Nouveau programme sur la KMS Radio-Blog. Une programmation complètement différente sans cohésion particulière qui offre un voyage dans le temps de 1966 à 2002, traversant les 60', 70', 80', 90' et 00' (on dit comment là???) et plein de groupes en "The" (non ne partez pas...). Comme d'habitude, la liste des chansons se trouve à coté de la radio. Bonne écoute.
Au passage, pas de Yaccs avant mardi ou mercredi, donc pas de commentaires d'ici là...
Addenda lundi 01 Sept : Tu te rends compte que les commentaires te manquent, que ceux-ci sont une manière d'établir un dialogue, un échange. Du coup tu te sens un peu isolé... étrange...
Un besoin de bouger ton corps. Qui te travaille depuis déjà quelques jours. Envie de savoir s'il peut encore remuer, s'il n'est pas en train de s'éteindre, comme trop de choses. Histoire aussi de l'écouter. Faire taire ton esprit en faisant crier ton corps. Ou bien n'est-ce encore qu'une illusion...
"Two o'clock You're all alone Starting from across the room...
CARNAVAL DES VANITES N° 5 (... to one, baby, One in five, No one here gets out alive)
Rappelons brièvement le principe initié par Pointblog : toutes les semaines, un nouveau blogueur propose quelques liens vers la blogosphère. Et donc cette semaine, c'est toi qui t'y colle :
Babils : "Ca continue avec cette réunion, où tu regardes les autres, tu les regardes simplement, comme si tu participais à un film muet, que tu trouves même un peu burlesque. Tu n'écoutes rien, c'est un film muet, il n'y a rien à écouter". Lire également tous les posts de cette semaine.
Ether Diary : Déjà signalé à droite à gauche, mais à visiter absolument pour la beauté et l'étrangeté de ses photos. Un grand artiste.
Journal/Non-journal : Pour ses petits billets illustrés, pour le rythme de ses mots.
Ahosera : "J' ai pas sommeil. Je veux pas créer. Pas écrire. Mourir juste, que tu me perces le coeur avec le bout du doigt.". Jeter également un oeil sur le reste du blogue.
Journal intime d'Elle N.H : "Et puis un matin très tôt, les mains refermées sur la tasse, comme un rêve glacé, je goûte la ville se faire de brumes..."07 août. "Bien sûr je me souviens..."10 août.
Blog d'os : "Je pense à Prévert et au ventre de Paris, j'arrive." (post du 28 août, pas de permaliens).
Voilà, bonne promenade au milieu de tous ces liens, de tous ces mots.
(Cela semble être devenu une tradition, la personne désirant reprendre le flambeau pour la semaine prochaine est censée se manifester dans les commentaires).
Et c'est donc Be-rewt qui prend la suite pour vendredi prochain.
La nuit dernière, tu as rêvé d'automne. De nuages gris foncés chargés de pluie. De feuilles mortes dans des flaques d'eau. D'arbres dénudés. De chemins de terre recouverts de feuilles jaunies. De vent froid et humide. D'une forêt noyée dans le brouillard. D'un silence pesant. Il n'y avait personne. Un rêve triste et solitaire. A ton réveil, tu t'attendais presque à trouver des feuilles mortes dans ton lit. A moins que cela ne soit ce que tu es en train de devenir, une feuille morte qui oscille sur sa branche, prête à tomber…
"[…]'Neath the cover of October skies And all the leaves on the trees are falling To the sound of the breezes that blow And I'm trying to please to the calling Of your heart-strings that play soft and low You know the night's magic Seems to whisper and hush And all the soft moonlight Seems to shine in your blush...
Can I just have one more moondance with you, my love?" Van Morrison : Moondance
Hier soir, tu lisais Chien blanc de Romain Gary. Pas vraiment un type de gauche. Et pourtant dans ce livre, édité en 1970, dont une partie se déroule durant les émeutes ayant suivi l'assassinat de Martin Luther King Jr, en relation avec ces évènements, il écrit ces mots plus que justes et qui devraient faire réfléchir. Qui devraient faire réfléchir...
"J'appelle "société de provocation" toute société d'abondance et en expansion économique qui se livre à l'exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse à la consommation et à la possession par la publicité, les vitrines de luxe, les étalages alléchants, tout en laissant en marge une fraction importante de la population qu'elle provoque à l'assouvissement de ses besoins réels ou artificiellement créés, en même temps qu'elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appétit. Comment peut-on s'étonner, lorsqu'un jeune Noir du ghetto, cerné de Cadillac et de magasins de luxe, bombardé à la radio et à la télévision par une publicité frénétique qui le conditionne à sentir qu'il ne peut pas se passer de ce qu'elle lui propose, depuis le dernier modèle annuel " obligatoire " sorti par la General Motors ou Westinghouse, les vêtements, les appareils de bonheur visuels et auditifs, ainsi que les cent mille autres réincarnations saisonnières de gadgets dont vous ne pouvez vous passer à moins d'être un plouc, comment s'étonner, dites-le-moi, si ce jeune finit par se ruer à la
première occasion sur les étalages béants derrière les vitrines brisées? Sur un plan plus général, la débauche de prospérité de l'Amérique blanche finit par agir sur les masses sous-développées mais informées du tiers monde comme cette vitrine d'un magasin de luxe de la Cinquième Avenue sur un jeune chômeur de Harlem.
J'appelle donc "société de provocation" une société qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu'elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l'exhibitionnisme du train de vie, par la sommation à acheter et la psychose de la possession, et les moyens qu'elle donne aux masses intérieures ou extérieures de satisfaire non seulement les besoins artificiellement créés, mais encore et surtout les besoins les plus élémentaires.
Cette provocation est un phénomène nouveau par les proportions qu'il a prises : il équivaut à un appel au viol."
Quelques fois, se perdre dans les mots des autres, au hasard, comme dans un labyrinthe, c'est ouvrir la porte au rêve. Au fil de mes lectures est un bel endroit pour trouver cette porte.
