Kill Me Again (Kill me Sarah, Kill me AGAIN with love...)
(Chroniques égocentriques : The Soundtrack Of Your Life)
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mercredi, juin 30, 2004

SONG 118 : Adam Green : Bunnyranch (Album : Friends of mine 2003)


Il y avait une harpiste, une bassiste qui joue du hautbois, un trompettiste, deux batteurs, un guitariste, un clavier, hier, à l'excellent concert de Bright Eyes, tassés sur la petite scène de La Boule Noire. Avec une fantastique chansonConor Oberst chante "When everything is lonely I can be my own best friend" en gratouillant tristement sa guitare, les yeux masqués par ses cheveux.

Il y avait également une jolie fille dont la robe dévoilait le haut de son dos et ses épaules . Ca te fait craquer. La courbe dorée d'une épaule dénudée, le relief des omoplates, le grain de peau qui se devine. De superbes yeux bleus. Et surtout, une robe noire fantastique avec un énorme lapin rouge aux longues oreilles et au regard étonné.

Tu es toujours attiré par un joli dos, de jolies épaules. Cela te donne irrémédiablement envie de les caresser. De tes lèvres, de tes mains. De jolies épaules, c'est un appel à la douceur, à la volupté. La damnation assurée.
Tu es resté à distance. Spectateur silencieux. Invisible.






Tu t'émerveilles tous les jours devant une jolie fille.
Devant un sourire, une attention, le rosé d'une lèvre, une complicité furtive, une veine qui bat sous la peau, une mèche de cheveux sur une tempe, la courbe d'une épaule dévoilée par un débardeur, l'intelligence d'un regard, un grain de peau, une remarque, une silhouette, des courbes sur du tissu tendu, une main aux doigts fins, un ton de voix, un trait d'esprit ou d'humanité, des cheveux, blonds, bruns, longs, courts, un décolleté...

Tu tombes amoureux tous les jours. Ce n'est pas donné à tout le monde. Finalement. Même si ces filles n'en savent rien. Même si c'est pitoyable.

Kill Me Sarah | 21:57 |


lundi, juin 28, 2004

SONG 117 : Diabologum : La Maman et la Putain (Album : #3 1996)

Tu voulais parler de cette fille, croisée aujourd'hui, à ta grande surprise... mais à quoi bon... tu l'avais uniquement eue au téléphone auparavant, jamais vue, tu n'imaginais pas... ses longs cheveux bruns, sa peau dorée, son sourire éclatant de jeunesse, sa beauté discrète, les bracelets à son poignet, son... et puis à quoi bon... à quoi bon la regarder, à quoi bon lui sourire, lui parler... tu l'abordes pour des raisons professionnelles, tu fais semblant, en regardant les veines battre au creux de son cou délicat, les autres n'existent plus, tu parles collaboration, réunion... illusion... tu voudrais lui demander, ses passions, ses envies, tu voudrais qu'elle te raconte ses rêves, lui demander si des musiques voyagent en elle, si elle aime le soleil, ce qui la touche, ce qu'elle aime... à quoi bon... t'allonger dans l'herbe avec elle... elle te prendrait pour un fou peut être... là, tu n'es qu'un collègue invisible, tortillant tes doigts de manière un peu trop ostensible... à quoi bon... on t'enlève à elle, ça te sauve, tu allais commencer à bafouiller... au déjeuner, elle est à ta table, presque face à toi, table ronde trop grande pour espérer lui parler, tu la trouves de plus en plus jolie... à quoi bon... tu ne peux exister pour elle... à quoi bon... sois lucide, réaliste... tu ne suis même plus la conversation, tu laisses ton regard se perdre ailleurs... ailleurs, pour ne pas la regarder elle... à quoi bon... tu ne peux résister, plusieurs fois, un regard, discret, pour ne pas... et puis à quoi bon... dans la salle, trop loin, son profil t'attire... difficile de l'apercevoir au milieu des autres... pourquoi sont-ils là les autres... à quoi bon... tu la cherches dans l'assemblée, au milieu de ces gens avec leur verre à la main... tu croises son regard, tu souris, certainement une fois de trop... à quoi bon... tu tournes la tête, reprends un verre... tu polis ton masque de cadre face aux autres... et puis, voilà, elle n'est plus là... tu fais semblant encore quelques instants... tu aurais aimé son sourire, juste pour toi, mais tu rêves, tu rêves... à quoi bon... alors tu pars... tu as aimé la croiser, même si... tu souris... tu voulais parler de cette fille, croisée aujourd'hui... et puis à quoi bon... à quoi bon...

