Kill Me Again (Kill me Sarah, Kill me AGAIN with love...)
(Chroniques égocentriques : The Soundtrack Of Your Life)
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mardi, septembre 30, 2003

Fragment d'autoportrait # 17 & 18

C'est le bleu de ses yeux. Ou alors son sourire. Ou plus probablement les deux. Elle a un sourire et un regard désarmant et tes défenses sont plus que perméables. Il semble naturel, spontané son sourire, il a une fraîcheur ensoleillée. C'est peut être pour cela que tu le trouves si joli. Tu as beau te dire que non, il ne faut pas que tu y fasses attention mais c'est peine perdue. Alors tu souris aussi. En fait tu resterais bien un instant sans rien dire juste à regarder son sourire et le bleu de ses yeux mais ça va faire louche. Alors rapidement tu bafouilles à moitié le prétexte que tu avais trouvé pour venir la voir. Elle sourit toujours en te répondant. Et puis tu repars dans ton bureau avec tes pensées un peu troublées. Un jour, tu ne vas pas pouvoir résister, tu vas lui dire que ses yeux, son sourire... mais ça risque d'être un peu déplacé dans le cadre professionnel. Surtout tu crains qu'ensuite elle ne sourie plus. Alors tu ne dis rien. Ca vaut peut être mieux. Pour plein de raisons d'ailleurs...

Kill Me Sarah | 12:56 |


lundi, septembre 29, 2003

Les EP's de Belle & Sebastian dans la voiture, l'arrivée au bureau glacial, pourquoi fait-il déjà si froid, tu fais un tour rapide sur quelques blogs. Tu tombes sur ce texte qu'elle a écrit hier. Tu le lis deux fois. Tu ne la lies pas, tu te souviens qu'elle t'avait dit qu'elle écrivait un peu en catimini, qu'elle n'avait pas voulu s'inscrire sur Weblogues et cie. Alors tu n'oses pas la lier. Mais son histoire de sous-marin et de 20 000 lieues sous les mer te touche. Sa douleur aussi. Tu te retrouves dans ses mots. Un peu trop même sur certains aspects. Tu sais que parfois, tu accentues le coté exutoire de cette page en forçant sur la noirceur de tes propos. Pour bien les expulser. Pour gratter au fond et t'en débarrasser. Du moins sur l'instant. Peut être a-t-elle fait de même. Pas sur. Sur le coup tu as voulu lui écrire. Et puis tu es resté muet devant ton écran. Que lui dire. Tu n'aimes pas quand tu ne trouves pas les mots, quand tes pensées restent bloquées en toi. Alors voilà, tu jettes ces quelques phrases de rien que personne ne comprendra parce qu'ils n'auront pas lu son histoire. Et tu vas mettre ton blouson, parce qu'il fait décidément trop froid dans ce bureau…

"Oh Sebastian wrote his diary that
He would never be young again
But you will
Fellow, you are ill
You'd better take a weight off of your mind and listen
To what other people say
Cause things are going wrong your own way"

Belle & Sebastian : Belle & Sebastian

Kill Me Sarah | 10:26 |


dimanche, septembre 28, 2003

Fragment d'autoportrait #16

"La ville cache tant qu'elle peut ses foules de pieds sales dans ses longs égouts électriques. Ils ne reviendront à la surface que le dimanche. Alors, quand ils seront dehors, faudra pas se montrer. Un seul dimanche à les voir se distraire, ça suffirait pour vous enlever à toujours le goût de la rigolade."
Céline : Le voyage au bout de la nuit

Il y a des dimanches comme ça où tu as l'impression de pourrir sur pied. Pourtant ces dimanches ne sont que ce tu en fais. Rien. A quand remonte le dernier dimanche agréable que tu aies passé? Et puis cet ennui qui étouffe les mots comme le reste... Alors il n'y a plus qu'à attendre la nuit, ou tu ne sais quoi ou qui. Sur la radio, Adam Green chante "Jessica, Jessica Simpson, you got it all wrong". Pas certain qu'elle soit la seule...

Kill Me Sarah | 18:36 |


samedi, septembre 27, 2003

Fragment d'autoportrait #15

Au hasard, dans les rayons, tu tombes sur un livre de Christian Bobin d'occasion. Tu ne sais trop que penser de Bobin. Parfois tu le trouves touchant, parfois maniéré. Enfin peu importe. Comme tu le fais souvent, tu ouvres le livre au hasard et tu en lis un paragraphe. Et là tu lis ce passage qui t'interpelle. Quel crédit donner à ses mots? N'empêche qu'ils viennent te démanger quelque part, comme un insecte malicieux qui se serait glissé sous ta chemise et que tu n'arriverais pas à chasser...

"La solitude est une maladie dont on ne guérit qu'à condition de la laisser prendre ses aises et de ne surtout pas en chercher le remède nulle part. J'ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d'être seuls et demandent au couple, au travail, à l'amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l'amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d'être seuls fait d'eux les personnes les plus seules au monde."

Alors finalement, pour essayer de ne pas trop tourner ça dans ton esprit un samedi après-midi, tu remets le dernier album d'Adam Green. Puisque tu n'as parfois que des chansons pour te parler, autant écouter les voix agréables de Jessica, Hard to be a girl, Broken joystick, I wanna die. Parce que, comme le dit fort justement Mister Scrima, ses chansons ont une candeur désarmante. Et puis parce que We're not supposed to be lovers et Bungee te transportent par leur douce mélancolie.