"C'est peu de chose les mots - on ne sait jamais même si l'autre les entend " Jean Anouilh
Drôles de sentiments depuis quelques jours. Peut être l'impression que des rêves se désagrègent doucement. Quelque chose de difficilement définissable. Mais quelque chose de présent, de trop présent. Besoin et envie d'autre chose en tout cas. Et comme tu n'as pas les mots, deux chansons de plus sur la radio. Un peu d'utopie (et tu aimes l'utopie) avec George Harrison et Give me love, et un peu de rêve, de beauté, de calme, avec Low et (That's How You Sing) Amazing Grace. A écouter fort.
"Give me love Give me love Give me peace on earth Give me light Give me life Keep me free from birth Give me hope Help me cope, with this heavy load Trying to, touch and reach you with, heart and soul"
[...]I have a dream that one day the state of Alabama, whose governor's lips are presently dripping with the words of interposition and nullification, will be transformed into a situation where little black boys and black girls will be able to join hands with little white boys and white girls and walk together as sisters and brothers.
I have a dream today. I have a dream that one day every valley shall be exalted, every hill and mountain shall be made low, the rough places will be made plain, and the crooked places will be made straight, and the glory of the Lord shall be revealed, and all flesh shall see it together. This is our hope. This is the faith with which I return to the South. With this faith we will be able to hew out of the mountain of despair a stone of hope.
With this faith we will be able to transform the jangling discords of our nation into a beautiful symphony of brotherhood. With this faith we will be able to work together, to pray together, to struggle together, to go to jail together, to stand up for freedom together, knowing that we will be free one day.
[...]When we let freedom ring, when we let it ring from every village and every hamlet, from every state and every city, we will be able to speed up that day when all of God's children, black men and white men, Jews and Gentiles, Protestants and Catholics, will be able to join hands and sing in the words of the old Negro spiritual, "Free at last! free at last! thank God Almighty, we are free at last!" Martin Luther King Jr
Jeudi, le 28 août, cela fera 40 ans que Martin Luther King Jr aura prononcé ces mots clôturant la Marche sur Washington, devant le Lincoln Memorial. Cinq ans plus tard, le 4 avril 1968 il était assassiné à Memphis, Tennessee. Il y a 40 ans, aux Etats-Unis, il y avait des rêves qui tuaient. Il est surtout des rêves que l'on ne doit jamais oublier.
"Well Martin's dream has become Rodney's worst nightmare. Can't walk the streets, to them we are fair game, our lives don't mean a thing.
Like a King, like a King, like a King. Rodney King, Rodney King, Rodney King. Like a king, like a King, like a King. How I wish you could help us Dr. King." Ben Harper : Like a King
Screen potes est une idée de Marylène, et est constitué uniquement de photos : "je voudrais bien voir d'où vous écrivez, d'où vous lisez...". Donc pour voir ton bordel bureau, c'est ici.
Pas de pot pour la paume, pas de peau à palper. Des mains en manque. Un besoin de sentir sous tes doigts, des bras, des épaules dénudées, une peau douce. Cela fait plusieurs matins que tu te réveilles avec ces images. Tellement présentes que tu en ressens presque les sensations. Tu sens le picotement au creux de tes mains. Mais elles n'étreignent que du vide. C'est triste des mains qui deviennent orphelines...
"Touch without touch Feel without feel And we both really hoping This just isn't real" The Delgados : Favours
Tu aurais du enregistrer Raffarin durant sa déclaration d'ouverture des championnats du monde d'athlétisme cet après-midi au stade de france plutôt que de prendre des photos. Les sifflets qui l'ont accueilli avaient quelque chose de mélodieux...
Mise en place des chansons de ta compil de l'été, Take me to the river (que certains privilégiés ont déjà pu écouter), mélange hétéroclite de pas mal de gens dont tu as déjà plus ou moins parlé ici. La liste des chansons se trouve à coté de la radio.
En espérant que cela vous fasse découvrir de nouvelles choses. (Au fait, est-ce que cela fonctionne sous Mac?).
Bon, pour en finir avec ce top ten du matin qui suscite des commentaires, et pour compléter la liste deux posts plus bas :
- Belle & Sebastian : Expectations. (nouveau point de désaccord (voir commentaires deux posts plus bas) avec Mlle C. mais qui ne la surprendra pas, étant au fait de mes obsessions musicales (entre autres) :-) ). - The Smiths : This charming man et/ou Bigmouth strikes again. - The La's : There she goes - Neil Young : Out on the week-end - Et pour terminer, pour les matins de "rage", Iggy and the Stooges : Search and destroy (le mix d'Iggy Pop de préférence au mix original de Bowie mais c'est un autre débat).
Lassitude découragement ennui à quoi sert le travail la vie le temps l'amour éphémère pour n'en rien faire trop de solitude besoin ne pas savoir ce que l'on est marre du grand lit vide bureau encombré trop de choses besoin d'un peu de caresses bientôt
l'automne mauvais souvenir plus personne personne on n'oublie pas ses erreurs trop tard illusions trop de silence des mots comme des regards vers l'inconnu le temps trop vite tu es trop lent le temps t'écrase tu n'y crois plus l'angoisse
la peur aussi essayer de croire un peu en soi en moi en toi en quoi c'est si dur impression d'être déjà trop toujours trop toujours pas assez toujours trop toujours pas assez trop de rêves inutiles ne pas être à sa place incapable futilité émotions de substitution
compliqué perdu dans le passé faire une pause trop de marches à monter trop de rien et ce silence le soir trop de musique pour masquer ce silence idéaliste aux idéaux comme le paletot idéal il te manque un rayon de sourire Lassitude découragement ennui à quoi sert...