Kill Me Sarah | 21:05 |


dimanche, juin 27, 2004

SONG 116 : Great Lake Swimmers : Merge a vessel, a harbour (Album : Great Lake Swimmers 2003)

Rien. Rien parce que c'est beau. Cette chanson. Cet album. Pas prétentieux. Délicat à l'extrême. Touchant. Mélancolique. Pour écrire de telles chansons Toni Dekker doit être le fils caché de Neil Young et de Will Oldham. Pas possible autrement. Alors rien. Parce que ce disque est fait de rien. Du bois, un peu de métal pour les cordes, de la chair, de l'air, de l'impalpable. Beaucoup d'impalpable. Du rien. Alors rien.

Kill Me Sarah | 17:34 |


samedi, juin 26, 2004

SONG 115 : The Delgados : The Drowning Years (Album : Hate 2003)

Ce n'était peut être qu'un jeu. Frôlant les frontières de l'ambiguïté. Mais peut être est-ce simplement toi qui trouve cela ambigu. Probablement parce que tu le souhaites.
"Et là où il ne voit rien, il a l'illusion de croire qu'il n'y a rien" (Nietzsche)
Ce matin, tu trouves un double vinyle de Ray Charles, celui de la fameuse cassette. Ce soir tu repenses à son sourire. Tu te dis plus tard. Tu la reverras. Plus tard. Tu n'as plus le temps mais tu le prends quand même. Ta pensée voyage dans le temps. Alternant passé, présent, futur. Mais le futur tu le rêves...

"Dreams are a lie, dreams are a lie
So am I
If that’s all there is then I might as well get in the fire

Destroy the noises that make all the voices
Get them out of my head
Bring on the screaming and I’ll take your demons now that I’m already dead"

Kill Me Sarah | 22:16 |




SONG 114 : Randy Newman : Old man on the farm (Album : Little Criminals 1977)

Tu as rêvé d'une fille cette nuit, non, de plusieurs, non, d'une fille qui était toutes les filles en même temps, non, pas toutes, mais plusieurs. Voilà, plusieurs. Tu lui prenais la main. Elle était allongée sur un brancard d'hôpital, tu lui prenais la main et elle était douce. Elle te regardait. Elle souriait. Elle n'avait rien de grave. Mais elle était quand même allongée dans cette salle d'hôpital et tu ne savais pas pourquoi. Elle serrait ta main. Tu sentais qu'il fallait que tu sois là, présent. Elle te semblait inconnue. Pourtant sous les traits changeants de son visage, se dessinaient des personnes familières. Tu racontais n'importe quoi pour la faire sourire. Tu te sentais utile. C'était terrible. Tu te sentais utile...

"Waitin' for some rain to fall
Waitin' for some mail to come
Waitin' for the dawn again
Old Man On The Farm"

Kill Me Sarah | 00:06 |


jeudi, juin 24, 2004

SONG 113 : Wire : Lowdown (Album : Pink Flag 1977)

Le dernier Wilco
Coffee and TV ce matin, devant un café
une fille en rose et blanc avec un parapluie bleu ce midi devant la banque
"pas de couteau?" demande le policier en faction à la Préfecture
le Chelsea Hotel vu d'en haut
Léonard encore
une jolie brune dans une vieille Opel rouge accidentée
des yeux bleus, ses yeux bleus, son sourire, encore, toujours, mais non
je veux, tu veux, pour deux
des graphiques en courbes, en histogrammes, pour dire quoi
sa peau doit être douce, sentir ses mains sur toi
The Bees
un réveil qui sonne trop tôt
la rousse au joli décolleté
des questions, des réponses, d'autres questions
McCartney au stade de France
dans la voiture, l'envie de faire l'amour
Guy Debord
les vacances bientôt
les guitares de Wire
peux-tu encore séduire, peux-tu
After the goldrush 99ème
A / C#m / B / A
le concert était-il bien, elle était peut être seule
pas le temps de penser
les vinyles d'Elephant, un rouge un blanc
tes doigts sur les cordes métalliques
"I was dancing when I was twelve"
t'abandonner
The Specials 42ème
du soleil
mignonne ce matin, son jean, tu aimerais...
"I was dancing when I was aaah"
et elle
ou elle
si elle
si elles...