Une protection contre toi-même? Ce disque, comme les autres n'en est certainement pas une. Tant pis, tu as toujours su que tu étais ton propre ennemi. En espérant que cela ne te rend pas trop infréquentable.





Kill Me Sarah | 17:55 |


vendredi, septembre 26, 2003

"Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas : la solitude, l'indifférence, la patience, le silence."
Georges Perec : Un homme qui dort

Kill Me Sarah | 14:50 |


jeudi, septembre 25, 2003

Fragments d'autoportrait #13 & 14

Tu es fatigué. La fatigue mais peut être aussi la lassitude t'envahit. Tu voudrais du temps, toujours du temps. Ce temps devient obsessionnel. Tu voudrais du temps pour parler aux filles. Il te faut toujours beaucoup de temps pour ça. Du temps pour écrire aussi. Tu en as envie. Ecrire une drôle d'histoire, un peu idiote mais peu importe, ta vie est idiote parfois. Elle commence à germer dans ton esprit cette histoire mais… le temps manque pour y penser plus et commencer à coucher les mots sur le papier virtuel de l'ordinateur. Et puis serrer contre toi une fille à qui tu aurais parlé là juste au dessus. Oui, bien sur, dis comme cela ça fait sourire. Peu importe. Il te faudrait du temps pour sourire sous les rayons du soleil également, pour effacer la fatigue…

"Time is a jet plane, it moves too fast
You've known it all the time, I'm learnin' it these days."

Bob Dylan : You're a big girl now

Kill Me Sarah | 10:03 |


mardi, septembre 23, 2003

Nouveau programme sur la KMS Radio-Blog.
Une sélection hétéroclite, assez acoustique, qui contient quelques perles (Hederos & Hellberg, Dylan, M.Ward, Adam Green). Des chansons plutôt tranquilles à écouter le soir...
Tu ne sais pas s'il y a grand monde qui vient écouter tes chansons. Ce n'est pas toujours facile de rentrer dans les chansons d'un autre. Et puis ces sélections tu les fais d'abord pour toi, tu es ton meilleur client. Mais tu aimes beaucoup celle-ci qui a une atmosphère très douce et assez mélancolique. Peut être qu'il y a un peu de toi dans tout ça, peut être pas, difficile à dire...

Kill Me Sarah | 21:18 |




Et c'est reparti. Le sommeil quitte le navire... pourtant tu es fatigué, mais pas moyen de mettre la main sur le bouton off. Tu aurais bien voulu savoir pourtant. Si tu allais encore rêver d'elle cette nuit. Parce qu'il était agréable le rêve d'hier. Ca fait pourtant un paquet d'années que tu n'as plus de ses nouvelles. Et la nuit dernière elle est apparue. Comme ça. De façon un peu étrange. Dans cette maison à flanc de montagne avec sa terrasse en bois dominant la vallée. Avec sa pièce principale et sa grande table où elle n'était là que pour toi. Toute la journée tu t'es dit qu'il fallait que tu lui écrives. Il y a peu de chances que ta lettre arrive, elle a du déménager. Mais peut être essayer. Pour la revoir. Pour lui dire ce que tu n'as jamais réussi à lui dire auparavant. C'est idiot, forcément idiot mais... Tu souris. Tu penses à Rob dans High Fidelity. Tout ça à cause d'un rêve. En fait tu as envie de lui raconter ce qui passait dans cette maison dans la montagne la nuit dernière. C'est crétin. Qu'est-ce qu'elle peut bien en avoir à faire de ton rêve? Après tout ce temps. C'est trop tard. Mais revoir ses yeux bleus, son sourire, entendre à nouveau sa voix un peu rauque... foutu rêve...
Alors tu prépares un nouveau programme pour la radio, tu le mettras en ligne demain, enfin aujourd'hui, ce soir. Peut être que tu devrais graver ces chansons et mettre le CD avec ta lettre... que se dirait-elle en écoutant ces chansons... tu ferais mieux d'aller te recoucher...

Kill Me Sarah | 01:53 |


lundi, septembre 22, 2003

Finalement ils te manquaient. Tu les avais laissés de coté depuis trop longtemps. Le fait d'avoir acheté un vinyl hier t'a donné envie d'écouter certains albums sous cette forme plutôt que leur réédition CD. Bien sur, il y a probablement un petit coté "madeleine de Proust" sous ces petits craquements, sous ce geste oublié de se lever pour aller retourner le disque, de poser le bras avec ce bruit sourd caractéristique, sous ce clic du diamant sur le sillon à la fin du disque.
Tu te souviens que la première fois que tu as écouté ta réédition de Physical Graffiti de Led Zeppelin tu as été un peu perdu. A la fin du premier morceau, il manquait ce craquement du à une rayure malencontreuse que tu connaissais par coeur et qui rythmait la fin de la chanson Save me a slice of your custard pie... clac... Save me a slice of your custard pie... clac.... Cette chanson tu ne la connaissais qu'avec ce "clac". Pour toi, il faisait partie de la musique. Ou comme ce Lou Reed que tu viens de mettre. Tu avais oublié qu'In Berlin, by the wall, you were five foot ten inches tall, it was very nice... avait une autre saveur avec ses craquements. Ou plutôt une saveur oubliée. Sans parler du fait qu'il n'y avait pas besoin de lunettes pour lire les notes de pochette. Par facilité, pour le coté pratique des CD, pour tu ne sais quelle autre raison tu les avais délaissés et depuis hier tu les retrouves avec plaisir.
Nostalgique? Quelque part certainement. Mais ces disques vinyls ont une chaleur particulière, ils sont vivants, perfectibles, vulnérables, fragiles. Humains en quelque sorte. Et tu n'as jamais aimé la perfection.