On oublie parfois les évidences... Tu évoquais l'autre jour le top ten des chansons du matin (qui a fait un émule). Assez bizarrement, tu as un peu de mal avec. En plus des deux chansons déjà citées, il faut ajouter Becoming more like Alfie de The Divine Comedy que l'on peut entendre sur la KMS Radio-blog. Mais tu as surtout oublié de choisir également une chanson d'Elliot Smith, la douceur de sa voix et de ses mélodies étant absolument parfaite pour le matin. Pour le soir aussi d'ailleurs, sa musique ayant la particularité de s'adapter à tous les moments de la journée ainsi qu'à tous les sentiments oscillants entre la joie et la tristesse. Donc histoire de compléter la liste, deux chansons d'Elliot Smith (qui vient de sortir un nouveau single aux U.S et un album devrait voir le jour prochainement) :
Top ten five des chansons du matin : Love : Maybe The People Would Be The Times or Between Clark and Hilldale Colin Blunstone : Caroline goodbye The Divine Comedy : Becoming more like Alfie Elliot Smith : Waltz #2 Elliot Smith : Alameda
C'est souvent mystérieux une porte fermée. Ca attire le regard, la curiosité. On voudrait savoir ce qu'il y a derrière. Ce que l'on va y trouver. Tant qu'elle est fermée on peut tout imaginer. La porte condamnée est encore plus énigmatique. De quoi a-t-on voulu se protéger, qu'a-t-on voulu cacher? Tu écris cela mais chez toi, les portes des pièces sont toujours ouvertes (euh non, pas les toilettes, exception qui confirme...), bien souvent les portes coulissantes des placards muraux également. Hum... si un jour un psy se penche sur cette page tu es probablement bon pour l'internement ou la psychanalyse à vie...
"I am the key to the lock in your house That keeps your toys in the basement And if you get too far inside You'll only see my reflection
It's always best when the light is off I am the pick in the ice Do not cry out or hit the alarm You know we're friends till we die
And either way you turn I'll be there Open up your skull I'll be there Climbing up the walls" Radiohead : Climbing up the walls
Tu es allé te promener dans les rues de ta ville qui ressemble à un village de campagne en ce dimanche aux rues désertes. Tu as pris les sentiers de terre qui serpentent derrière les maisons sur les coteaux.
Tu as cheminé le long de ces murs de pierres qui semblent anachroniques si proches de Paris. Parfois, au travers des arbres, tu aperçois Paris, la tour Montparnasse, la tour Eiffel, noyés dans le nuage de pollution qui enveloppe la capitale.
Tu marchais en songeant à la vacuité de ce monde. Le ciel gris, les herbes folles qui grimpent le long de ces murs, le bruit du crissement de tes pas sur la terre desséchée des chemins, tout te renvoyait ton ennui. Comme bien souvent, tu as l'impression de n'être qu'un spectateur engoncé dans sa rêverie.
"Sometimes I Fantasize When the streets are cold and lonely And the cars they burn below me Don't these times Fill your eyes When the streets are cold and lonely And the cars they burn below me Are you all alone Are you made of stone" The Stone Roses : Made of stone
Tu n'arrêtes plus avec ta radio, mais ces chansons remplacent avantageusement tes mots. Et puis ce soir, tu avais envie de mettre cette chanson, la reprise du Soldier's things de Tom Waits par Hederos & Hellberg. Parce que probablement cette musique colle parfaitement avec l'ambiance de ce samedi soir... avec ces deux musiciens qui semblent avoir été oubliés dans l'arrière salle enfumée d'un café déserté par tous ses clients, à l'exception d'un dernier, effondré sur sa table devant son verre vide, avec cette musique mélancolique qui lui tirerait presque des larmes...
Elle circulait entre les rayons des livres, ses cheveux blonds ondulant sur son dos denudé par sa petite robe noire échancrée. Elle a feuilleté un Nothomb (mauvais point), l'a reposé (bon point), puis est passée de l'autre coté du rayon. Elle se mit à lire la quatrième de couverture d'Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil d'Haruki Murakami. Ton coeur s'est mis à battre un peu plus fort. Tu l'avais à la main ce livre. Tu te tenais pas très loin d'elle, devant le rayon suivant. Tu la regardais, espérant croiser son regard. Elle a reposé le livre et s'est éloignée d'un pas rapide vers la sortie. Sans un regard. Tu es resté quelques instants dans le rayon, l'esprit perdu dans tes pensées, avec l'impression de construire les murs de ta propre prison, dans l'espoir secret que quelqu'un viendra les briser. Vaine illusion. Tu t'es dirigé vers la caisse avec ton livre...
"So the life I have made May seem wrong to you But, I've never been surer It's my life to ruin My own way" Morrissey : Alma Matters
"Je serais plutôt top ten des chansons du lundi matin, ou des chansons qui mettent de bonne humeur..." t'écrivait C. hier soir au sujet des chansons à écouter dans le noir. En fait au même moment tu écoutais le One Year de Colin Blunstone. Et justement sur cet album il y a une chanson du matin pour toi. Pas obligatoirement pour un lundi matin mais peu importe. Caroline Goodbye. La musique t'évoque une rue encore déserte dans la fraicheur du petit matin justement, avec le soleil qui se lève annonciateur d'une belle journée. Elle est étonnante cette chanson, parce qu'il dit au revoir à Caroline et qu'il n'y a probablement pas de quoi se réjouir, "I should have seen it sooner... Your love is ending, Caroline goodbye". Mais le chant de Colin Blunstone est léger, sans regret ni rancoeur. Il lui dit au revoir et il est content. On sent qu'il ne s'accrochera pas. C'était bien, maintenant il marche vers d'autres horizons. Un modèle pour toi. Mais ta chanson du matin est incontestablement l'incontournable Maybe The People Would Be The Times or Between Clark and Hilldale sur l'album Forever changes de Love avec sa guitare acoustique insistante, le tempo up-beat, et ses fantastiques trompettes qui explosent à tout moment et poussent en avant. Une musique qui donne l'irrésistible envie de relever la tête et d'arpenter les rues d'un pas décidé, le sourire aux lèvres. Bref tout ça pour dire que ça fait deux chansons de plus sur la KMS Radio-Blog.
