Elle n'a apparemment pas bougé depuis cet instant et elle se trouvait peut être là bien avant. Il ressent une détresse, une douleur dans cet immobilisme.

Ses cheveux bruns sont balayés par le vent. Elle semble avoir froid. Il peut presque percevoir son tremblement. Il s'approche délicatement, silencieux, à quelques mètres, comme fasciné. Il l'observe. Elle ne l'a pas entendu arriver. Il ne voit que son dos, dans son manteau noir, et ses cheveux menant une danse infernale sur la musique du diable jouée par le vent. Il ne voit pas son regard mais il sait qu'il est fixé, vide, sur l'horizon, sur la courbure de la terre, perdu là bas, loin, à l'endroit où la mer se mêle au ciel. Il se demande ce qu'elle pense. Il se dit qu'elle a peut être les mêmes pensées que lui tout à l'heure. Alors d'une voix mal assurée il lui dit "parfois on voudrait pouvoir s'envoler, loin, là bas, ailleurs, s'envoler, ne plus toucher terre, disparaître dans un souffle". Il a à peine terminé sa phrase que la fille s'est retournée vers lui, les yeux plein de colère et de larmes. "Je viens ici pour être tranquille et il faut qu'un conna…". Il n'entend pas la fin de sa phrase. Tout se referme en lui. Il courbe la tête, rentre les épaules, se recroqueville en lui-même. Bien sur. La fille s'éloigne d'un pas colérique. Bien sur. Lui aussi était venu pour être seul mais il n'aime pas ça. Bien sur. Pour une fois qu'il osait parler à une inconnue. Il n'aurait pas du venir. Bien sur. Il a dû la vexer en la surprenant de la sorte, en voulant faire le malin. Il se sent vraiment en dessous de tout en ce moment. Bien sur.
Il ne sait pas quoi faire, reste là, paralysé, regardant timidement la fille s'enfuir nerveusement. Il se sent accablé par une solitude encore plus grande.

Il trouve une pierre sur laquelle s'asseoir quelques instants. Il reste là, se prend la tête dans ses mains. Il faut toujours qu'il gâche tout. Une chanson lui revient à l'esprit comme bien souvent. Les chansons, les livres, les mots des autres, c'est un catalogue d'excuses, de prétextes, pour auto-justifier ses propres erreurs. C'est une manière de dire, regardez l'explication est là, ou regardez je ne suis pas le seul. C'est l'absolution artistique. Mais qui leurre t-on à part soi-même dans ces cas là? Enfin là, en l'occurrence, la chanson de Jude qui lui revient à l'esprit dit : "It only kills me 'cause I'm alive, and living this disaster, And it's all I can do now to survive". Au moins c'est une belle chanson se dit-il.

Il a bien conscience du coté pitoyable de la situation. La quarantaine passée, amoureux solitaire et sans espoir, assis là, sur une pierre, en plein milieu de ce plateau déserté en cette fin de matinée, au beau milieu de ses désastres sentimentaux qui semblent s'étaler là sur l'herbe autour de lui comme des bagages éventrés, au beau milieu de la vacuité de son existence. Il voudrait pleurer, il n'y arrive même pas.

Il entend soudainement un bruit de pas derrière lui. Machinalement il ouvre ses mains et regarde dans cette direction. La fille de tout à l'heure s'arrête immédiatement lorsque son regard se pose sur elle. Les bras croisés sur son ventre, les cheveux lui balayant le visage elle le regarde silencieusement. Lentement, il se relève, lui fait face à quelques mètres, n'osant bredouiller les excuses qui lui semblent s'imposer. Il la trouve jolie malgré ses yeux rougis et son visage fermé. Non, pas jolie, charmante. Voilà, il lui trouve du charme avec cette esquisse de sourire fragile comme pour masquer la douleur qu'elle ne veut montrer.

- Merci dit-elle brusquement. Merci, pour tout à l'heure…

Il ne comprend pas. Tout son visage doit exprimer son incompréhension, son impuissance. Elle va pour faire demi-tour devant son silence lorsque, d'une voix timide, il réussit à prononcer quelques mots :

- Euh… je… puis-je vous demander…
- Non le coupa-t-elle immédiatement. Non. Vous pourriez mais non. Vous pourriez plein de choses… mais non.
- Je comprends. J'ai pris un abonnement longue durée au non dit-il en baissant les yeux.

Il l'entend tourner les talons et s'éloigner doucement. Il relève alors la tête pour la regarder partir. Il a l'esprit vide, ne comprend pas, même s'il croit deviner la raison de son merci. Mais comme d'habitude, il ne comprend pas son éloignement. Il ne comprend plus rien depuis longtemps de toute manière. Ni lui, ni les filles qu'il croise.
Il reste là, à la regarder rejoindre le chemin de terre et prendre la direction d'Etretat d'un pas calme. Et puis, au moment où elle va commencer à descendre vers la plage, il la voit se retourner vers lui. Elle s'arrête alors, regarde quelques secondes dans sa direction, puis reprend sa marche du même pas calme et posé. D'où il se trouve, il n'a pu voir son visage ni son regard. Il la regarde disparaître.
Il entend derrière lui la mer qui se fracasse au pied des falaises. Sur sa droite, le plateau s'étend au loin. Devant lui, le golf désert. A sa gauche, il aperçoit la falaise d'amont et devine le trou où se niche Etretat et où vient de disparaître l'inconnue au manteau noir. Il se sent perdu comme jamais.