PUR VINYLE BABY !!! #19    Je suis habitué aux approximations sur France Inter à dire vrai

Kill Me Sarah | 22:51 |


mercredi, juin 23, 2004

SONG 112 : P.J Harvey : The slow drug (Album : Uh huh her 2004)

Gris toujours. Le dernier PJ Harvey dans la voiture. Oseras-tu lui écrire ce soir? Il est tôt. Au bureau il y a une poubelle bleue et une verte. Tu ne sais jamais dans laquelle jeter le gobelet de la machine à café. La bleue ça doit être pour les papiers, tu n'es pas sûr. Tu n'es pas capable d'assumer ce que tu pourrais provoquer. Ca doit être ça. Ou tu as peur de te rendre compte que tu ne provoques plus rien. Constatation. Le matin de bonne heure, tu croises moins de jolies filles dans leur voiture. Tu t'es endormi et réveillé avec 16 horsepower. Aux infos, l'Italie s'est faite éliminer, Dassault devient un magnat de la presse. Inquiétude. Sous la douche tu écris mentalement le message de ce soir que tu n'enverras pas. Hier soir tard, tu écris à? l'inconnue que sur la pochette de The Soft Bulletin des Flaming Lips, le commentaire de la cinquième chanson dit que d'après une théorie non vérifiée, la réaction chimique que produit le cerveau lorsque l'on est amoureux est la même que celle à? l'origine du big bang. L'inconnue est fascinée par le mur de Berlin. Tu lui écris que Bowie a enregistré Low et Heroes à? Hansa by the wall. "Oh, but I'm always crashing in the same car". Le couloir s'anime au bureau. Les gens arrivent un par un. Des souvenirs de vacances en juin, des bords de mer déserts. Des images venues de nulle part. Sur ton cahier, tu dessines des figures abstraites plus ou moins grisées. Si la théorie est vraie. Combien de big bang? Combien de mondes mort-nés? Dehors, soudainement le ciel s'assombrit.

"Blue now is the colour, Love the drug I'm needing, Got to keep this feeling...
Watching out the windows, Watch the way the wind blows..."

Kill Me Sarah | 09:07 |


mardi, juin 22, 2004

SONG 111 : Eels : Daisies of the galaxy (Album : Daisies of the galaxy 2000)

Tu n'arrives pas à oublier son sourire. Un goût d'inaccessible, ou d'impossible. C'est l'été. Il fait gris, humide. Le ciel dégouline un peu. Son sourire. Mieux vaut ne plus y penser. Tu n'aimes pas ces nuages noirs ce soir. Tu voudrais bien comprendre, pourquoi il y a autant de mélancolie dans les quatre accords majeurs de cette chanson, dans cette mélodie. Pas seulement ce soir. Tu devrais lui offrir des paquerettes...

"i'll pick some daisies from the flower bed
of the galaxy theater while you clear your head
i thought some daisies might cheer you up"


Kill Me Sarah | 22:39 |


lundi, juin 21, 2004

SONG 110 : The Rolling Stones : Loving cup (Album : Exile on main street 1972)


Oui. C'est la fête de la musique. Tu parles. C'est devenu la fête de la bière et de la merguez. N'importe quoi. Comme s'il fallait attendre ce jour là pour écouter de la musique. Les concerts c'est toute l'année, tous les autres jours. Ce soir tu restes chez toi. La musique c'était hier soir par exemple. Au fabuleux concert de The Divine Comedy. En trio, piano, violoncelle, guitare. Et la voix de Neil Hannon. La voix c'est le plus important. La fête de la musique c'est cette inconnue qui t'écrit à 4h30 du mat' pour te parler de Berlin en écoutant Billie Holiday avec le vent dans les palmiers. Un jour, être un distingué lover. Voilà, c'est ça la fête de la musique. Samedi soir, tu as dansé sur les Clash, le Velvet, Jonathan Richman et plein d'autres en buvant du rhum. Et puis c'est l'été, les filles vont jouer avec la bretelle de leur débardeur, ça va te faire tourner la tête c'est certain. Même si elles ne jouent pas pour toi. Pas grave. Nietzsche a dit, "Sans musique, la vie serait une erreur". Parfois, même avec la musique. Pas grave. Parce qu'il y aura encore des soirs d'été où tu pourras écouter Exile on main street en regardant les étoiles, un soir où la chaleur se fera écrasante. Lourde. Tu te diras que tu ferais bien l'amour en écoutant la deuxième face, là, sous les étoiles. Peut être avec une fille qui jouerait avec la bretelle de son débardeur. "Gimme a little drink, from loving cup". Depuis le temps que tu en rêves. De ça. Il faudra bien qu'un jour. Sous les étoiles. Parce qu'un soir d'été tu avais approché ton lit de la fenêtre ouverte, il était tard, très tard sûrement, il faisait chaud, orageux, tu as mis le casque sur tes oreilles et les guitares acoustiques, et le piano, et la voix, et ces chansons, tu t'es dit, bon sang, faire l'amour en écoutant Exile, même si tu ne savais pas ce que c'était de faire l'amour parce qu'on était en 77 et tu passais le bac français. Tu l'avais fait. Tout seul. C'était déjà ça. Sous les étoiles. Avec le casque sur les oreilles. Cette nuit là tu t'es dit qu'un jour, plus tard, tu espérais bientôt, sous les étoiles, avec Jagger et Richards comme témoins invisibles, avec une jolie fille, et ses yeux brillants reflèteraient les étoiles. Ca te rendrait fou. Si tu ne l'es pas déjà. " Just one drink and I'll fall down drunk". Tu en es toujours là, après toutes ces années. Tu as fait l'amour sous les étoiles. Sans la bande son. Dommage. Maintenant, tu te dis parfois que les étoiles se sont éteintes pour toi. On te dira que non. Bien sûr non. C'est lorsqu'elles se reflètent dans le regard des filles qu'on les voit le mieux. C'est pour ça que tu ne les vois plus. Peut être. " Feel your mouth kissing me again, what a beautiful buzz, what a beautiful buzz".