Mise en service de la KMS RADIO-BLOG (sur une page à part pour le moment, peut être intégrée ici à droite ensuite). Les chansons seront changées tous les "on verra bien".
Tu en as profité pour mettre un extrait des excellentes compilations de Manur et Chryde. Mais tout est expliqué à coté de la radio. Bonne écoute.
Addendum de 17h55 : Etant donné que ça fonctionne, quelques chanson supplémentaires viennent augmenter la track-list de la radio.
tu parlais d'Ulysse de James Joyce l'autre jour ce texte était déjà en toi bien avant de lire cet été il était en toi parce que tu en connaissais la fin oui ce fameux 18ème épisode qui ne contient que 8 phrases oui 8 phrases et 78 pages dans l'édition Folio française il était en toi parce que M. te l'avais envoyé cette fin il y a presque quatre ans et qu'elle t'avait fait traverser les océans et puis d'en parler hier soir c'était l'été de l'éclipse où ta vie basculait sur cette passerelle au dessus de la Marne où tu regardais la lune masquer le soleil et l'eau s'endormir comme par magie il ne t'a pas quitté tu l'as lu cet été et tu as retrouvé cette fin éblouissante oui Ulysses parce qu'il perd son "s" en français ces mots comme une lente montée oui du plaisir tendant vers cette apothéose luxuriante alors aujourd'hui oui tu le mets ici parce que ce texte a une vibration magique oui et cette chaleur du soleil de cet été caniculaire tu le mets en anglais aussi parce qu'il est oui plus concis dans cette langue mais même oui en français ces mots résonnent oui à l'infini chargés de magie et de folie oui aussi parce que tu as envie oui encore que l'on oui te dise Oui.
[...] the sun shines for you he said the day we were lying among the rhododendrons on Howth head in the grey tweed suit and his straw hat the day I got him to propose to me yes first I gave him the bit of seedcake out of my mouth and it was leap year like now yes 16 years ago my God after that long kiss I near lost my breath yes he said I was a flower of the mountain yes so we are flowers all a woman's body yes that was one true thing he said in his life and the sun shines for you today yes that was why I liked him because I saw he understood or felt what a woman is and I knew I could always get round him and I gave him all the pleasure I could leading him on till he asked me to say yes and I wouldn't answer first only looked out over the sea and the sky I was thinking of so many things he didn't know of Mulvey and Mr Stanhope and Hester and father and old captain Groves and the sailors playing all birds fly and I say stoop and washing up dishes they called it on the pier and the sentry in front of the governors house with the thing round his white helmet poor devil half roasted and the Spanish girls laughing in their shawls and their tall combs and the auctions in the morning the Greeks and the Jews and the Arabs and the devil knows who else from all the ends of Europe and Duke street and the fowl market all clucking outside Larby Sharans and the poor donkeys slipping half asleep and the vague fellows in the cloaks asleep in the shade on the steps and the big wheels of the carts of the bulls and the old castle thousands of years old yes and those handsome Moors all in white and turbans like kings asking you to sit down in their little bit of a shop and Ronda with the old windows of the posadas glancing eyes a lattice hid for her lover to kiss the iron and the wine shops half open at night and the castanets and the night we missed the boat at Algesiras the watchman going about serene with his lamp and O that awful deep down torrent O and the sea the sea crimson sometimes like fire and the glorious sunsets and the fig trees in the Alameda gardens yes and all the queer little streets and pink and blue and yellow houses and the rose gardens and the jessamine and geraniums and cactuses and Gibraltar as a girl where I was a Flower of the mountain yes when I put the rose in my hair like the Andalusian girls used or shall I wear a red yes and how he kissed me under the Moorish wall and I thought well as well him as another and then I asked him with my eyes to ask again yes and then he asked me would I yes to say yes my mountain flower and first I put my arms around him yes and drew him down to me so he could feel my breasts all perfume yes and his heart was going like mad and yes I said yes I will Yes.
[...] c'est pour vous que le soleil brille comme il me disait le jour où nous étions couchés dans les rhododendrons à la pointe de Howth avec son complet de tweed gris et son chapeau de paille le jour que je l'ai amené à me parler mariage oui d'abord je lui ai passé le morceau de gâteau au cumin que j'avais dans la bouche et c'était une année bissextile comme cette fois-ci oui il y a 16 ans de ça mon Dieu après ce long baiser j'en avais presque perdu le souffle oui il a dit que j'étais une fleur de la montagne oui c'est bien ça que nous sommes des fleurs tout le corps d'une femme oui pour une seule fois il a dit quelque chose de vrai et c'est pour vous que le soleil brille aujourd'hui oui c'est pour ça qu'il m'a plu parce que je voyais qu'il comprenait ou qu'il sentait ce que c'est qu'une femme et je savais que je pourrais toujours en faire ce que je voudrais et je lui ai donné tout le plaisir que j'ai pour l'amener à me demander de dire oui et d'abord je ne voulais pas réondre je ne faisais que regarder la mer et le ciel je pensais à tant de choses qu'il ne savait pas à Mulvey et M. Stanhope et Hester et à père et au vieux capitaine Groves et aux marins qui jouaient à pigeon-vole et à saute-mouton et à pète-en-gueule comme ils l'appelaient sur la jetée et la sentinelle devant la maison du gouverneur avec la machine autour de son casque blanc pauvre bougre à moitié grillé et les petites Espagnoles qui riaient avec leurs châles et leurs grands peignes et la criée le matin les Grecs et les Juifs et les Arabes et dieu sait qui encore des gens de tous les bouts de l'Europe et Duke Street et le marché à la volaille tout gloussant devant chez Larby Sharon et les pauvres bourricots qui trébuchaient à moitié endormis et les types vagues dans leurs manteaux qui formaient sur les marches à l'ombre et les grandes roues des chariots pour les taureaux et le vieux château vieux de centaines de siècles oui et ces beaux Arabes tout en blanc avec des turbans qui sont comme des rois qui vous demandent de vous asseoir dans leur petite boutique de rien et Ronda et les vieilles fenêtres des posadas de deux yeux de feu derrière le treillage pour que son amoureux embrasse les barreaux et les cafés entrouverts la nuit et les castagnettes et la nuit que nous avons manqué le bateau à Algésiras le veilleur qui faisait sa ronde serein avec sa lanterne et O cet effrayant torrent tout au fond O et la mer la mer écarlate quelquefois comme du feu et les glorieux couchers de soleil et les figuiers dans les jardins de l'Alameda et toutes les ruelles bizarres et les maisons roses et bleues et jaunes et les roseraies et les jasmins et les géraniums et les cactus de Gibraltar quand j'étais jeune fille et une Fleur de la montagne oui quand j'ai mis la rose dans mes cheveux comme les filles Andalouses ou en mettrai-je une rouge oui et comme il m'a embrassée sous le mur mauresque je me suis dit après tout aussi bien lui qu'un autre et alors je lui ai demandé avec les yeux de demander encore oui et alors il m'a demandé si je voulais oui dire oui ma fleur de la montagne et d'abord je lui ai mis mes bras autour de lui oui et je l'ai attiré sur moi pour qu'il sente mes seins tout parfumés oui et son coeur battait comme fou et oui j'ai dit oui je veux bien Oui.