Il hésite à se mettre à courir derrière cette fille, hésite à rester où il se trouve, hésite à continuer à marcher le long de ces falaises, hésite à rentrer à la maison, hésite…

Il lève les yeux vers l'écran où il vient de taper ces derniers mots. Prend sa tête dans ses mains. Oui, ça, pour hésiter…
Il n'est pas parti à Etretat. Il n'en avait pas le courage. Alors il est resté à se morfondre devant son écran, se lamentant sur son sort, inventant cette histoire minable. Espérant des mails ou des appels qui n'arriveront pas, espérant bien plus que cela.
Il n'est pas parti parce qu'elle n'a pas voulu l'accompagner. " Il lui avait proposé, il voulait partir avec elle. Mais il comprend qu'elle ait refusé, qu'elle n'ait pas voulu venir marcher avec lui sur les falaises d'Etretat" et il ne sait rien faire pour lui. S'il avait de l'humour, il pourrait presque dire qu'il manque de savoir vivre.

Le disque est fini depuis longtemps, il reste là dans le silence, contemplant son écran et ses derniers mots péniblement arrachés à son esprit fatigué, se disant que ce n'était pas la bonne semaine pour arrêter de fumer, se disant qu'il n'osera bientôt plus rien lui proposer, se disant qu'elle n'imagine sûrement pas à quel point il était heureux de les voir sourire et rire toutes les deux aujourd'hui. Heureux, et triste en même temps... pour tout un tas de raisons...

"Vivre, ce n'est ni respirer, ni souffrir, ni même être heureux, vivre est un secret que l'on ne peut découvrir qu'à deux."
Romain Gary : Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable

Kill Me Sarah | 00:30 |


lundi, février 16, 2004

Les falaises d'Etretat (part 3)

Il a pris le sentier au pied de la falaise d'aval et grimpe d'un pas décidé. Le vent s'engouffre par les interstices de son blouson mais il n'en a cure. Il atteint cette sorte de plateau d'où l'on domine la mer et le village en contrebas. Il suit un peu le chemin de terre creusé par tant de passages et le quitte rapidement pour s'approcher du bord des falaises. Il s'arrête alors et regarde l'horizon. Il n'arrive pas à trouver la sérénité imposée pourtant par cette vue gigantesque sur la mer qui s'agite plus bas et les falaises d'amont plus loin sur sa droite. Comme si le vent ne cessait d'agiter ses pensées.

Cette fois ci, il était totalement seul. Il apercevait bien une silhouette immobile, mais elle était loin, sur cette avancée d'où l'on voit l'aiguille chère à Maurice Leblanc.
Il s'assoit au bord de la falaise, à un endroit qui lui semblait sûr, le ventre un peu noué par le vide qui s'étend devant lui et sous ses jambes. Il reste un moment comme cela, presque figé, maîtrisant sa respiration pour laisser les battements de son cœur se calmer. Il regarde au loin mais souvent laisse son regard plonger vers le bas de la falaise. Le vide le fascine, et la sensation de maîtriser sa peur naturelle le rassure.

Les goélands décrivent de larges cercles devant lui. Il aimerait être comme eux, pouvoir s'élancer dans le vide pour planer de la sorte. L'idée le fait sourire. Un sourire triste. Il se dit que s'il se lançait là, tout de suite, son vol ressemblerait à ses histoires d'amour. Un bel envol, un moment de panique, un moment d'extase de liberté extrême, le désir que ces sensations durent toujours et puis la chute, brutale et l'écrasement lamentable.
Il reste là, prenant garde de ne pas trop se pencher. Il aurait aimé entendre une voix inquiète derrière lui, demandant qu'il arrête ses âneries, que ça fait peur, que ça n'amuse personne ses gamineries. Mais derrière lui, il n'y a que le vent qui souffle.

Une chanson qu'il croyait oubliée lui revient à l'esprit. " Ne venez pas traîner sur mes falaises, Où mon amour se promène à son aise, Même si ce n'est que pour nous regarder, Un accident est si vite arrivé". Il se remet à penser à elle, qui n'a pas voulu venir. Il hésite à prendre son téléphone et l'appeler. Il se dit que ce n'est pas la peine, se trouve cent raisons pour ne pas le faire. Si elle était venue, il aurait eu terriblement envie de lui prendre la main pour marcher dans le vent, terriblement envie de la prendre dans ses bras et... mais il n'aurait pu le faire. Son esprit se brouille.
Pendant une fraction de seconde, l'idée de se laisser glisser, d'aller s'écraser au pied de la falaise sur les galets lui traverse l'esprit. Le problème du suicide, c'est qu'une fois que l'on se sera écrasé comme une fiente de goéland sur les rochers, on n'est pas certain de pouvoir assister à la douleur, la culpabilité des autres. Bien souvent, c'est uniquement pour ces raisons que l'idée du suicide traverse notre esprit. Pas réellement pour mettre fin à notre douleur, mais pour en infliger une aux autres. Mais voilà, on n'est pas sûr de pouvoir assister au spectacle, alors l'idée ne fait que traverser les esprits. Le sien comme beaucoup d'autres. L'homme est bien souvent pathétique, lâche et cruel. Il n'est pas certain de valoir beaucoup mieux...