" Il est grand temps de rallumer les étoiles."
Guillaume Apollinaire

PUR VINYLE BABY !!! #18    Caroline dit : "En fait on devrait écouter le silence aujourd'hui, c'est de la musique aussi le silence"

Kill Me Sarah | 12:09 |


dimanche, juin 20, 2004

SONG 109 : Milton Nascimento : Tudo Que Voce Podia Ser (Album : Clube da esquina 1972)

C'est la voix le plus important. Tout ce que tu n'as pas. La voix c'est le passeport universel, tu peux chanter ce que tu veux, dans n'importe quelle langue, ça passera. Si tu as la voix. Et toi tu ne l'as pas. Tu rêverais pourtant de partir à l'aventure comme ça, juste avec ta guitare, t'arrêtant sur les places des villages le soir, pour chanter des chansons, à coté de la fontaine. Peu importe si tu massacres tes quatres accords. C'est la voix le plus important et c'est ça que les gens viennent écouter. Voilà. Mais toi, la voix, tu ne l'as pas. C'est comme si tu te trouvais devant la porte du chateau de la belle au bois dormant sans avoir la clé pour entrer...

Kill Me Sarah | 17:56 |


vendredi, juin 18, 2004

SONG 108 : Yo La Tengo : Double Dare (Album : Painful 1993)

Tu dominais toute la salle hier soir lors de l'excellent concert d'Herman Düne à la guinguette pirate, debout sur le banc le long du bateau. Une position inhabituelle pour toi du fait de ta petite taille. Le monde est tellement différent vu d'en haut.
Enfant, tu souffrais de cette petite taille, de ton physique insignifiant, synonyme généralement de souffre-douleur. Inconsciemment, tu avais développé des stratégies de protection pour éviter les brimades et autres tracas.
Tu t'entourais de copains plus grands et plus forts t'assurant une protection naturelle. En simulant un intérêt quelconque envers leur personne, un faux respect, tu parvenais même à sympathiser avec les brutes au front bas qui expulsaient leurs frustrations diverses en terrorisant les enfants chétifs dans la cour de récréation. Une sorte de manipulation mentale peu glorieuse mais essentielle pour assurer plus ou moins ta sécurité. Il n'empêche que tu étais toujours sur la défensive, les sens en éveil pour déceler et tenter d'étouffer dans l'oeuf toute velléité contre ta personne.

Cet état ne t'a jamais vraiment quitté, tu te sens toujours sur le qui-vive. De manière plus ou moins aiguë bien entendu suivant l'environnement. Mais tout de même. Tout ton comportement d'adulte découle de là, de ces années où sans jamais avoir vécu dans la terreur, tu as navigué comme une proie dans la jungle, toujours sur tes gardes. Epuisant.



Kill Me Sarah | 13:46 |


mercredi, juin 16, 2004

SONG 107 : Blue Öyster Cult : She's as beautiful as a foot (Album : Blue Öyster Cult 1972)

Il semblerait que l'huître soit d'actualité. Ce n'est pourtant pas un mois en R, même si on se donne des airs. Décidément, cette page s'effondre...

"She’s as beautiful as a foot
She heard someone say
The other day"

Kill Me Sarah | 19:25 |


mardi, juin 15, 2004

SONG 106 : Elliot Smith : Miss Misery (Album : Good will hunting O.S.T 1997)

"[...]where I was a Flower of the mountain yes when I put the rose in my hair like the Andalusian girls used or shall I wear a red yes and how he kissed me under the Moorish wall and I thought well as well him as another and then I asked him with my eyes to ask again yes and then he asked me would I yes to say yes my mountain flower and first I put my arms around him yes and drew him down to me so he could feel my breasts all perfume yes and his heart was going like mad and yes I said yes I will Yes." James Joyce