Kill Me Sarah | 21:26 |


dimanche, septembre 21, 2003

Ca tourne. Les gens, les manèges. A la kermesse hier après-midi, à la brocante ce matin. Tout tourne. Parfois tu n'entends plus rien. Les sons ambiants disparaissent. Dans un film tout se mettrait à bouger au ralenti. Tu cherches des regards dans la foule. Tu as l'impression de te draper dans l'irréalité. Comme si tu évoluais au milieu de spectres sans âme. Et puis tu rentres à la maison. Et les disques tournent sur la platine, et tu tournes les pages des livres, et les pensées tournent dans ta tête, et tu te sens terriblement immobile. Statique. Comme figé. Tu as fini par acheter un vieux vinyl ce matin. Une bouffée de nostalgie. Un vieux Gérard Manset pas écouté depuis des années. Les images de l'été 1975, de ces vacances ennuyeuses, te reviennent en mémoire, de cette époque où tu as commencé à creuser des fossés entre toi et le monde qui t'entourait. Tu as mis le disque sur ta platine. Et comme le reste, il tourne...

Kill Me Sarah | 13:59 |


samedi, septembre 20, 2003

Prime time à Matignon dans Libération aujourd'hui. Et tout de suite on comprend mieux :

"En quelques mois, l'ancien producteur à succès, grand manitou de la télé-réalité à la tête du groupe Expand (Fort Boyard, Koh Lanta, Popstars), est devenu le metteur en scène de la politique gouvernementale."

A lire. C'est édifiant.

Kill Me Sarah | 09:46 |


vendredi, septembre 19, 2003

Fragment d'autoportrait #12

La lecture de l'excellent Bright lights, big city de Jay McInerney a été une expérience étrange pour toi. Même si ce n'est pas le seul livre écrit à la deuxième personne du singulier que tu aies lu, c'est le premier depuis que tu uses et abuses de ce "tu". Tu te sentais comme chez toi dans ses mots, dans ses tournures de phrases. Comme de retrouver un endroit où l'on a ses habitudes. Tu as ressenti de manière d'autant plus forte les sentiments d'implication, d'interpellation qu'entraînent l'emploi de cette deuxième personne, de par l'usage quasi-quotidien que tu as de celle-ci. En dehors de ce choix stylistique, Bright lights, big city reste un livre fort, prenant, et qui donne envie d'aller arpenter les rues New-Yorkaises.

"Mais il ne te reste à présent que l'angoisse de voir ta vie se faner sous tes yeux, comme un livre lu trop vite, qui n'aura laissé qu'une poussière d'émotions et d'images destinées à s'effacer, pour n'être plus qu'un nom dans ta mémoire."

Kill Me Sarah | 21:44 |


jeudi, septembre 18, 2003

A l'occasion de l'opération Lire en fête, pointblog lance une initiative intéressante : le Biblioblog.
Il s'agit de citer dans ce cadre, ses trois livres préférés, ceux que l'on serait succeptible d'emmener sur une île déserte (totalement utopique, comment survivre sur une île déserte avec seulement trois livres!!! et tu ne parles même pas des disques...). Néanmoins voici ton choix. Si le premier ne suscite aucune hésitation, le choix du 2ème et 3ème est tout de suite beaucoup plus difficile :

1. Louis Ferdinand Celine : Le voyage au bout de la nuit (parce qu'il n'y a rien de plus fort)
2. Jack Kerouac : Sur la route (pour le rêve, pour la route, pour la folie...)
3. Vladimir Nabokov : Lolita et Antoine de St Exupéry : Le petit prince (peux pas faire autrement, impossible, désolé...) (Nabokov pour l'écriture, pour le style, pour le plaisir de l'interdit et Le petit prince pour le rêve, l'humanité et l'humanisme)

Discrètement dans les poches du pantalon, mine de rien :
Nick Hornby : Haute fidélité (oui il faut que ça soit en français...)
Philippe Besson : Son frère

Et en risquant l'excédent de bagage :
John Steinbeck : A l'est d'Eden, Les raisins de la colère
James Joyce : Ulysse
Franz Kafka : Le chateau
Hubert Selby Jr : Le démon, Last exit to brooklin
Albert Camus : La peste
George Orwell : 1984
John Kennedy Toole : La conjuration des imbéciles
Abe Kobo : La femme des sables
Cioran : Sur les cimes du désespoir
Patrick McGrath : Spider
Henry Miller : Tropique du cancer
Jean Paul Sartre : La nausée
Philippe Jaenada : Le chameau sauvage
Boris Vian : L'écume des jours
Marcel Proust : A la recherche du temps perdu (parce que tu ne l'as pas encore lu et que sur l'île déserte tu auras le temps)
...