Alors il se relève et avance d'un pas nonchalant le long de la falaise. Il aperçoit toujours la silhouette de tout à l'heure, au même endroit, comme une vigie guettant inlassablement l'arrivée d'envahisseurs hypothétiques, Il se dit que c'est peut être un peintre, peut être une fille. Enfin il s'en fiche, même s'il se dirige vers elle car c'est un bel endroit pour regarder l'aiguille et la fuite des falaises de l'autre coté. Une avancée majestueuse, comme un grand promontoire qui pointe vers la mer et l'horizon. Peut être le bon endroit pour jeter à la mer les sentiments qui lui tournent dans la tête et dont elle ne veut pas… (à suivre)

Kill Me Sarah | 21:45 |




Les falaises d'Etretat (part II)

Il a quitté l'autoroute et serpente maintenant sur les départementales de la campagne normande baignée dans une légère brume. Une angoisse sourde lui tord l'estomac à mesure qu'il entre dans Etretat. Il prend conscience qu'il est venu par désespoir. Pas pour les bonnes raisons. Enfin il ne sait pas ce que c'est "les bonnes raisons" mais c'est exactement ce que lui diraient ses amies. Sont-elles mauvaises pour autant celles qui l'ont conduit jusqu'ici? Il n'en sait rien et s'en fout. Il ne supporte plus "la raison". Elle lui bouffe la vie "la raison". Il ne voudrait plus réfléchir. Il voudrait de la passion, pas de la raison. Il souhaiterait la laisser au placard "la raison", l'enfermer à double tour. Il en a marre de comprendre. Marre de toujours comprendre les autres sans finalement les comprendre, sans rien comprendre à rien. Il s'énerve tout seul tandis qu'il glisse entre les villas bordant la rue étroite menant au centre-ville. Les vitres de la voiture sont couvertes de buée lorsqu'il se gare près de l'ancien marché couvert. Il coupe le contact et reste un instant la tête posée sur le volant. Crétin. Ce n'était pas la peine de faire deux cents kilomètres pour se dire ça.

Il finit par sortir de la voiture, rajuste son écharpe et ferme son blouson. Il est entré dans le bar-crèperie au coin de la place pour prendre un café rapide au comptoir. Dehors, le vent s'il est soutenu, n'est cependant pas très fort. Il avait secrètement espéré arriver un jour de tempête, pour voir les vagues s'écraser avec force sur la plage et les falaises. Pour voir bouillonner l'écume et l'explosion fracassante du ressac sur les rochers. Peut être aurait-il besoin de cette violence naturelle pour expulser la sienne? Ca aussi c'était raté. Au moins le vent permettait de disperser un peu les nuages, et un soleil timide perçait parfois, distillant ses rayons pâles à la surface de la mer.

Il est sur le parapet qui surplombe la plage. Il reste là quelques instants puis descend s'asseoir sur les galets inconfortables. Assis face à la mer, avec ces falaises qui le bordent de droite et de gauche, il se sent minuscule, insignifiant, inutile. Il jette sans réfléchir quelques galets qui vont atterrir dans les vagues. Il est presque seul en cette fin de matinée. Il entrevoit juste quelques pêcheurs qui s'affairent au bout de la plage. L'avantage d'être venu un jour de semaine. Il n'aurait pu supporter de voir du monde d'ailleurs. Il n'y a que dans l'isolement que l'on peut accepter sa solitude. Ce sont les autres qui la rendent insupportable. Pas soi-même.

Il est resté là un moment, il ne saurait dire combien de temps, à lancer des galets, des petits, des plats, des gros, des brisés, machinalement, avec ses pensées qui s'évaporaient vers le ciel. Comme un enfant. Le soleil perçait plus franchement à travers les nuages. Une belle clarté venait frapper la roche lui donnant un aspect étincelant. Il s'est alors dirigé vers la falaise d'aval en se demandant d'où venait l'expression "malheureux comme les pierres". Ca lui est venu comme cela, subitement, il ne sait pas pourquoi. Peut être à force de lancer ces galets. "Malheureux comme les pierres". Quelle connerie. Comme si les pierres pouvaient aimer… (à suivre)

Kill Me Sarah | 00:12 |


samedi, février 14, 2004

Les falaises d'Etretat (part one)

Elle n'a pas voulu venir alors il est parti seul sur le long ruban grisâtre de l'autoroute, avec sa mélancolie en bandoulière. Réveillé tôt sans pouvoir se rendormir, ça l'a pris d'un seul coup. Une douche rapide, un jean, un pull, et puis la route avec un soleil pâle qui se levait à peine au travers des nuages.