Elle t'avait envoyé la fin d'Ulysses comme une déclaration, l'aveu indirect de son glissement vers toi. Les deux dernières pages. Il y a cinq ans. Des souvenirs indélébiles, comme des tatouages. Ou des cicatrices.
Demain c'est le centenaire du Bloomsday, le 16 juin 1904, cette unique journée durant laquelle se déroule l'intégralité d'Ulysses. Tu ne peux dissocier ton histoire de ce livre que tu ne liras que beaucoup plus tard. Cette fin extraordinaire, le monologue de Molly Bloom, cette phrase immense, sans ponctuation, comme une lente montée du plaisir jusqu'au Yes final comme un cri libérateur. Esperait-elle en t'envoyant ce passage, que tu plongerais les yeux fermés dans le gouffre qu'elle ouvrait devant toi . Peut-il y avoir sensation plus grisante que de plonger dans le vide les yeux fermés et retomber souplement sur ses pieds. Pour un instant, un instant seulement, te sentir plus grand, plus fort, invincible. Un instant seulement.

"do you miss me miss misery, like you say you do?"

Kill Me Sarah | 23:02 |


lundi, juin 14, 2004

SONG 105 : Dashiell Hedayat : Chrysler (Album : Obsolete 1971)

"J'ai une Chrysler tout au fond de la cour, elle ne peut plus rouler mais c'est là que je fais l'amour"

Ca faisait le charme des vacances à la campagne, lors de ton enfance. Peut être le seul parfois. C'était ta quête, ton ravissement. Tu espérais toujours secrètement que dans la ferme à coté il y en aurait une. Oui, tu as toujours aimé ces voitures laissées à l'abandon, ces épaves dont les vieux maquignons se refusaient à se débarrasser, tu en faisais ton terrain de jeu.
"Le levier porte un coeur gravé, Il y pend des bas troués"
Tu cherchais toujours un moyen de te rendre dans la ferme voisine où tu avais repéré une de ces fabuleuses épaves, bravant les orties ou l'éventuelle ire du propriétaire, te chassant des lieux de sa voix bourrue. Tu les trouvais au fond d'une grange, couverte de paille et annexée par des poules ou des chats errants. Au milieu d'un champ, assiégées par des herbes folles, rongées par la rouille. Au détour d'un chemin. Elles avaient leurs sièges défoncés, les vitres bien souvent brisées mais elles étaient un univers féerique.
"Et Sally me dit, ta Chrysler est défoncée, oui mais on est tous défoncé !"
Tu y passais des heures, simulant la conduite, tentant désespérément de tourner le volant, actionnant les leviers et interrupteurs encore existants, agitant le levier de vitesse dans des gestes proto-masturbatoires, enfonçant difficilement les pédales de tes courtes jambes.
Tu passais des heures dans ces nids à vermine et à tétanos, t'imaginant, roi de la route, au volant de ces Juva 4, aronde, traction avant, dauphine.
"Et Sally me dit, le levier de vitesse en moi ! Non ! C'est moi !"
L'eldorado eut été une américaine aux larges ailes, au capot démesuré et aux enjoliveurs futuristes. L'eldorado eut été une américaine et une petite copine avec toi, installée à la place du passager pour parfaire le tableau. Pour jouer aux grands, pour faire comme eux. Inconscient.

"But look at us now, quit driving, some things hurt more much more than cars and girls.
Just look at us now, start counting, what adds up the way it did when we were young ? "

Kill Me Sarah | 20:04 |


dimanche, juin 13, 2004

SONG 104 : Jorge Ben : As rosas eram todas amarelas (Album : Ben 1972)

La chaleur, un besoin de langueur, l'illusion d'un ailleurs différent également. Mais les raisons importent peu. C'est toujours la fuite qui s'exprime. Même dans la musique. Dans ce besoin de tropicalisme.
Et puis ces mots qui ne sortent pas ou plus. Le nombrilisme à outrance s'évapore. T'en réjouir ou t'en plaindre. Tu ne sais pas. Tu ne sais plus.

Kill Me Sarah | 22:15 |


samedi, juin 12, 2004

SONG 103 : Stephen Malkmus & the Jicks : Ramp of death (Album : Pig lib 2003)

La chanson fait 2'37. Combien de personnes vont l'écouter? Quelles sont les raisons qui vont motiver une personne à prendre 2'37 de son temps pour les consacrer à l'écoute de cette chanson de Stephen Malkmus? Le souvenir de Pavement, la curiosité, l'envie de réécouter une chanson connue, la confiance dans le programmateur, rien d'autre à faire, la provocation de ce billet...
Pourtant que sont 2'37 dans la vie d'une personne? Combien vont prendre le risque de perdre 2'37 de leur existence plus ou moins triste pour éventuellement recueillir un peu plaisir lors de cette écoute ?