Kill Me Sarah | 21:59 |





Fragment d'autoportrait #11

Tu songeais à ce tableau de Salvador Dali hier, et tu te disais qu'il y avait une (modeste) analogie entre cette page et ce tableau.
Ces posts, ces histoires (ainsi que les photos) sont en fait des fragments dispersés, éclatés, parfois distordus, de ton existence, de ta personnalité.
Pris individuellement, ils ne représentent pas grand chose, n'ont pas toujours grande signification ou ne sont que des détails sur lesquels tu focalises l'attention. Mais pris dans leur ensemble, et avec un peu de recul, ils finissent par dessiner l'esquisse de ton portrait.
Un portrait plein de blancs, de vides, que peut être certains tentent de combler en imaginant leur propre version de l'histoire.

"The reason that some portraits don't look true to life is that some people make no effort to resemble their pictures."
Salvador Dali



Hum... à la relecture, tout ça parait bien pompeux...





Salvador Dali : Gallatée aux spheres

Kill Me Sarah | 10:25 |


mercredi, septembre 17, 2003

Fragment d'autoportrait #10

Il y a un vieux dicton qui dit : Qui voit ses veines voit ses peines. Il semblerait que dans ce cas tu ne sois pas au bout des tiennes. Cela dit, il faudra que l'on t'explique le rapport entre les deux...

Kill Me Sarah | 13:23 |


mardi, septembre 16, 2003

Pale Blue Eyes

Il est seul chez lui. Encore une soirée seul. Il y a des choses qu'il pourrait faire mais il n'en a pas envie. Il voudrait un petit moment agréable pour effacer quelques instants cette solitude qui lui pèse un peu ce soir. Il va se réfugier dans le rêve. Il se lève et se dirige vers l'étagère où sont rangé ses disques. Il hésite un peu devant ses piles de CD mais plus pour la forme qu'autre chose. Il voulait être certain que le disque auquel il pensait serait le bon. Il prend le CD par les bords pour l'extraire de son boîtier, place son index dans le trou central, et le pose sur le tiroir de la platine. Il appuie sur le bouton play et retourne vers son canapé pendant que les premières notes s'élèvent dans la pièce. Il s'assoit, ferme doucement les yeux, se laisse un peu porter par la musique et les images se mettent en place.
Il rêve. Il rêve d'elle. Il imagine qu'elle vient juste de partir, de rentrer chez elle après avoir passé un moment avec lui, un moment de tendresse, un moment de passion. Il ne veut pas vraiment imaginer ce qui a pu se passer avant qu'elle ne parte, une sorte de superstition stupide. Il ne veut imaginer que cet "après". Il préfèrerait rêver qu'elle reste avec lui mais il sait qu'elle doit aller le retrouver. Il rêve, mais il ne peut faire abstraction de la réalité, c'est ce qui rend son rêve si palpable. Et il sait qu'elle n'est pas libre. C'est peut être aussi pour cela qu'il imagine cette histoire, par peur de la vivre. Il ne sait que trop comment ces histoires se terminent, du moins les siennes. Il n'est pas certain d'avoir bien recollé tous les fragments qui se sont brisés en lui la dernière fois. Alors quand il la croise dans les couloirs au bureau, il essaye de masquer son désir derrière l'amitié, derrière la sympathie. De toute manière il croit qu'il ne l'intéresse pas, enfin il croit savoir. Il sait surtout qu'elle le rendrait fou, même s'il n'a besoin de personne pour tutoyer la folie.
Mais là il rêve. Il pourrait rêver d'une autre, de n'importe qui, s'inventer n'importe quelle histoire plus simple. Mais c'est d'elle qu'il veut rêver. Et dans son rêve elle vient de partir. Il peut encore sentir son parfum. Il peut encore sentir la douceur de ses caresses sur sa peau. Il est tellement dans son rêve, qu'il en a presque peur que son histoire se termine alors qu'elle n'a même pas commencé. Mais il n'en a même plus conscience. Il ressent presque cette douce euphorie qui vient bercer ces moments là. Cette douce sensation de félicité. Et il recommence son rêve. Pour ressentir à nouveau ces sensations enivrantes. Elle vient juste de partir...

Et puis quand le disque se termine il ne s'en rend pas compte immédiatement. Il reste un moment dans le silence. Quand il ouvre les yeux à nouveau, il ne peut supporter le vide de la pièce, de la réalité. Il attrape la télécommande et appuie de nouveau sur play.

Alors, les paupières closes, il replonge dans sa rêverie et pense à ses yeux, à ses yeux bleu pâle. Il sourit en pensant à cela, parce qu'il sait que Lou Reed a écrit cette chanson pour une femme aux yeux noisette. Mais quelque part, dans ses rêves, les yeux de celle que l'on aime sont toujours bleu pâle.

"Sometimes I feel so happy
sometimes I feel so sad
Sometimes I feel so happy
but mostly you just make me mad
Baby, you just make me mad

Linger on your pale blue eyes
Linger on your pale blue eyes

Thought of you as my mountain top
thought of you as my peak
Thought of you as everything
I've had but couldn't keep
I've had but couldn't keep

Linger on your pale blue eyes
Linger on your pale blue eyes




If I could make the world as pure
and strange as what I see
I'd put you in a mirror
I put in front of me
I put in front of me

Linger on your pale blue eyes
Linger on your pale blue eyes

[...] It was good what we did yesterday
and I'd do it once again
The fact that you are married
only proves you're my best friend
But it's truly, truly a sin

Linger on your pale blue eyes
Linger on your pale blue eyes"


The Velvet Underground : Pale blue eyes (sur la KMS Radio-Blog)

Kill Me Sarah | 21:42 |




Fragment d'autoportrait #9

"Par hasard et pas rasé
[...]Je m'en vais
Au hasard en rasant
Les murs du cimetière"

Serge Gainsbourg : Par hasard et pas rasé

Kill Me Sarah | 08:13 |


lundi, septembre 15, 2003

Fragment d'autoportrait #8.

