I hate myself for lovin' you and the weakness that it showed. Bob Dylan
Voilà. C'est fini. Mes mains ne te feront plus l'amour. Je ne t'écrirai plus. Je n'écrirai plus. Tout court. C'est fini. Tu ne laisses de mon coeur et de mon âme qu'un tas de cendres déjà froides. On croit mourir. Mais finalement non. C'est encore pire. Voilà. C'est fini...
Le futur ne fera plus un passé acceptable il est trop tard. Je voulais t'écrire une lettre, une lettre d'amour, parce que le miroir sur lequel je traçais mon désir s'est brisé. Il y avait ce temps ce matin, une pluie dégoulinante à pleurer sur place, assis sur le pavé gris et suintant. Comme si là-haut ils s'étaient dit que le soleil serait une provocation aujourd'hui. Je suis en morceaux. Déconstruit depuis trop longtemps. Je ne suis plus qu'un assemblage de segments disparates et mal ajustés. Tu ne m'as pas laissé le temps de me reconstruire. Le vent se glisse entre mes cotes, j'ai connu des épouvantails au milieu des champs d'hiver en jachère, rongés par des vers blancs et gras.
Depuis une semaine je vois des lames électriques trancher ma chair intime, je ne peux plus continuer à te parler. Si seulement les fantômes de ton corps offert venaient me frôler de leurs brumes délétères, si mes doigts et ma langue pouvaient encore remonter le velours de tes cuisses jusqu'à ta source, mais sur les meubles vermoulus des chambres abandonnées, il n'y a plus que la fine poussière acre des amours calcinées. J'ai beau crier la nuit, j'ai beau crier, même le diable ne se déplace plus. Mon âme décrépite n'a même plus la valeur de ses turpitudes. L'autre nuit, j'ai mis de la musique. Fort. Et les arbres dehors en ont frémis, je le sais, je les ai entendus crier et se glacer d'effroi.
J'ai cru voir ma propre enveloppe l'autre jour, fixée au mur par des pointes oxydées. J'ai repensé au portrait de Dorian Gray. J'ai même cru un instant que j'existais encore. Et puis j'ai vu que je n'étais plus que l'image figée que ton esprit a gardée quand tu es partie avec lui. Parfois la nuit, je pourrais rêver de tes doigts caressant les craquelures de mon vernis écaillé, comme s'ils voulaient vérifier le souvenir de mon corps dans leur chair tendre. Je pourrais rêver que je sens ta paume sur ma joue, dans mon cou mais le vent qui s'infiltre par les interstices des fenêtres au bois gonflé par l'humidité, fait frissonner mon épiderme qui palpite, à moins que cela ne soit ces résurgences de félicités charnelles qui me font nourrir la mandragore.
Un jour, un jour ou deux, je lacèrerais ce tableau de mes ongles plein de la terre du jardin où j'ai creusé pour chercher ton coeur que je n'ai pas trouvé. Je lacèrerai ce tableau juste pour voir si ma peau partira en lambeaux comme mes rêves décatis.
Il fait froid sur la pierre nue mais l'absence est bien pire. Une nuit sous la lune où l'herbe sera devenue blanche, je descendrai l'escalier aux marches ébréchées, j'irai dans le jardin au milieu des statues et j'enlacerai leur corps de pierre jusqu'à ce que mes bras et ma poitrine saignent, puis j'irai m'allonger dans l'étang glacé au milieu des nénuphars et j'attendrai patiemment qu'il y en ait un qui veuille bien me pousser dans le coeur, il y a toute la place nécessaire maintenant...
Je m'étais assis près de la rivière pour t'écrire une lettre d'amour, pour te dire je t'aime une dernière fois, mon âme a dû s'égarer. Je voulais t'écrire une lettre, mais le papier humide partait en lambeaux sous ma plume, alors j'ai gravé les mots dans ma chair. Tu ne les liras pas. Le futur n'est déjà plus un passé acceptable.
Devendra Banhart : Cripple crow
dEUS : Pocket revolution
Sufjan Stevens : Illinois
Broadcast : Tender buttons
Wire : Chairs missing
Animal Collective : Feels
Elliott Smith : Basement II (démos)
John Cale : Black acetate
Xiu Xiu : Life and live
The Fall : Fall head rolls
Clash : Sandinista
The Appartments : A life full of farewells
Sonic Youth : Goo
Smog : A river ain't too much to love
The Auteurs : New wave
Fugazi : The Argument
David Bowie : Hunky Dory
Lou Reed : Leave us alone (bootleg)
Radiohead : Kid A
The National : Alligator
J.L Murat : Lilith