Vu chez Usound, une idée intéressante : Le top ten des chansons à écouter dans le noir. Tu ne peux résister à donner ta propre liste (sans hiérarchie aucune). En fait tu aurais pu en citer 50 sans problème, pas évident de n'en sélectionner que 10. Enfin aujourd'hui, ce sont celles-ci :
Difficile de s'endormir hier soir. La chaleur. Mais pas seulement. Pas du tout en fait. Tu as laissé vagabonder ton esprit. Il a ouvert la porte à quelques vieux démons qui en ont profité pour s'engouffrer dans l'ouverture avec fracas. Tu les pensais disparus, ou définitivement endormis. Mais depuis hier soir ils semblent voleter autour de toi. Tu bats mentalement des bras pour les chasser loin de ta pensée. Le "ron-ron" des pales du ventilateur du bureau a un coté hypnotique qui accroît la torpeur ambiante. Tu voudrais fuir, partir, mais tu n'en as pas le courage…
"With your feet on the air and your head on the ground Try this trick and spin it, yeah Your head will collapse if there's nothing in it And you'll ask yourself
"[...] muffles and suffocating chords were drifting up on hot waves of air" F.Scott Fitzgerald : The great Gatsby
The black light de Calexico rampe dans la pénombre de la pièce aux volets fermés. On dirait le sud, ou presque. La paresse exsude par tous les pores de la peau. La montagne te manque. D'un seul coup. Subitement. Pour masquer ton horizon vide, pour sa beauté, pour sa hauteur, pour sa fraîcheur à la nuit tombée. Pour le sentiment de se sentir "à la maison" lorsque tu es en altitude. Est-ce l'atavisme qui saute une ou deux générations et qui se réveille de façon impromptue? Ou le moblogue de Chryde. Puis des souvenirs, enfouis très loin, dans l'enfance, qui remontent. Tu as envie de revoir le Salève où tu as passé des semaines et des semaines étant enfant. Envie de redécouvrir au détour d'un sentier, la vue dominante sur le Lac Léman, Annemasse et la Suisse. Et puis, aller sur les rives du lac, à Yvoire dont les murs médiévaux sont restés dans ta mémoire. Tourner le dos au lac, regarder la montagne majestueuse. Se plonger dans ses eaux fraîches. En attendant, tu te plonges dans ces magnifiques photos.
8 août 2034. La paroi digitale du mur de ta chambre s'allume à 5h00 comme prévu dans la charte du bon citoyen civique. Les images du journal impérial illuminent ta chambre. Tu te plies aux contraintes légales. Tu te lèves et va dans ta salle de bain pour tes ablutions matinales obligatoires. Depuis que l'eau douce vient à manquer, la douche est interdite, on utilise nos propres mictions recyclées. Cela laisse une sale odeur sur la peau, alors tu fais semblant de t'en asperger, satisfaisant ainsi aux critères de la caméra de surveillance de ton commissaire hygieno-politique. Et peu importe l'hygiène, de toute manière tu ne sors plus de chez toi. Le robot alimentaire a déjà préparé ton petit-déjeuner à base d'algues séchées. L'écran multifonction dans le salon relaie la propagande gouvernementale. Une hôtesse en déshabillé de latex vante les mérites du gouvernement de l'empereur Sarkozy 1er. Depuis que celui-ci s'est auto-proclamé empereur en 2011, profitant de la loi martiale décrétée à la suite de l'attentat raté contre sa personne par José Bové, qui aura vu notre martyr exploser avec sa bombe artisanale fabriquée à l'aide de maïs biologique fermenté, bien des choses ont changé. Tu branches sans y penser tes senseurs neuro-biologiques, prêt pour ton inspection mentale quotidienne.