Il s'était dit qu'il ne partirait pas. Pas seul. L'idée de ce voyage express l'avait pris subitement. Il lui avait proposé, il voulait partir avec elle. Mais il comprend qu'elle ait refusé, qu'elle n'ait pas voulu venir marcher avec lui sur les falaises d'Etretat. Pas envie de passer une journée seule avec lui. Trop lourd à porter certainement. Ou la crainte qu'il ne redevienne pressant. Pourtant il sait qu'il n'aurait rien dit, rien fait qui puisse la mettre mal à l'aise. Il est trop conscient de ses erreurs. Il ne souhaite pas lui donner l'occasion de dire non une nouvelle fois. Il sait comme c'est difficile, dérangeant. Il n'a pas envie de raviver sa douleur non plus. Il voulait juste aller regarder la mer avec elle et se promener sur les falaises.

Il l'aurait regardé dans les yeux comme il le fait parfois bien sur. Avec ses regards intenses qui rendent palpable l'espace entre ces deux corps qui ne se rapprochent pas, cet espace qu'elle ne comblera pas. Avec ses regards qui écrivent les mots interdits, disent les paroles muettes des profondeurs de l'impossible. Rien d'autre. Parce qu'il l'apprécie au-delà de ses sentiments. Il aurait aimé partager ces instants avec elle, tout simplement. Enfin peu importe, elle n'est pas venue.
Par peur de la tristesse trop lourde à porter, par peur d'une solitude trop écrasante, il avait abandonné ce projet. Maintenant il est dans la voiture et il roule en ruminant toutes ces idées. Il ne sait pas ce qui l'a poussé à partir.

Il a pris plein de disques pour le trajet, mais il n'arrive à écouter que des chansons mélancoliques. " Could you follow me down, With a love like yours, I don't know if I'm able, To keep my feet on the ground" chante Joseph Arthur. Des mots malheureusement. Des mots. Des rêves impossibles surtout. Ses pieds sont totalement englués dans le sol. Seul son imagination s'envole, en solitaire également.

Il n'arrête pas de penser à elle tout en conduisant. Il se lance dans des conversations imaginaires. Il ne la fait pas parler, ou très peu. Il ne veut pas imaginer ses réponses, par superstition peut être. Alors il s'imagine lui parler longuement, de lui, d'elle, de souvenirs, de musique, pendant que la route défile sur cette autoroute triste et monotone. La vallée de la Seine, des champs tristes et déserts, un paysage trop gris sous les nuages qui couvrent le ciel en ce matin d'hiver. Il se dit qu'avec sa présence, son sourire, il aurait perçu cette route différemment. Elle aurait suffit à l'embellir. Sa solitude a trop tendance à barbouiller le monde d'un gris uniforme. Alors il tente de s'évader en inventant ces conversations imaginaires. Mais il sent son estomac qui se noue. Elle lui manque. Ce voyage était idiot. Tant pis. Puisqu'il est parti, il ira au bout. Faire demi-tour ne serait qu'un échec de plus.

Mojave 3 a remplacé Joseph Arthur, avec cet album de circonstance, Excuses for travellers. " I´m a car without hope, Too close to the ditch to go far ". Il roule, le regard vissé sur l'horizon, l'esprit dans les nuages. Il roule, l'habitacle rempli par sa solitude. Il roule vers il ne sait quel espoir hypothétique... (à suivre...)

Kill Me Sarah | 21:50 |




Etait-ce encore le rêve? Etait-ce déjà l'éveil? Plutôt un de ces moments à la frontière, dans ces limbes où les images qui apparaissent semblent tellement présentes, trop présentes. Celles de ce matin ne veulent te quitter. Les images comme les sensations. Tu ne veux en parler, ces lignes sont déjà de trop. Mais comme c'était terrible d'imaginer si fort la chaleur, la douceur de son corps contre le tien, sa tête posée sur ta poitrine, si fort que ton corps à encore l'impression de s'en souvenir. Comme c'est dur de chasser ces images impossibles, ces rêves qui ne peuvent exister...

Kill Me Sarah | 10:53 |


vendredi, février 13, 2004

"Aujourd'hui c'est vendredi et j'voudrais bien qu'on m'aime"

Le soleil semble te narguer ce matin. Ravivant tes envies d'ailleurs, tes envies de partir. D'autres envies également. Beaucoup plus prégnantes. Encore un printemps qui va arriver. L'impression de se retrouver un an en arrière avec encore l'illusion d'y croire à ce printemps. Les illusions se consument à petit feu et s'amenuisent comme une peau de chagrin. Il ne restera bientôt plus que la terre austère de ton existence desséchée.

Kill Me Sarah | 09:59 |


jeudi, février 12, 2004

Son CD de Bright Eyes dans la voiture, "I want a lover I don't have to love". Les yeux et le sourire de la jolie Orenda Fink (Azure Ray) toujours en mémoire, les rues de la banlieue défilent comme sur un tapis roulant où tu te laisses emmener par la force de l'habitude. Tu n'as pas osé aller lui parler après le concert hier soir, paralysé par sa beauté et ce sentiment d'insignifiance.
Quelque chose d'indéfinissable semble estomper le monde ce matin. Comme si sa superficialité devenait palpable, l'impression de ne pas être dans la bonne dimension, d'évoluer dans un décor de cinéma sans relief, de devenir un peu plus invisible. "L'enfer c'est les autres" écrivait Sartre dans Huis Clos. "Les autres" te manquent ce matin, ceux et celles, surtout celles, qui te rendent existant. L'enfer a parfois un goût de paradis...