"Wake up! It's a Monday morning, No time left to say goodbye" chante Neil Young sur Last Dance. Pas de temps pour bien d'autres choses également. Le travail est trop chronophage.
Tu as fait un rapide calcul. Tu travailles depuis avril 1986, donc depuis 6 375 jours. En considérant que tu travailles en moyenne 215 jours par an, cela fait en gros jusqu'à maintenant, 3 735 jours passés au bureau. Les 6 375 jours représentent 153 000 heures de ta vie. Les 3 735 jours passés au bureau, en comptant une moyenne de 11h00 par jour avec le transport, font un total de 41 085 heures. Si l'on enlève une moyenne de 6h30 de sommeil par nuit aux 153 000 heures, il reste 111 556 heures. Depuis 1986, tu auras donc passé au bureau 37% de ton temps hors sommeil. Même si parfois, comme ce matin, tu n'est pas certain d'y être très réveillé...

Kill Me Sarah | 11:52 |


dimanche, septembre 14, 2003

Tu évoquais le piano jazz hier au travers de cette anecdote touchante, et ce soir, pour changer un peu, tu as envie d'en faire écouter un peu. Tu n'écoutes plus beaucoup de jazz, c'est devenu très rare. Tu as besoin d'une musique qui reflète un peu plus les angoisses et les tensions du monde actuel. Le jazz a correspondu pour toi à une époque particulière qui te semble bien loin maintenant. Mais la danse des doigts des pianistes de jazz sur le clavier noir et blanc a toujours eu quelque chose de fascinant à tes yeux.
Dans ce morceau, Keith Jarrett, accompagné de Jack de Johnette et Gary Peacock, y dévoile une douceur et une émotion très forte, loin de toute virtuosité. La fin du morceau en cantilène est d'une beauté rare que tu oseras qualifier de lunaire et pas seulement parce qu'il s'appelle Moon and Sand. Au milieu, on entend chantonner Keith Jarret pendant qu'il joue. On pourrait penser qu'il chante les notes qu'il joue, alors que c'est l'inverse et cette différence est importante, ce marmonnement n'est que l'expression de son chant intérieur qu'il transmet à ses doigts.
Bien sur, c'est sur la KMS Radio-Blog.

Kill Me Sarah | 22:46 |




Fragment d'autoportrait #7

Tu t'interroges sur celle-ci. Non pas sur le pourquoi? Mais sur le faut-il? Le fait de se poser la question en est d'ailleurs une autre, de question...

"Totally naked, baby
Totally nude
'Cause if I want to
Who's gonna stop me?
I'm absolutely free
Living in the trees"

Talking Heads : Totally nude

Kill Me Sarah | 11:27 |


samedi, septembre 13, 2003

Fragment d'autoportrait #6

Tu t'es déjà demandé comment serait la vie si tu devenais sourd, si tu ne pouvais plus écouter toute cette musique. Peut être continuerais-tu à l'entendre intérieurement, vivant uniquement sur toutes les chansons écoutées dans le passé. Peut être que certaines prendraient une autre dimension. Il y a une anecdote touchante sur Bud Powell, le grand pianiste de jazz, que raconte Francis Paudras dans La danse des infidèles (ce livre n'est même plus édité en france, on ne le trouve qu'en anglais ce qui est un comble et une honte) d'où a été tiré l'histoire de 'Round Midnight de Bertrand Tavernier (même si Bud Powell a été métamorphosé en saxophoniste brillamment interprété par Dexter Gordon).
Bud Powell a souvent été interné dans des hôpitaux psychiatriques. Il faut dire que la chose était courante dans les années 40/50, plus particulièrement si vous étiez noir, jazzmen et de surcroît attiré par des substances illicites. Lors de l'un de ses séjours, où il subissait des thérapies constituées principalement d'électrochocs, comme il ne pouvait plus jouer de ce piano qui était toute sa vie, pour tenter de combler sa détresse, il avait dessiné un clavier sur le mur de sa cellule et laissait ses doigts courir sur ces touches imaginaires, continuant à entendre sa musique intérieurement...

Kill Me Sarah | 19:03 |


vendredi, septembre 12, 2003

Ca doit être le banc. Oui, bien sur, c'est le banc. Parce que l'année dernière tu allais t'asseoir sur des bancs. Tu t'allongeais dans l'herbe aussi. Oui, ça doit être ça. Le banc et l'herbe. Le petit rayon de soleil qui est venu percer timidement les nuages également. Et puis ses quelques mots hier soir. Oui, bien sur, tu ne peux pas le nier. Même si tu inventes des histoires de bancs. Le banc à lui tout seul, il est bien anodin. Sauf si on n'y est pas seul. Là, forcément, le banc prend une autre dimension. Mais tout à l'heure, il n'y avait personne assis dessus, et tu étais seul. Tu ne t'assois plus sur des bancs. Tu ne t'allonges plus dans l'herbe non plus. De toute manière c'est l'automne maintenant, ça devient trop humide pour s'allonger dans l'herbe. C'est l'automne pour plein de choses. Pas que pour l'herbe. Ou les bancs. Pourtant c'est ce banc aperçu en passant en voiture qui t'a fait t'arrêter sur les bords de Marne.
Tu t'es assis sur une pierre. Tu as tourné le dos au banc. Tu as fait comme s'il n'était pas là. Mais tu sentais sa présence dans ton dos. Il te narguait. C'est de ta faute aussi, tu es venu lui tourner autour et puis tu l'ignores. Ca l'a vexé. Et comme tu en as eu vite marre de le sentir ricaner derrière toi, tu es rentré. De toute manière il n'y avait rien à faire au bord de l'eau, à coté de ce banc. Même si en définitive, ça te faisait sourire cette histoire de banc. Mais voilà, si ce soir tu as mis King of Yesterday de Jude, c'est certain, c'est de la faute de ce foutu banc...