"Stop avoiding me, stop avoiding me..."

Kill Me Sarah | 23:12 |


vendredi, juin 11, 2004

SONG 102 : Ray Charles : Lonely Avenue

"Ray Charles quand tu pleurniches, Les plus pauvres sont les plus riches, Les oubliés du Bon Dieu, Ne sont plus malheureux"

Tu y tenais à cette cassette. Tu la passais souvent dans la voiture. Une C60 remplie de chansons de Ray Charles. C'est d'ailleurs pour cela qu'O. t'avait demandé de lui prêter. Et puis un soir d'hiver, dans un virage sur la RN19, sa R5 Alpine part en tonneau autant que dans les décors. Sans bobo pour le conducteur et ses passagers. Mais ta cassette s'est retrouvée définitivement broyée. Abandonnée disloquée, dans un fossé de Seine et Marne. C'était il y a 21 ans.
Un ou deux ans auparavant, tu espérais certainement que la la fille tombe dans tes bras en écoutant I can't stop loving you ou Georgia on my mind. Combien de chansons tu lui auras fait écouter en espérant que... ça n'aura même pas amélioré ses goûts musicaux...
Ca n'a jamais marché. Même Don't let the sun catch you cryin' la laissait de marbre... Hier, comme aujourd'hui, il ne te reste qu'à arpenter la lonely avenue...

"Well, I feel so sad and blue, and it's all because of you"

Pur Vinyle Baby !!! #17    Je vis dans la désolation de cette rue

Kill Me Sarah | 22:56 |


jeudi, juin 10, 2004

SONG 101 : Iron and Wine : Sunset soon forgotten (Album : Our Endless Numbered Days 2004)

Tu as croisé la fée clochette tout à l'heure, au bar de l'Elysée Montmartre, avant le concert de Jack the ripper. Elle portait un débardeur rouge et avait ramené ses cheveux en chignon compte tenu de la chaleur ambiante. Plus surprenant, elle mesure plus de 1m80. D'ailleurs tu lui as dit que dans ton souvenir, la fée clochette, elle n'était pas plus grande que ça. Elle a sourit, elle a dit c'est pour ça. Tu aurais du lui dire que tu ne te souvenais pas que la fée clochette était aussi jolie. Mais bien sûr tu n'as rien dit. Elle a sourit à nouveau, a pris son jus de pamplemousse/tequila, puis elle est partie. Les fées finissent toujours par partir...

Kill Me Sarah | 00:01 |


mercredi, juin 09, 2004

PUR VINYLE BABY !!! #15 & #16

Kill Me Sarah | 23:24 |


mardi, juin 08, 2004

SONG 100 : Neil Young : After the gold rush (Album : Amsterdam 10/12/1989 )
SONG 100bis : Neil Young : Time fades away (Album : Time fades away vinyle only, jamais réédité en CD, craquements garantis, 1973)

Déjà la 100ème chanson. Une nouvelle fois, implacable, le temps est passé trop vite. Elargissant quotidiennement le gouffre entre tes espoirs et la réalité.
100 chansons, et tes mots qui s'étiolent au fil des jours, perdant leur peu de substance, révélant un squelette fragile et desséché. Pourtant tu n'as pas raclé le fond, il en reste, là, dans tous les coins, de la tristesse poisseuse qui colle aux murs et aux doigts. Tu ne veux plus la voir mais elle est là. Alors l'exutoire perd de son sens, il suffirait même parfois que le corps exulte pour qu'il disparaisse pour un temps. Pour un temps seulement.

100 chansons et un peu plus de jours, pour sentir le soleil dans tes yeux à défaut du regard des filles.
100 chansons et peut être qu'un jour il n'y aura plus ici que de la musique. Ces notes, ces mélodies, ces mots murmurés ou hurlés, tellement plus expressifs et émouvants que tes phrases laborieuses. 100 chansons et des joies, des déchirures énormes ouvrant des failles béantes obligeant finalement à ne pas sombrer.