"I gave myself to sin
And I've been there and back again
I gave myself to providence
The state that I am in"

Belle & Sebastian : The state I am in

Kill Me Sarah | 12:58 |


mardi, février 10, 2004

Autoportrait à la bougie #5

Tu dégringoles les dernières marches de l'abandon. Tu t'affales pitoyablement. Tu te ridiculises dans des mises à nu stériles. "You see me now a veteran of a thousand psychic wars, my energy is spent at last and my armor is destroyed". Il n'y a plus qu'à remonter une nouvelle fois. Gravir une à une ces marches creusées par des passages trop fréquents. "And I'm young enough to look at, and far too old to see". Avec cette lassitude, de plus en plus pesante.
Tu reprends La Chute de Camus ce soir. Images d'Avignon, dans cette petite salle surchauffée par le soleil, M. et toi assis sur ces bancs inconfortables, avec ces mots, cette confession, qui t'avaient frappés en pleine figure. Le souvenir de cet acteur à la face extraordinaire, imprégné de son texte et de ses oppositions. Tu le feuillettes. "Hélas! après un certain âge, tout homme est responsable de son visage." Quelques lignes avant, tu retrouves ce passage : "Vous savez ce qu'est le charme : une manière de s'entendre répondre oui sans avoir posé aucune question claire". Tant de chemin à parcourir, tant de chutes encore à venir... "All the scars are on the inside".

Kill Me Sarah | 22:00 |


lundi, février 09, 2004

"Je marche fragile comme une jonquille, poussé au dos par un grand vent." Comme ces sensations semblent loin...
Derrière la tour HLM qui fait face à ton bureau, le ciel s'embrase. Des traînées de roses et de bleus meurent doucement dans le crépuscule. Le soleil de ce matin semblait annonciateur d'espoir. Maintenant la nuit est tombée.
Cette chanson te trotte dans la tête de façon obsessionnelle depuis ce matin. Il y a une phrase plus loin, que tu ne veux dire, qui avait fait basculer ton destin. Ou du moins qui avait appuyé du bon coté de la balance. Pour une fois. Les paroles sont toujours aussi justes. C'est bien ton problème actuel. Tu as mis le vieux vinyl sur la platine ce soir. Il craque comme toi en ce moment. Il a presque 25 ans et toi tu ne les as plus depuis longtemps. Comme si l'on pouvait espérer qu'une chanson puisse changer quelque chose. "Et dans le noir toutes les étoiles, gonflent mon âme comme une voile". Les étoiles ne veulent plus s'allumer. Il ne reste que les ténèbres, la voile est en berne et ce soir tu as froid...

Kill Me Sarah | 19:27 |


dimanche, février 08, 2004

Autoportrait à la bougie #4

Tu entends les bruits sinistres et habituels des verrous qui se ferment. Tu entends le pas lourd de ta fuite. Tu entends les mots muets qui ne se disent plus. Tu entends le silence assourdissant du vide. Tu n'entends plus de chuchotements à ton oreille. Tu n'entends plus le vent chaud qui fait chanter les feuilles. Tu n'entends plus les rires des amoureux au coeur de la nuit. Tu ne t'entends plus.

"There's a house with no door and I'm living there;
at nights it gets cold and the days are hard to bear inside.
[...]There's a house with no sound; yes, it's quiet there -
there's not much point in words if there's no-one to share in time.
[...]You call my name, but it sounds unreal;
I forget how I feel, my body's rejecting the cure."

Kill Me Sarah | 18:45 |


samedi, février 07, 2004

Et puis tu tombes sur cette version écrasante d'Eyes on my back de Joseph Arthur. Tu restes là, figé, seulement éclairé par le halo de l'écran, essayant de contenir ces larmes qui montent...

"I wish i had
Open eyes
On my back
So i could see
My life
Going past
Seems when
It's good
Everything
Goes to fast
And when its gone
You can never
Get it back


Try and take a picture
Through a dirty window
Try to touch your shadow
Fading when you follow


I been alone
For so long
It's hard to track
Down in a hole
No one knows
In the black
I know that soon
All the dogs
Will attack
I wish i had
Open eyes
On my back"


Joseph Arthur : Eyes on my back (sur la radio avec Ian Curtis)

Kill Me Sarah | 22:08 |




Ton vide est un espace en expansion. Tu ne cherches même plus à en mesurer les limites. Tu restes là, parfois dans le silence, à lire Cioran.