Kill Me Sarah | 22:55 |





C'était bien Flòp hier soir à l'abracadabar (les autres aussi d'ailleurs). Ses petites chansons aux textes sautillants comme son jeu de guitare font naître des sourires. A revoir et à réécouter avec plaisir.

Et ça n'a rien à voir mais Johnny Cash est mort hier. The man in black celui qui chantait "But I shot a man in Reno, just to watch him die.", tire sa révérence après Warren Zevon.







Kill Me Sarah | 17:44 |


jeudi, septembre 11, 2003

Il y a quatre ans, tu atterrissais à Boston. Dans l'avion, tu avais relu Sur la route, pour te nourrir de toute cette folie. Tu te souviens de cette chambre d'hôtel où tu l'attendais et de cette porte qu'elle a poussée, elle que tu n'avais jamais vue. Toute la réalité du monde, de ton existence avait disparue ce jour là. Il n'y avait plus que du rêve. Et puis la réalité finit toujours par l'emporter, on n'est pas de taille à lutter contre elle. Parfois tu aimes à penser que ton pull oublié dans ce bar où tu étais allé boire un verre avant qu'elle n'arrive, est toujours sur le dossier de la chaise, comme une trace de ton passage...

"And when I asked her where she headed for
(Back up to Boston I'm singing in a bar)
[...] You're just a memory of a love that used to mean so much to me
You're just a memory girl, you're just a sweet old memory
And it used to mean so much to me"

Rolling Stones : Memory motel

Kill Me Sarah | 13:50 |


mercredi, septembre 10, 2003

Nouvelle programmation sur la KMS Radio-Blog.

Une sélection de chansons provenant d'albums sortis en 2003 (sauf exceptions). Comme d'habitude, en espérant que cela vous fasse découvrir des choses nouvelles.

(Et au passage, Ouahad a également ouvert une radio)

Kill Me Sarah | 21:30 |




Parfois tu as envie de tout laisser tomber. Partir. T'installer sur une île, dans une petite maison, face à l'océan.
Peut être parce que tu as envie de retourner sur l'île aux moines, qui pourtant n'est pas directement sur l'atlantique mais dans le golfe du Morbihan. Mais des souvenirs reviennent, des instants d'insouciance, et tu as envie de retourner sur cette petite île avec ses maisons blanches.
Prendre ton temps. Pour qu'il s'écoule moins vite. Et écrire. Prendre le temps d'écrire. Vivre au travers des mots. T'inventer des histoires, à défaut d'autre chose...

Kill Me Sarah | 11:20 |


mardi, septembre 09, 2003

Fragment d'autoportrait #5

Tu t'interroges. Sur ces photos. Sur le pourquoi. De ces morceaux de toi dévoilés, exhibés même, pourrait-on dire. Tu cherches un "parce que" qui ne vient pas. Tout ça est un peu confus. Mais le silence en lui-même est aussi parfois une réponse. Tu penses souvent que la question est parfois plus importante que la réponse. La question c'est une remise en cause, c'est un doute, c'est un désir exprimé. Une balle que l'on lance en l'air et qui ne retombe pas toujours. Peut être que quelque part, il y a aussi le souhait de voir cette balle rattrapée par une main inconnue. Comme tous ces mots envoyés dans l'éther insondable du net.

Kill Me Sarah | 09:28 |


lundi, septembre 08, 2003

Lu hier après-midi, dans La femme rompue de Simone de Beauvoir :

"Curieuse chose qu'un journal : ce qu'on y tait est plus important que ce qu'on y note"

Kill Me Sarah | 22:14 |




Fragment d'autoportrait #4

Interpol dans la voiture ce matin. Tu laisses la fenêtre ouverte pour que l'air froid s'engouffre dans l'habitacle. Tu traverses la forêt, tu aurais aimé qu'il y ait du brouillard. C'est ce que t'évoque cette musique. Tu aimes le brouillard. Ce cocon blanc qui estompe les contrastes et drape de mystère les paysages.

"I am resenting a position that is past resentment now
I can consider now there is this distance so..."

Interpol : PDA

Kill Me Sarah | 09:37 |


dimanche, septembre 07, 2003

C'est peut être l'automne qui approche à grands pas. C'est peut être autre chose. C'est l'impression d'amorcer la descente sans avoir atteint le sommet de la montagne. C'est se dire que l'on n'aura jamais atteint cette cime, ces hauteurs grisantes. Les dimanches d'automne en pente douce te font vieillir plus vite...