Depuis trois ans tu as appris à masquer tes pensées. Le digitalo-encephalo-criminologramme reste plat. Le commissariat à la propagande connecte automatiquement ton senseur neuro-télévisuel sur le canal de réjouissance des réussites gouvernementales. Tu es censé absorber les informations et réagir au stimulus en temps voulu. Tu sais maintenant applaudir, pleurer aux actions de l'empereur Sarkozy 1er sans avoir besoin d'y penser. C'est devenu chez toi aussi automatique que de respirer. Tu sais aussi huer les exactions de la fange réactionnaire retranchée sur le plateau du Larzac. Mais tu sais laisser ton esprit s'évader sans que le surveillant politique ne s'en rende compte. Tu as appris à scinder le fonctionnement de ton cerveau. La partie droite renvoie aux senseurs les informations faisant de toi un citoyen modèle ayant acquis le privilège de ne plus travailler que 70h par semaine en tant qu'énergiseur-humain. Ton hémisphère gauche, lui, continue de s'évader (tu as toujours penché à gauche, c'était naturel que ce soit lui qui te permette de t'en sortir). Tu n'en es pas peu fier. Tu sais que tu vas mourir dans moins de deux ans, vidé de ton énergie, mais peu importe, maintenant que les tentatives de suicide sont punies de la torture à perpétuité, c'est le seul moyen de quitter rapidement ce monde carcéral. Depuis que l'âge de la retraite a été porté à 87 ans, c'est un immense privilège. Mais ce matin ton esprit s'évade. Tu te souviens de ce 08 août 2003. Du temps où le monde était libre. Tu te souviens que tu te demandais si tu n'allais pas aller quelques jours en Finlande. Tu réprimes avec difficulté la larme qui te vient à l'oeil en pensant à ce pays englouti sous les eaux du grand dégel de 2029. Les terres habitables ont perdu cette année là un tiers de leur surface.
Mais en 2003 on était loin de tout cela. Tu te souviens que tu avais pris un jour de RTT. Rien que le mot sonne comme une fête à tes oreilles, maintenant que la durée moyenne du travail est de 90h par semaine. Depuis que le réseau altermond.net a voulu prendre le pouvoir, tous les ordinateurs sont la propriété de l'empire et aucun citoyen n'a le droit d'en posséder. Tu souris intérieurement parce que s'ils savaient que tu as réussi à cacher et à faire refonctionner ton PC de 2003. A l'époque personne n'aurait imaginé que grâce à saint Bill Gates, la résistance pourrait s'organiser. Son système d'exploitation de l'époque étant tellement peu puissant et buggé que les mêmes les hertzo-mouchards ne peuvent les détecter, n'imaginant même pas que l'on puisse communiquer avec de telles machines pré-historiques. Cela te permet de prendre des nouvelles des cyber-rebelles. Sur l'écran mural, Sarko 1er répète sa bonne parole quotidienne. "Connard" penses-tu intérieurement avec ton hémisphère gauche, en jubilant secrètement de tromper les capteurs politico-correctifs. Le 08 août 2003... C'est incroyable comme certains souvenirs sont restés présents dans ta mémoire que tu caches aux détecteurs mnémonico-effaceurs depuis plusieurs années. Tu te souviens de ce matin là. Tu avais pris ton scooter pour aller à Paris. Tu peux presque encore sentir la chaleur de cet été caniculaire sur ta peau. Maintenant que nous ne pouvons nous éloigner d'un rayon de 3000 Chiracs de notre lieu d'habitation cela semble un voyage hors de la galaxie (un Chirac étant égal à la longueur du bras tendu pour serrer les mains de l'ancien président dictateur élu en 2002 avec plus de 80% des voix et qui est resté dans l'histoire pour avoir fait gravir à Nicolas Sarkozy les marches du pouvoir en 2007). Tu te souviens t'être rendu sur le boulevard St Michel à Paris, dans un magasin appelé Gibert-Joseph pour y faire l'acquisition de galettes musicales qu'on appelait CD. Maintenant que la musique libre est interdite et que seul Johnny Hallyday est diffusé sur les canaux officiels, après que les disques aient été détruits lors du grand autodafé de 2019, le terme de musique est rayé de ton dictionnaire.
Or, en ce fameux 08 août 2003, tu avais fait l'acquisition de la réédition d'un album de Neil Young. On the beach. Tu t'en souviens encore et cette pensée fait presque naître une érection chez toi, vite réprimée. Depuis que le désir sexuel est puni de 5 ans de redressement civique consistant à un visionnage des émissions du gourou médiatique Jean-Pierre Pernod ayant propulsé Sarko sur son trône, plus personne ne se hasarde à la moindre érection. Tu revois encore cette pochette, où Neil Young, sur la plage de Miami, regarde la mer en tournant le dos à l'objectif, les mains dans les poches, avec ses longs cheveux noirs flottant sur sa veste jaune vif. Tu te souviens que tu avais attendu ce moment depuis longtemps, ce disque n'ayant encore jamais été réédité en CD. Cet album avait souvent bercé tes journées d'adolescent solitaire. Tu te souviens des après-midi passées à ta fenêtre à regarder la centrale électrique de Vitry, avec ses deux cheminées crachant leurs fumerolles de vapeur. Tu ne savais pas que soixante ans plus tard tu remplacerais en partie cette centrale. Tu te souviens de ta joie en rentrant lorsque tu as posé ce disque sur ta platine. Le banjo et la tension de For the turnstiles, les guitares grasses de Vampire blues, le piano électrique de See the sky about to rain, le violon et les paroles d'Ambulance blues, la déprime d'On the beach raisonnaient à tes oreilles. Tu peux presque les entendre encore. Mais la chanson qui est restée la plus présente en toi c'est Revolution blues. Cette chanson qui parle de Charles Manson, ce tueur psychopathe qui avait massacré plusieurs personnes après avoir entendu un soi-disant message secret, caché dans les tréfonds des chansons des Beatles sur leur album double blanc. Tu ne savais pas à ce moment là que Revolution blues deviendrait l'hymne officiel des rebelles alter-mondialistes. Il t'en reste une version sur ton ordinateur, dans ce ridicule format Mp3. Mais ton lecteur Winamp peut encore le lire. Lorsque tu es au travail, connecté à la machine d'extraction d'énergie. Oui, parce qu'il faut vous dire que maintenant, l'énergie électrique est fournie par les corps humains. Ce sont les prisonniers normalement qui sont dévolus à cette tâche, mais un programme de volontariat avait été lancé il y a deux ans auprès des personnes âgées. Tu t'es porté volontaire pour en finir rapidement. Tu restes connecté 10h00 par jour. 10h00 par jour à se vider de son énergie vitale pour alimenter les projets pharaoniques de l'empereur et son réseau de télé-surveillance cérébrale. Le seul problème qui n'a jamais réussi à être réglé par les ingénieurs est le bruit de l'extracteur énergico-neuronal. Mais tu appris à l'ignorer et il te permet de masquer le chant de Neil Young sur Revolution blues. Il est 5h057, tu vas devoir te connecter pour laisser ton corps fournir de l'énergie. Ce matin, comme en 2003, tu vas mettre Revolution blues, ton hémisphère gauche hurlera silencieusement ces paroles que tu connais par coeur depuis si longtemps. Et dans tous les endroits où la rébellion est présente, tu sais que tous, oui tous, hurleront intérieurement ces mots en rêvant à la libération prochaine. Et comme tous les matins, tu sauras que tu auras eu raison à l'époque de faire l'apologie de cette musique sur cette page que l'on appelait blog. Tous les rebelles connectés sur cet archaïque réseau qu'est le net (qu'ils ont réussi à remettre en route sans être découverts), vibreront sur ces mots, derniers espoirs d'une population réduite à l'esclavage :
"I got the revolution blues, I see bloody fountains, And ten million dune buggies comin' down the mountains. Well, I hear that Laurel Canyon is full of famous stars, But I hate them worse than lepers and I'll kill them in their cars."
