Tu as mis Coat of many cupboards d'XTC sur ton nouveau lecteur CD (l'ancien a rendu l'âme hier après 14 ans d'intenses et loyaux services... paix à son âme). Ca te fait penser à tellement de souvenirs... A Lost in music de Gille Smith qui en parle beaucoup et qu'on t'avait offert à Noël dernier. Avec cette phrase qui t'avait fait énormément sourire : "There's a crude piece of psychology wich relates guitar-playing and simulated guitar-playing to masturbation, but I think we can crush this directly. Playing a guitar is nothing like masturbation. Playing a guitar is much more difficult". Tu ne peux que confirmer. Et puis à la fin du premier disque de ce coffret il y a une version démo de Making plans for Nigel. A chaque fois que tu l'écoutes (cette version ou l'original), tu te trouves transporté dans ce petit café près de la fac à La Varenne où tu trainais systématiquement au lieu d'assister aux cours. Tu avais du user le 45 tours dans le juke-box du café tellement tu l'avais passé. Et puis les images, le parfum de Christine te reviennent immédiatement en mémoire. Cette chanson est définitivement associée à cette fille. Ses yeux bleu gris, ses longs cheveux blonds, ses mains, son élégance simple et naturelle, sa douceur... tant d'autres choses. Il ne s'est pourtant jamais rien passé entre elle et toi. Malgré ce désir incommensurable qui te consumait. Il te suffit d'entendre la batterie passée au phaser de l'introduction pour la revoir dans son long manteau noir sur lequel ses longs cheveux blonds s'étalaient, et son sourire, son sourire... Cela fait des années que tu rêves de la revoir. Pour lui expliquer tout ça. Pour lui dire tout ce que tu n'as jamais été capable d'exprimer à cette époque. Souvent tu revois ses parents qui habitent la même ville que toi. Tu demandes toujours de ses nouvelles. N'osant pas leur dire que tu souhaiterais la revoir. Seule. Sans son mari, sans ses enfants. Il t'arrive même de rêver d'elle. Après toutes ces années. Parfois tu te demandes si celles que l'on n'a pas eues ne sont pas plus présentes que les autres. Tu te souviens de ce jour où vous étiez allé à Paris dans la 4L d'un ami. Direction Gibert, oui, déjà à l'époque. De mémoire tu avais du acheter Babylon by bus (un jour tu expliqueras les différences entre la version de Lively up yourself de l'album Live de 1975 et celle de Babylon by bus pour montrer l'influence (la perversion diront certains) du rock sur le reggae). Au retour, elle était assise à l'arrière, toi devant, et pendant que l'autre conduisait comme un crétin, tu avais posé ta tête sur son bras qu'elle reposait sur le dossier de ton siège. Tu avais fait presque tout le trajet dans cette position. En descendant de la voiture, pour se rendre dans ce même café/quartier-général de la petite troupe, tu te souviens l'avoir prise par la taille, masquant ta gêne, ta timidité derrière des plaisanteries. Elle avait fait de même. Pendant quelques secondes le temps s'était arrêté. Ton regard dans le sien, le monde avait disparu. Tu n'avais pas osé l'embrasser. Et pourtant, pourtant... Tu te souviens qu'à peine entré dans le café tu avais mis un franc dans le juke-box pour écouter Making plans for Nigel. Assis derrière la petite table tu la regardais. Son sourire, ses jolies lèvres finement dessinées, cette étincelle dans son regard... Elle aussi te regardais. Tu n'as jamais osé franchir le pas. Et pourtant, pourtant... C'était à l'automne 1979. Après toutes ces années il ne doit pas se passer un mois sans que tu ne penses à elle. Même sans écouter XTC. Tu rêves de savoir si cette étincelle peut toujours s'allumer. Si tu peux toujours faire briller son regard, si vos yeux peuvent toujours avoir cette attraction magnétique comme ce jour là. Tu sais que maintenant tes lèvres oseraient rejoindre les siennes... mais après toutes ces années... Samedi soir... l'esprit perdu dans le souvenir de ces années d'insouciance... tu as le vin nostalgique ce soir, tu n'aurais pas du finir cette bouteille et tu ne sais pas ce qui te retient d'aller ouvrir tes anciens albums photos pour revoir son sourire...
Dresden Dolls : Dresden Dolls
Andrew Bird : The Mysterious Production Of Eggs
The Arcade Fire : Funeral
Rufus Wainwright : Want two
Nirvana : When the lights out
Eels : Blinking lights and other revelations
Beck : Guero
I am Kloot : Gods and monsters
The Smiths : The world won't listen
Hood : Outside closer
V.a : Golden apples of the sun
Jude : Sarah
Antony and the Johnsons : I'm a bird now
Black heart procession : 2
Lou Reed - John Cale : Songs for Drella
Pinback : Summer in abadon
Blonde Redhead : Melody of certain damaged lemons
Joy Division : Closer
Otis Redding : The definitive Otis