"En prenant notre misère subjective pour un mal objectif, nous croyons pouvoir alléger notre fardeau et nous dispenser des reproches que nous devrions nous adresser."
Sur les cimes du désespoir

Kill Me Sarah | 20:30 |


vendredi, février 06, 2004

et merde ça suffit sale journée et pourquoi ne pas le dire ici même si tu le dis ailleurs le barrage se fissure mais elles s'en fichent de toi tu peux bien le hurler partout et cette chanson minable que tu écris aujourd'hui si tu espères que cela va changer quelque chose si tu crois pauvre imbécile que cela va te soulager de massacrer quatre accords et de chanter comme un crapaud ce que tu te goures fillette fillette ce que tu te goures ils ne se posent jamais la question ceux qui te disent arrête tu vaux bien mieux que ça que quoi surtout les filles oui elles le disent et puis elles disent au revoir bonne nuit et toi tu te sens encore pire après et tu mets des s partout parce que plein parce que trop et les autres même manchot tu peux les compter sur tes doigts et le week-end qui s'annonce merdeux seul Mojave 3 te berce derrière et tout à l'heure tu as cru pleurer en écoutant Caterpillar de Lambchop parce que c'est tellement beau ou parce qu'il y a tellement de choses qui te pèsent mais Caterpillar et les autres qui te lisent ils n'ont jamais envie de se lâcher comme ça un bon coup parfois mais même là il faut te lire aussi a-telle dit l'autre soir tu te censures tiens même avec dix ou quinze ans de moins ça serait pareil ne plus tomber amoureux tu l'écrivais encore hier soir mais tu ne et Marie là elle fait quoi maintenant est-ce qu'elle pense peux pas que tu hais ces vendredi soirs encore à toi l'année dernière tu en étais au même point pas bougé d'un millimètre tu racontes n'importe quoi tu peux personne ne lira cette logorrhée verbale même que tu es amoureux d'elle ils auront lâché prise depuis longtemps tous ces lecteurs ou alors ça va va encore faire style ces mots sans ponctuation balancés n'importe comment comme s'il y avait de l'art là dedans tu es un crétin qui a trop bu ce soir encore un autre soir parce que tu ne dors plus sinon au secours forcément ça fait peur tout ça tu les effraies tu devrais rire sourire comme l'a demandé cette fille sur le photoblog tu souris oui parfois avec des gens parce que tu aimes les gens tu as l'impression de vivre et un vendredi soir comme celui-ci tu finiras sous un métro parce que non ils sont où d'ailleurs ce soir c'est fini pour toi bien sur ils ne le croient pas mais tu veux vivre maintenant ce que tu n'as pas vécu avant et cet âge qui t'accuse tout le temps et cette laideur extérieure et peut être même intérieure bon sang tu serais grand beau et cent fois plus con tu ne serais pas en train de te lamenter ici ce soir pourtant tu as plus d'amour en toi que ces crétins mais elles s'en fichent et tu ne sais pas leur montrer ou mal ou elles ne le voient pas c'est pareil toujours pareil parfois les gens comme toi ont du talent mais même ça tu ne l'as pas comme le reste il y en a il y en a plein qui écrirait des belles choses et toi tu te répands ça ne plait pas elle a tellement de tendresse de sensibilité en elle comment pourrais-tu ne pas l'aimer pour ça elle croit que c'est pour autre chose et son coeur tellement gros qui bat dans sa poitrine si elle savait comme ça te fait le verront-ils les autres ceux qu'elle et c'est peut être pour ça mais et ces musiques tristes ces musiques tristes ça pourrait être un rêve ça devient ton cauchemar il n'y a pas de d à cauchemar malgré cauchemarder c'est la langue française c'est étrange elle va t'en vouloir pour tout ça si elle lit tous les autres tu t'en fous elle a dit je m'en fous hier soir aussi tu devrais partir loin laisser ces gens que tu aimes et que tu déranges devenir un crétin froid comme la banquise ça aussi tu l'as déjà écrit parce que depuis hier soir tu n'en sors pas non tu n'arrêteras pas parce qu'il y en a des tonnes en toi de cette haine de toi qu'elles t'ont inculqué en te rejetant depuis si longtemps Return to sender chantent les Mojave 3 tu voudrais ne pas être né tu as lu ça aujourd'hui oui dans le journal/non journal peut être est-ce pour cela que tu aimes tant la lire tu t'y retrouves et tu ne sais pas lui parler lui dire que tu comprends trop peur de passer pour un tu voudrais qu'elle écoute cette musique elle comprendrait la comprendrait et tu penses à cette fille dans la maman et la putain qui se lâche comme ça bon sang comme elle a raison c'est pour cela que tu aimes ce morceau combien l'ont écouté non tu ne t'arrêteras pas pas ce soir et l'alcool aide et tu as envie de fumer et pas du tabac sous les étoiles avec la belle que ceci que cela mon ourson l'Ursula comme disait Boris Vian mais l'Ursula n'existe pas pour toi user sa bouche avec ta bouche son corps avec tes mains tu en dirais bien plus tu ne veux pas être révérencieux ce soir son corps son corps son corps mais sans sa tendresse et tout ce qu'elle est il n'y aurait pas son corps et si je raconte tout ça ce soir c'est qu'j'ai chopé un gros coup de cafard chantait Higelin il y a tellement longtemps que vous étiez tous petits et toi déjà vieux ne pas être né disait Cioran et Ann lue aujourd'hui Cioran mort de vieillesse un comble tu sais que tu n'y arriveras pas qui pourra t'expliquer pourquoi tu es décevant en vrai pourra-t-elle te le dire pourront-elles bon sang pourtant tu en dis des choses et tu te souviens du soleil à Moustier Ste Marie pourquoi ce souvenir là maintenant tu t'étais fait arrêter par la police pour souffler dans le ballon négatif et ce petit restaurant et cet hôtel tu lui avais fait l'amour sous la douche elle avait aimé elle aimait toujours et cette colline où elle t'avait emmené tu lui avais fait l'amour sur les épines de pins elle avait pris ton sexe dans sa bouche après que tu aies joui pour avaler cette goutte de sperme et cette lettre qu'elle avait glissé dans ton sac et que tu avais lu dans le train c'est Rachel qui chante sur cette chanson et tu sais oui tu sais que tu vas remettre Caterpillar quand ce disque sera fini tu voudrais l'emmener partout ailleurs au soleil et l'embrasser lui dire que tu oublier les autres ce monde tu allumes une nouvelle cigarette tout ça est bien loin maintenant surtout ce soir tu ne reliras pas ce flot impétueux qui le lira en entier tu écris pour toi tu en as besoin pour expulser pour ne pas trop sombrer et mais tu penses aux autres tu ne te juges qu'au travers de leur regard et ces lignes sont une négation de la langue française mais tu es toi même une négation et ça fait du bien parfois de nier et toi tu nies tout d'ailleurs pas capable d'avouer et comme il aura comme il aura de la chance celui c'est marrant tu penses à V là maintenant tu en parlais au début de ce blog pourquoi là tout de suite peu importe comme elle aura été déçu elle aussi Gimme the ring chante Kurt Wagner maintenant sur cette compilation que tu fais cette reprise des Sisters of Mercy il fallait oser à partir de cette instant là cette compil' est magnifique et Hickey et cette histoire de cet homme qui ne prend pas de douche pour garder sur lui son odeur à elle mon dieu comme ça te plait comme tu aimes les odeurs des femmes lorsqu'elles sont parties et qu'elles flottent encore autour de toi tu aimerais encore une fois l'écouter sous les étoiles ce disque pas seul non jamais seul non jamais seul parce que cette chanson Caterpillar quand tu l'écoutes avec elle avec toi sous les étoiles il n'y a plus rien qui existe à part elle et toi juste ce petit bout de terre sur lequel tu es allongé avec elle et cette chaleur et tout ce qui te fait vivre et cette musique oui un jour oui un jour tu apprendras tu n'en es pas certain mais un jour peut être tu apprendras à te taire et ce même jour peut être oui peut être oui elles diront oui peut être elle dira oui je veux oui...