Mais il est temps pour toi de te connecter, le voyant rouge d'alerte te rappelle à l'ordre. Demain, demain camarades, nous chanterons encore le Revolution blues, et demain nous rêverons encore de renverser le tyran pour mettre fin à ce cauchemar. Oui, demain camarades.
Adolescent on a des idéaux, des rêves, puis ceux ci semblent s'évaporer, nous délaisser à mesure que l'on rentre dans le soi-disant monde adulte. Ca n'a pas aidé non plus d'avoir eu 20 ans dans les années 80. Puis plus tard, ils reviennent nous hanter. Alors on s'y accroche sans trop savoir si c'est parce que l'on veut y croire encore ou parce que leur parfum nostalgique nous rappelle une insouciance que l'on n'a pas su savourer à sa vraie valeur. Ou parce que l'on ne veut pas vieillir. Tout simplement. Tristement. Mais que peut-on contre le temps inéluctable. Pendant quelques années on se fond dans un moule social habituel, classique. Et puis à un moment on se rend compte que celui-ci ne convient pas. Alors le moule craque, on essaye de sortir de la gangue de torpeur dans laquelle on s'était endormi. A ce moment là on trouve que l'on a perdu son temps, qu'on a gâché beaucoup de choses. Parce que l'on se demande si l'on aura encore le courage, encore assez de temps pour faire quelque chose. Mais as-t-on encore la force d'atteindre ses rêves, ses désirs. Quels sont-ils réellement d'ailleurs. Sait-on vraiment ce que l'on veut. On se construit des châteaux en Espagne, on se bat contre des moulins, contre soi surtout. Au fond de soi, on est, TU es, un insatisfait chronique. Tu veux tout et son contraire. Tout ce que l'on veut en fin de compte, c'est un peu d'amour, un peu de tendresse, un peu d'échange. C'est peut être ça le seul idéal… Tu racontes n'importe quoi ce matin, tu t'assèches, tu te taris, tu digresses dans le vide sur du vide, tu te noies dans l'insignifiant, tu sombres dans l'inconsistance. Ou bien est-ce la lassitude qui devient trop pesante? Peu importe finalement...
" Oh, please help me, oh please help me, I'm livin' by myself. I need someone to comfort me, I need someone to tell.
Ce soir, tu n'en sors pas. De Talking heads. Pour tout un tas de raisons. Après Talking Heads : 77, c'est More songs about buildings and food. Sur cet album il y a la merveilleuse reprise d'une chanson d'Al Green. Vu la chaleur de plus en plus éprouvante, tu voudrais bien qu'elle t'emmène à la rivière toi aussi. Peut être pour d'autre raisons aussi... peut être bien...
"Hug me, squeeze me, love me, tease me Till I can't, till I can't, till I can't take no more of it Take me to the water, drop me in the river Push me in the water, drop me in the river Washing me down, washing me down
I don't know why I love you like I do All the troubles you put me through Sixteen candles there on my wall And here am I the biggest fool of them all" Talking Heads : Take me to the river
Trois Américains (youguysarestupid.com) ont décidé de traverser à pieds les Etats-Unis, de Chicago à San Francisco, reprenant la route de Dean Moriarty(Neil Cassady) et Sal Paradise(Jack Kerouac). Tu laisserais bien tout tomber pour aller marcher avec eux, sentir "ce pays brut rouler en bloc son étonnante panse géante jusqu'à la Côte Ouest et toute cette route qui y va, tous ces gens qui rêvent dans son immensité...". L'occasion en tout de cas de lire ou de relire pour la xième fois Sur la route.
"It was my dream that screwed up, the stupid hearthside idea that it would be wonderful to follow one great red line across America instead of trying various roads and routes.
[...]... I could feel the road some twenty inches beneath me, unfurling and flying and hissing at incredible speeds across the groaning continent with that mad Ahab at the wheel. When I closed my eyes all I could see was the road unwinding into me. When I opened them I saw flashing shadows of trees vibrating on the floor of the car. There was no escaping it. I resigned myself to all." Jack Kerouac : On the road
Une inconnue t'a écrit un mail qui t'a fait plaisir dimanche soir. Tu as répondu mais... pas de nouvelles depuis. Finalement, c'est bien aussi comme cela. Un petit instant éphémère. Un petit scintillement dans la nuit. Une étoile filante si rapide qu'on croit l'avoir imaginée.