100 chansons ou plutôt 99 car il fallait en trouver une pour ce soir. Depuis deux jours tu hésites. Un classique bien sûr. Une chanson fondatrice avec laquelle tu as grandi. Et puis finalement l'artiste en premier, avant la chanson. De manière assez évidente. Alors comme David pour sa centième de Trackrecord, Neil Young s'impose. Tu lui avais déjà piqué son idée de chanson quotidienne commentée, autant aller jusqu'au bout. Comme un hommage.
Neil Young parce que c'est probablement le seul de tes artistes cultes que tu aimerais être sur l'ensemble de sa carrière. Un des rares. Cela aurait pu être Bod Dylan, mais tu n'as jamais supporté le pape. Dans ta discothèque, Neil était là avant. Presque depuis le début. Tu as grandi avec quelques uns de ses disques peut être plus qu'avec tous les autres.
Restait la chanson. Alors Time fades away bien sûr, "'Cause you know how time fades away. Time fades away". Et ça tu ne le sais que trop. Mais il en fallait une autre pour te détacher un peu de la pâle copie.
"Look at Mother Nature on the run, In the twenty first century" chante Neil dorénavant sur After the gold rush en lieu et place des "nineteen seventies". Une de ses plus belles chansons. Fragile, intense, poignante. Neil seul à son piano parce qu'il y a des chansons que l'on ne peut que chanter seul. Une chanson comme un soleil couchant...
100 chansons et combien à venir derrière. 100 chansons et n'être certain que d'une chose, c'est que le temps te file entre les doigts. Vite. Trop vite. Toujours trop vite.

"Son, don't wait till the break of day
'Cause you know how time fades away."


Kill Me Sarah | 22:51 |


lundi, juin 07, 2004

PUR VINYLE BABY !!! #14     Caroline dit : « Je voudrais un disque du samedi après-midi »

Kill Me Sarah | 23:27 |




SONG 99 : The White Stripes : The Hardest Button To Button (Album : Elephant 2003)

Tu prends les White Stripes ce matin dans la voiture. Inspiration subite juste avant de partir. Tu ne l'as pas écouté souvent cet album. Acheté à sa sortie, le bruit fait autour a certainement perturbé ton écoute. Ou ce n'était pas son heure. Ce matin, c'est exactement ce qu'il te fallait.
Tu te dis qu'il devrait mieux sonner en vinyle. Il faudra que le trouves, tu ne l'as qu'en CD. Il y a des disques comme cela qui ne donnent leur vraie valeur qu'en vinyle. C'est flagrant sur certains albums comme Nevermind the bollocks par exemple, le vrai son de ce disque est celui du vinyle, cette évidence t'a sautée aux oreilles l'autre soir. Ou bien est-ce parce que c'est celui qui est ancré dans ta mémoire. Peu importe. C'est peut être une vision passéiste des choses, nostalgique, mais tu trouves néanmoins que les imperfections du vinyle vont bien avec le rock. Ces défauts de surface, ces rayures plus profondes, ces craquements. Ca rend également le support plus humain, loin de la froideur clinique du CD. En dehors de la beauté même de l'objet.

Parfois tu te demandes si cet attrait retrouvé pour ce support ne vient pas d'une volonté de revendiquer également toutes tes imperfections, tous tes craquements. Les revendiquer avant de pouvoir peut être un jour les accepter. Comme tu acceptes ceux des autres.

"I had opinions
That didnt matter
I had a brain
That felt like pancake batter"

Kill Me Sarah | 12:15 |


dimanche, juin 06, 2004

SONG 98 : Grant Lee Philips : Always friends (Album : Virginia Creeper 2004)

Un drôle de dimanche. Content de l'avoir vécu. Mais content qu'il soit terminé. Tu as toujours du mal à regarder le passé, même proche. Un dimanche à la Nick Hornby, à la High fidelity plutôt, si cela signifie quelque chose, du moins c'est ton impression première. C'est étonnant parfois les images que peut laisser la lecture d'un livre, comme elles finissent par se mêler à des souvenirs à ne plus pouvoir les dissocier.
Ce livre te manque. Plein de choses, de gens te manquent. Il te semble parfois que ta vie entière n'est faite que de manques.

Kill Me Sarah | 22:39 |


samedi, juin 05, 2004

SONG 97 : Wilco : How to fight loneliness (Album : Summerteeth 1999)

Les yeux de Myskina tout à l'heure aux informations. Ceux de Dementieva également. Mais plutôt ceux d'Anastasia (qui n'aura pas crié en vain... hum...) pour cette transparence. Malgré la blondeur d'Elena. Tu te demandes souvent la raison de cette attirance pour les yeux bleus. Les fées de tes livres d'enfants avaient-elles les yeux bleus? La première fille dont tu étais amoureux enfant avait-elle les yeux bleus? Tu ne t'en souviens plus. Même pas son prénom. Il ne reste que l'image floue de sa silhouette, ses cheveux longs et frisés. Châtain clair. Mais pas blond. Quant aux yeux, aucun souvenir...
C'est probablement à cause des rayons de soleil, de ce petit parfum d'été, mais dans la rue les filles semblent encore plus jolies. Ou bien est-ce parce que tu y es de plus en plus sensible. Des beautés inabordables. Tu souris, mais transparent comme l'air, insignifiant, elles ne te remarquent pas...