"Tragiquement ma vie se précipite. Et cependant elle s'égoutte en ce moment avec quelle lenteur - heure par heure, minute par minute. Il faut toujours attendre que le sucre fonde, que le souvenir s'efface, que la blessure se cicatrise, que le soleil se couche, que l'ennui se dissipe. Etrange coupure entre ces deux rythmes. Au galop mes jours m'échappent et en chacun d'eux je languis."
Simone de Beauvoir : La femme rompue


"C'est l'âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu'on n'a plus en soi la somme suffisante de délire ?"
Louis Ferdinand Celine : Le Voyage au bout de la nuit

Kill Me Sarah | 11:01 |


samedi, septembre 06, 2003

Sur davidbowie.com :

Which David Bowie single are you?



"though i'm past one hundred thousand miles, i'm feeling very still..."

Kill Me Sarah | 18:11 |


vendredi, septembre 05, 2003

Elle regarde la mer et toi tu la regardes. Elle est seule. Elle est descendue de la dune d'où tu l'observes pour se rapprocher de la mer. Il fait beau mais il y a du vent et quelques nuages. Une étrange solitude flotte en ce jour de septembre. Les touristes sont partis depuis longtemps. C'est aussi pour cela qu'elle est venue. Pour les souvenirs aussi mais pas seulement.
Elle a mis sa petite robe d'été, celle qui lui va si bien et qui se boutonne par-devant. Elle a hésité ce matin, elle ne savait pas laquelle mettre. Puis quand elle a aperçu cette petite robe blanche avec ses légers motifs colorés elle a sourit. Elle se trouve belle dedans. Ce n'est pas tous les jours et aujourd'hui elle voulait se sentir belle. Elle aurait pu mettre sa petite robe noire assez courte qui dénude ses épaules, celle qui lui plaisait tant. Mais pour aller voir la mer ça n'est pas idéal. Ca fait longtemps pourtant qu'elle ne l'a pas mise. Elle aurait aimé savoir si elle attirait toujours le regard des hommes dans sa petite robe qu'elle trouve toujours trop courte et comme une gourde elle est toujours en train de tirer dessus pour la rallonger. Alors elle a mis sa petite robe d'été blanche.
Elle pense au temps, aux petites pâtes d'oies au coin de ses yeux. Et puis elle ne peut s'empêcher de penser à lui. Elle aimait venir là avec lui. Son grand amour. Celui qui l'a consumé. Celui qui n'a laissé que des braises fumantes quand il est parti. Oh elle en a eu d'autres des amours. Des qu'elle croyait solides, des qu'elle pensait voir durer même si ce n'était pas ce qu'elle rêvait mais elle avait envie d'y croire. Des amours qui se sont brisées comme du cristal. Elle se dit qu'elle doit être maladroite avec les choses fragiles. Du coup elle n'ose plus, même si elle voudrait bien être amoureuse. Elle pense à son âge. Elle sait que cela sera de plus en plus dur.
Elle pense à eux. A ces hommes qu'elle a aimés, qui l'ont aimée. Elle voudrait savoir si parfois elle leur manque, s'ils pensent à elle. Elle voudrait tellement que quelqu'un pense à elle. Mais il n'y a que le vent pour passer dans ses cheveux qui ondulent sur ses épaules.
Elle se rapproche de la mer pour sentir le voile léger de l'écume porté par le vent sur son visage. Oh bien sur, elle préfèrerait que cela soit ses mains, ses lèvres qui viennent caresser son visage. Mais elle est contente de sentir cette fraîcheur sur ses joues. Le vent la fait frissonner, elle serre ses bras contre sa poitrine. Elle passe sa langue sur ses lèvres pour sentir le goût du sel et elle reste là, face à la mer, perdue dans sa rêverie.
Tu la regardes et tu te sens tellement proche d'elle, comme si tu te regardais dans un miroir. Tu as presque l'impression de pouvoir la toucher si tu étends ton bras. Peut être qu'elle aimerait sentir tes mains sur ses épaules. Peut être que tu aimerais qu'elle pose sa tête contre ta poitrine...

C'est sûrement pour cela que tu aimes cette magnifique chanson. Parce qu'elle te raconte une histoire, des tas d'histoires. Des histoires qui te parlent.

"summer dress makes you more beautiful than the rest
lovliest girl that i know, and the sweetest
spends her life inside, she thinks she isn't blessed

summer dress separates you from the rest
easiest days of her life have been spent
wonders if she is loved, if she is missed

says a prayer as she's kissed by ocean mist
takes herself to the sand and dreams"

Red House Painters : Summer dress (en écoute sur la KMS Radio-Blog)

Kill Me Sarah | 19:22 |




Fragment d'autoportrait #3

De près, le corps a quelque chose d'effrayant. Comme s'il exprimait un malaise, ou son mal être. Comme de sentir à sa surface, gronder des tourments intérieurs. Cela te fait penser au chant quatrième des chants de Maldoror de Lautréamont :

"Assis sur un meuble informe, je n'ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu'à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d'ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n'est plus de la chair. Cependant mon coeur bat. "

Kill Me Sarah | 09:07 |


jeudi, septembre 04, 2003

Ouahad raconte une belle histoire une nouvelle fois.