Kill Me Sarah | 22:20 |




Le sommeil qui tarde à venir hier soir. Et puis sur le matin ce rêve étrange. Ces deux filles qui travaillent avec toi que tu amènes pour un voyage au bord de la mer. Pourquoi ces deux là qui ne t'attirent pas? Jeux ambigus dans le rêve avec l'une d'elle. Et rien. Rien de toute façon. Tes rêves sont inaboutis comme ta vie. Il ne s'y passe rien.
Le ciel était très sombre, annonciateur d'orage. Les nuages noirs et lourds couvraient le ciel. Une mer d'encre s'étalait devant vous. Dans les dernières images du rêve, vous étiez dans un endroit où tu étais déjà venu, tu prenais une bouteille d'eau oubliée lors de ton dernier passage (l'été dernier leur expliquais-tu). L'eau était claire dans la bouteille. Mais lorsque tu a voulu leur en servir, au contact du verre, l'eau est devenue rouge, rouge sang. Quand tu t'es retourné pour tout jeter, les filles n'étaient plus là. Tu t'es réveillé. "Woke up this morning with love in mind" chante Neil sur Time fades away. Tu ne devrais pas...

Kill Me Sarah | 10:24 |


jeudi, février 05, 2004

Autoportrait à la bougie #3

Tu écris quelques mots, quelques lignes. Tu sais que tu ne les mettras pas ici. Tu n'oses plus. Pas grand chose pourtant, des mots où tu masques ce que tu voudrais montrer. Tu dois apprendre à te taire, à apprivoiser ces sentiments qui grondent et poussent à l'intérieur. Tu fais claquer le fouet de la raison mais tu n'y arrives pas. Alors tu les confines sur ton disque dur, pas disposé à trouver l'arrière-cour déserte qui pourrait accueillir tes Basement tapes ou ton Smile.

"Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées..."

