Tu fonctionnes par rebonds. Ou par échos. Ce qui revient au même. C'est comme cela que tu avances. Par exemple sur ce disque de Caetano Veloso amené par Flop l'autre soir. Alors du coup tu écoutes à nouveau de la musique Brésilienne, Joao Gilberto en tête. Sur ce 45T de Gilbert O'Sullivan également, acheté d'occasion par David et aperçu à coté de sa platine. La seule vue de la pochette a réveillé en toi plein de souvenirs. Ce qui est assez étonnant car tu n'as jamais eu ce disque, la chanson ne suscite à priori rien de précis chez toi, juste le vague souvenir de la connaître. Et puis samedi, à la librairie Parallèles, "Alone again, Naturally", tu tombes sur un vinyl espagnol de Gilbert O'Sullivan ("24 grandes exitos" dit la pochette sommaire), un best-of. Alors tu rebondis et achètes le disque. Il n'y a pas de chemin tracé, tu vas où les rebonds te dirigent.
Cette foutue chanson te revient en mémoire si facilement... Tu te revois dans la voiture de tes parents, la seule musique qui entrait dans ta vie était celle diffusée par la radio invariablement collée sur Europe 1. Dans la voiture comme à la maison. Tes parents écoutaient très peu de disques. Et le peu qu'ils écoutaient... La musique ne t'intéressait pas particulièrement d'ailleurs. Pas encore. Pas à 11 ou 12 ans. "In a little while from now, If I'm not feeling any less sour, I promise myself to treat myself, And visit a nearby tower, And climbing to the top will throw myself off". Dans ta chambre il n'y avait pas de radio alors dès que tu écoutes cette chanson tu repenses à la voiture de tes parents. Etonnant. C'est la musique qui te reste, la mélodie est gravée en toi. Pas les paroles. Tu n'y comprenais rien à l'époque. "To think that only yesterday, I was cheerful, bright and gay, Looking forward to well wouldn't do, The role I was about to play". Forcément aujourd'hui elles t'interpellent.
Tu as laissé ce dimanche se dérouler tranquillement, sans courage, "Alone again, naturally". Tu as essayé de jouer cette chanson à la guitare, elle est dans une tonalité pénible, pleine d'accords diminués, de 9ème etc, tu as laissé tomber. Un dimanche sans courage. Tu voulais aller marcher sur les quais de seine, faire le tour des bouquinistes, "Alone again, naturally". Tu n'as rien fait, prétextant le froid ou tu ne sais quoi. Alors elle essaye de te convaincre que tout est possible, que tout peut arriver n'importe quand. Elle a des arguments. Rien à dire. C'est juste la sensation de ne plus y croire. "Alone again, naturally".
Dresden Dolls : Dresden Dolls
Andrew Bird : The Mysterious Production Of Eggs
The Arcade Fire : Funeral
Rufus Wainwright : Want two
Nirvana : When the lights out
Eels : Blinking lights and other revelations
Beck : Guero
I am Kloot : Gods and monsters
The Smiths : The world won't listen
Hood : Outside closer
V.a : Golden apples of the sun
Jude : Sarah
Antony and the Johnsons : I'm a bird now
Black heart procession : 2
Lou Reed - John Cale : Songs for Drella
Pinback : Summer in abadon
Blonde Redhead : Melody of certain damaged lemons
Joy Division : Closer
Otis Redding : The definitive Otis