"- En somme, qu'est-ce que la vérité ? [...]
- C'est ce qui est entre les mots"

Albert Cohen : Solal

C'est marrant ces objets qu'on voudrait voir tomber. Tu pensais à ça cet après-midi en réunion. M., la nouvelle assistante était venue s'asseoir à coté de toi. Il faisait chaud dans cette salle, les discours ennuyeux. Et puis M. a enlevé sa veste. C'est là que tu as perdu le fil. De la faute à son petit débardeur blanc dénudant ses épaules et le haut de son dos. Dans les reflets du soleil, tu voyais son léger duvet blond courant le long de sa colonne vertébrale. Mais c'était son épaule qui te fascinait le plus, tu adores les épaules. Les rayons du soleil venaient en biais la caresser, révélant le grain de sa peau. En suivant la courbe de son bras, tu as noté qu'elle jouait avec son stylo, qu'elle posait en équilibre précaire sur le rebord de la table. Ses longs doigts fins le rattrapaient à chaque fois qu'il rompait sa ligne d'équilibre et menaçait de tomber. Et pendant tout le temps qu'a duré ce jeu, tu n'as espéré qu'une chose, que le stylo tombe. Tu étais prêt à le rattraper au vol, ou par terre si tu n'avais pas le geste assez prompt. Espoir fugace d'un contact éphémère. Mais le stylo n'est jamais tombé et elle a fini par le reposer sur la table. Alors tu es revenu aux douces courbes de son épaule... Et ce soir tu lis son histoire d'objets qui tombent ou ne tombent pas, qui finissent par tomber, et ça t'a fait sourire. Comme lorsqu'elle a passé la tête dans ton bureau avec un grand sourire, pour te dire à demain. C'est la première fois qu'elle passe comme ça...

Kill Me Sarah | 22:04 |




Comme Yaccs est toujours dans les choux, mise en place d'un système provisoire de commentaires.

Sinon, très content d'avoir pu rencontrer certaines personnes hier soir à Paris Carnet, content surtout de découvrir ces êtres humains qui existent et vivent derrière leurs pages et désolé de ne pas avoir eu le temps de parler avec d'autres. Ca faisait longtemps que tu n'avais pas vu autant de monde...

Kill Me Sarah | 10:56 |


mercredi, septembre 03, 2003

Fragment d'autoportrait #2.

Cela te fait penser à un album d'Hubert Félix Thiéfaine, Fragments d'hébétude. Ca n'en est peut être pas très loin...

"soleil écorché
vestiges éventrés
corps décapités
squelettes éclatés
fragments de silence
dans la transparence
ouatée des écrans"


H.F.Thiéphaine : Bruit de bulles

Kill Me Sarah | 10:06 |




La voix de velours de Marvin Gaye tente vainement de réchauffer l'atmosphère. Tu gèles ce soir, le froid te glace les os. Tu n'es pas certain que la seule température soit responsable de cet état. Il y a autre chose. Ou plutôt rien. La froideur du vide. Passé, présent, futur hypothétique, tout se mêle en toi dans un tourbillon stérile. Et froid. Ce soir, il fait définitivement trop froid...

"Everything
As cold as silence
And you will never say a word"

Cure : Cold

Kill Me Sarah | 00:35 |


mardi, septembre 02, 2003

Un besoin de se dévoiler probablement. Enfin, plutôt l'illusion de se dévoiler. Ca doit venir de là. Par l'image, plutôt que par les mots. C'est pour cela que ce n'est peut être qu'une illusion. Que dévoile un corps, un visage. Les mots en disent souvent bien plus. Le paradoxe est peut être là. Dévoiler son corps petit à petit pour masquer son âme. Tu ne sais pas. Exhiber ton corps par morceau après avoir exhibé certains de tes sentiments. Un parallèle avec cette page. Peut être. Tu n'arrives pas à trouver la raison exacte. Mais l'idée t'es venue hier soir, subitement. Alors tu débutes aujourd'hui une série d'autoportraits fragmentés sur le photoblog.

Kill Me Sarah | 09:11 |


lundi, septembre 01, 2003

La personne qui est arrivée sur ta page en cherchant univers carcéral de la volaille dans Google a du être légèrement surprise. Ou alors il y a une métaphore cachée dans tes propos que tu ne soupçonnais pas...

Kill Me Sarah | 14:29 |




Des fantômes sont venus visiter tes songes la nuit dernière. Amours déçues, déchues, perdues, elles semblaient toutes s'être données rendez-vous hier soir. Tu t'es pourtant réveillé deux fois mais, à chaque fois, le rêve recommençait, d'une manière différente certes, mais toujours avec ces filles qui semblaient te narguer par leur présence. Et toi tu tournais autour, tu essayais vainement de te faire remarquer.
Il y avait une fille qui était plus présente que les autres, comme si elle était en couleur et les autres non, sûrement à cause de sa chevelure blonde. Pourtant tu n'as plus de nouvelles depuis plus de quinze ans et il ne s'était jamais rien passé entre elle et toi. Etrange et inquiétant. Le pire étant certainement ce sentiment de culpabilité que tu semblais ressentir vis à vis d'elles. Comme si tu étais parti sans payer l'addition, même si c'est toi qui leur courais après…

"Everyone i recognize looks at me like i am lost
Walking down these dire streets
I thought i heard you call my name
But it's only in my head
Or maybe it was just your ghost"

Joseph Arthur : Exhausted

Kill Me Sarah | 10:24 |


Ego
Sexe : M / Age : 44
Profession : Aucun interet
Situation : Helplessly Hoping

14 jours à La Baule (Pdf)

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Andrew Bird : The Mysterious Production Of Eggs
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Antony and the Johnsons : I'm a bird now
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