Kill Me Sarah | 21:46 |


vendredi, juin 04, 2004

SONG 96 : Sebadoh : Willing to wait (Album : Harmacy 1996)

Tu as choisi de ne plus attendre. Pure déclaration d'intention. Parce que même lorsque l'on décide de ne plus attendre, on attend toujours malgré tout. Tu n'as plus le plaisir d'attendre depuis longtemps. C'est peut être dans ces cas là que l'on décide de ne plus attendre. Pour avoir l'illusion d'avoir fait le choix soi-même. Pas grandiose. Le problème étant d'attendre de pouvoir attendre.
Attendre en sachant que quelque chose va arriver. Le plaisir est là. Pas attendre pour rien. C'est toujours décevant. Comme cet après-midi. Tu as choisi de ne plus attendre mais tout de même... tu t'étais dit qu'elle passerait peut être te dire au revoir ou te souhaiter un bon week-end en partant. A cause des conversations de ces derniers jours, du changement de ton, de petits riens. A cause de la discussion de ce matin, de ce midi autour d'un café, enfin, tu l'attendais pour tout dire. Tu as fini par passer la tête dans son bureau. Tu t'attendais à la voir. Mais elle était partie. Normal. Il ne faut pas que tu rêves. Elle n'allait pas t'attendre...

"and maybe you would like to see me again
i'm willing to wait my turn to be with you
but i still have a lot to learn about me"

Kill Me Sarah | 23:06 |


jeudi, juin 03, 2004

SONG 95 : Paul McCartney : Junk (Album : McCartney 1970)

Une envie de bord de mer. Hors saison. Un verre à la terrasse. Des petites rides au coin des yeux. Des boutiques désuètes. Des volets fermés. La douceur de l'air. Sa douceur à elle.
Un soleil matinal. Des rues en pentes. Une roue de vélo qui grince. Un parfum de tranquillité. Des notes de guitares. Viendra-t-elle te voir ?
Des vieux disques usés. L'envie de s'arrêter. Tu feras du poisson grillé ce soir.
Relire Steinbeck. Acheter du martini dry. Demain tu iras au marché. Une odeur de chèvrefeuille. Son épaule dénudée. Il y a trop d'années.
Le vent sous ta chemise. Envie de rire ou de pleurer. Si tu pouvais lui plaire. Chantonner Junk. Une vie rêvée.

"something old and new, memories for you and me."


PUR VINYLE BABY !!! #13     Elle fait comme les gens, elle se sauve

Kill Me Sarah | 11:36 |


mercredi, juin 02, 2004

PUR VINYLE BABY !!! #12     Caroline dit : C'est beau, In Berlin, by the wall...

Kill Me Sarah | 01:38 |


mardi, juin 01, 2004

SONG 94 : Calla : Strangler (Album : Televise 2003)

Depuis ce matin tu as cette foutue boule d'angoisse dans la gorge. Comme un cri qui ne veut pas sortir. Un cri ou quoi que ce soit d'autre. Avec le manque de sommeil. Cette humidité poisseuse qui colle à la peau. Ce manque d'envie d'aller au bureau. Subir ces questions incessantes à ne même plus s'entendre penser. Et le temps qui semble courir encore plus vite. Pourtant il y a cette énergie qui coule dans tes veines, cette volonté de rattraper le temps perdu avant qu'il ne soit trop tard, cette envie de brûler. Un combat contre toi même. Contre cette boule dans ta gorge. Raisonnable tu irais te coucher là, maintenant, mais il y a trop de musique à écouter, trop de mots à lire, trop de pensées à avoir, alors non, non pas tout de suite. Encore un peu. Encore un peu pour apaiser cette avidité croissante. Encore peu. Histoire de faire passer cette boule dans ta gorge.

"I can get the same effect, if You strangle me"

Kill Me Sarah | 22:49 |


Ego
Sexe : M / Age : 44
Profession : Aucun interet
Situation : Helplessly Hoping

14 jours à La Baule (Pdf)

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Dresden Dolls : Dresden Dolls
Andrew Bird : The Mysterious Production Of Eggs
The Arcade Fire : Funeral
Rufus Wainwright : Want two
Nirvana : When the lights out
Eels : Blinking lights and other revelations
Beck : Guero
I am Kloot : Gods and monsters
The Smiths : The world won't listen
Hood : Outside closer
V.a : Golden apples of the sun
Jude : Sarah
Antony and the Johnsons : I'm a bird now
Black heart procession : 2
Lou Reed - John Cale : Songs for Drella
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Blonde Redhead : Melody of certain damaged lemons
Joy Division : Closer
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