Encore la chaleur ce soir. Les douces langueurs de la musique de Low ondulent dans le salon plongé dans l'obscurité. Quelques arpèges, des voix aériennes... La lenteur, la beauté de leur musique est un ravissement, une vague de plaisir comme un voile léger... Les yeux fermés, la tête dans les limbes de la rêverie, tu laisses le vent chaud flotter doucement sur toi, imaginant des sourires, des regards qui pétillent, des frôlements. Tout ce que tu souhaites en cette chaude soirée, tout ce qui te manque...
"That's not all Voices small Heed them either way they call
And the light, it burns your skin In a language you don't understand" Low : Two Steps
Au hasard, découverte de Corpus, un blog qui se lit comme un livre, un beau livre. Il y en a d'ailleurs plein dans sa liste, des beaux livres. Et puis comme cela tu n'es pas le seul à avoir lu Ulysse cet été.
Tu es dans le noir, uniquement éclairé par le halo de l'écran. Malgré les fenêtres ouvertes l'air a du mal à apporter un peu de fraîcheur. Quelques gouttes d'eau perlent encore sur tes épaules au sortir de la douche. Seule source de fraîcheur en cette chaude nuit d'été.
Sur la platine, Tindersticks. Leur deuxième album. La voix sensuelle de Stuart Staples s'élève dans la nuit. Une musique, une voix à faire tomber les étoiles à ses pieds. Une chanson qui donne des frissons malgré la chaleur.
Tu iras marcher un peu dans la nuit, dans le petit parc qui entoure ta résidence avant d'aller te coucher. Afin de sentir un peu la fraîcheur de la nuit. Avec cette mélodie dans la tête et les volutes des cordes langoureuses de l'orchestre tournoyant autour de toi. Avec peut être l'espoir vain qu'une étoile vienne se poser à tes pieds.
"She's been going round her business as usual Always with that melancholic smile But you were too busy looking into your affairs To see those tiny tears in her eyes
Tiny tears make up an ocean Tiny tears make up a sea Let them pour out, pour out all over Don't let them pour all over me" Tindersticks : Tiny tears
Le mois d'août au bureau est toujours une peu particulier. Tout est calme, tranquille, serein. Les bureaux sont à moitié déserts. Les gens se parlent plus, dans les couloirs, dans les bureaux. Comme si le fait d'être ici alors que beaucoup d'autres sont en vacances créait une relation particulière, un signe distinctif.
Un concert d'Elliot Smith en fond sonore accompagne tes réflexions. Comme bien souvent, ton regard se perd dans le bleu immaculé du ciel. La rêverie a toujours été ton quotidien. Envie de t'allonger dans l'herbe, au bord d'une rivière, à l'ombre d'un saule. Envie de moments à partager. Il y a des instants qui ne révèlent leurs plaisirs, leur beauté que dans le partage. C'est peut être une des raisons d'être de ce blog. Le partage. Un substitut un peu dérisoire pour combler un vide. Pour tenter d'insuffler quelques émotions dans des mots sans relief.
Ce matin, dans ces rêves du matin qui oscillent souvent à la frontière de la conscience les rendant plus palpables, les mêmes images/sensations qu'hier matin sont revenues flotter dans ton esprit. Ce besoin de contacts, de corps qui se serrent. Tu t'es réveillé plusieurs fois, ou du moins tu as eu cette impression, et à chaque fois que tu te rendormais le même rêve revenait. Une fille t'embrassait, sur une place grise, devant un hôtel. Ce n'était pas la même à chaque fois mais tu les connaissais toutes. Tu reprenais conscience, puis repartait dans le rêve et la même scène se déroulait, avec une fille différente. Trois ou quatre fois comme cela. Cela tourne à l'obsession. Limite pitoyable...
"losing our loving hold in the skies flourescent glow she takes her thoughts and cares into the moonlit alley stairs still in my hand i feel the sting the sound of bells ring and the memory of the face never washes away the current evening" Red House Painters : Priest Alley Song (*)
(*) : Une autre jolie chanson des Red House Painters pour Lou qui semble les apprécier.
Ce matin, le soleil effleurerais les cordes de ta guitare posée sur le fauteuil. Ses rayons filtrés par les voilages caressaient le bois et le métal, comme s'ils voulaient les faire vibrer timidement, dans un souffle. Pour rompre le silence. Tu as rêvé qu'une fille se serrait contre toi ce matin, tendrement. Et la chaleur de ce corps fantasmé te manque à ton réveil. Ton corps aspire à combler ce manque, tes os craquent du désir du contact. Il n'y a plus que le soleil pour caresser ta peau. Cette journée va couler lentement, sans personne pour rompre le rythme de la mélancolie.
"the coarse and white colored skin it blends with the state you're in and the wetness of your eyes against a sun that clouds blind
you ain't saying nothing that i don't already know when you say love's dimming light won't shine on tomorrow" Red House Painters : Shadows
Un superbe site pour avoir la tête dans les étoiles et prendre un peu de recul. Il suffit de choisir dans la longue liste, le nom du satellite désiré, et on visualise la dernière prise de vue faite par celui-ci. Les vues changent suivant la hauteur et la position du satellite, donnant des images extraordinaires, d'une beauté souvent sidérante.
"Satellite's gone up to the skies Things like that drive me out of my mind" Lou Reed : Satellite of love
Dresden Dolls : Dresden Dolls
Andrew Bird : The Mysterious Production Of Eggs
The Arcade Fire : Funeral
Rufus Wainwright : Want two
Nirvana : When the lights out
Eels : Blinking lights and other revelations
Beck : Guero
I am Kloot : Gods and monsters
The Smiths : The world won't listen
Hood : Outside closer
V.a : Golden apples of the sun
Jude : Sarah
Antony and the Johnsons : I'm a bird now
Black heart procession : 2
Lou Reed - John Cale : Songs for Drella
Pinback : Summer in abadon
Blonde Redhead : Melody of certain damaged lemons
Joy Division : Closer
Otis Redding : The definitive Otis