Charles Baudelaire : Spleen

Kill Me Sarah | 12:32 |


mercredi, février 04, 2004

Boulevard des maréchaux. Porte de la Chapelle. "I fall in love with somebody else tonight". La traversée de Paris. Boulevard de Clichy. Les enseignes lumineuses qui claquent dans la nuit. Tu parles peu. Tu te laisses bercer par la musique. Ou par cet instant trop rare. "I try to laugh about it, Hiding the tears in my eyes". Un café un peu avant, une rue, des souvenirs qui s'accrochent à la mémoire. La Madeleine. "And through the dark, Your eyes shine bright". La Seine. Les lumières de la ville étincellent. Une beauté inaccessible. Un moment partagé. Tu voudrais rouler. Ne pas t'arrêter. Allez au bout de la nuit, au bout de la route. Invalides. "And wait, For something to happen". Les rues qui défilent. Les phares des voitures. Pendant un instant les tourments s'évanouissent. "Let me take your hand, I'm shaking like milk". Puis reviennent. La route touche à sa fin. Trop tôt. "Oh you know that I'd do anything for you". Tu tournes à gauche dans sa rue. Tu t'arrêtes. Elle reprend le CD. Un sourire. Un signe. Tu la regardes disparaître dans le rétroviseur. Et les rues qui n'ont plus la même saveur. Périph' fermé. Boulevards des maréchaux encombrés. "Comme elle est belle la ville et ses lumières seulement pour les fous". Porte d'Ivry. Une fille en manteau noir descend d'un bus. Elle lui ressemble. Tu la regardes. "Serre-moi encore, Etouffe-moi si tu peux...". Autoroute. Les bandes blanches qui défilent. Plus rien. L'appartement vide. Le silence...

Kill Me Sarah | 11:46 |


mardi, février 03, 2004

Autoportrait à la bougie #2

Et le lendemain l'oubli disparaît... tout recommence... on repart au même endroit... the show must go on... Allez, entrez m'sieurs dames, entrez sous le grand chapiteau, venez écouter les histoires de KMS, venez l'entendre conter ses amours perdues, déçues, il évoquera pour vous ses plus beaux souvenirs avec des vrais morceaux de chansons dedans, il vous racontera ses déceptions, ses rêves, ses espoirs envolés, entrez Messieurs Dames, il se mettra à nu sans aucune pudeur dans un élan pathétique, entrez Messieurs Dames, le spectacle est permanent…

" Welcome back my friends to the show that never ends..."

Kill Me Sarah | 13:13 |


lundi, février 02, 2004


Tu n'en peux plus de tes luttes internes. La passion contre la raison. L'incompréhension contre la compréhension. L'espoir contre le découragement. L'attirance contre le refus. La retenue contre l'abandon.
Ces sentiments que tu étouffes de force. Ces désirs que tu réfrenes, ces mots que tu tais, ces gestes que tu retiens. Cette guerre intestine sans vainqueur. Ces tiraillements, ces antagonismes qui te déchirent. Ces portes qui claquent en pleine figure. Avec ce doute persistant de te leurrer toi-même.
Cette violence comme dans cet affrontement de couleurs qui explose. Cette violence que même l'alcool n'arrive pas à apaiser ce soir.
Ce soir tu es prêt à t'offrir, pour ne plus avoir à te supporter...

"I hate myself for lovin' you
and the weakness that it showed"

Bob Dylan : Dirge


 Rothko : White over Red


Kill Me Sarah | 20:00 |


dimanche, février 01, 2004

Elle te dit écouter Deserter's songs de Mercury Rev. Tu le mets également sur ta platine. Peut être pour avoir l'illusion de l'écouter à ses cotés. Et puis le flot des souvenirs te submerge. Les Etats-Unis, les routes de la Nouvelle-Angleterre, l'été indien, ses cheveux blonds frisés, son sourire, "The way we were, the way we met, the way I lit your cigarette", la voiture de location, ces petites chambres d'hôte trouvées par hasard, face à l'océan avec ses rocking-chairs sous la véranda où tu étais allé t'asseoir avec elle en pleine nuit, après avoir fait l'amour, pour regarder la lune et les étoiles. Cette plage du sud de la France, près de chez elle, où vous alliez regarder le soleil se coucher en écoutant ce disque. D'autres souvenirs aussi, attachés à Holes et à cette petite bibliothécaire aux yeux bleus (et le bleu te fait rêver...) qui a bouleversé ton existence sans le savoir.
Par moments, tu as l'impression que ta vie actuelle n'est faite que de souvenirs, des souvenirs qui deviennent de plus en plus lointains. Sans être capable d'en ajouter de nouveaux...

Kill Me Sarah | 21:35 |


Ego
Sexe : M / Age : 44
Profession : Aucun interet
Situation : Helplessly Hoping

14 jours à La Baule (Pdf)

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Dresden Dolls : Dresden Dolls
Andrew Bird : The Mysterious Production Of Eggs
The Arcade Fire : Funeral
Rufus Wainwright : Want two
Nirvana : When the lights out
Eels : Blinking lights and other revelations
Beck : Guero
I am Kloot : Gods and monsters
The Smiths : The world won't listen
Hood : Outside closer
V.a : Golden apples of the sun
Jude : Sarah
Antony and the Johnsons : I'm a bird now
Black heart procession : 2
Lou Reed - John Cale : Songs for Drella
Pinback : Summer in abadon
Blonde Redhead : Melody of certain damaged lemons
Joy Division : Closer
Otis Redding : The definitive Otis
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