vendredi, mai 13, 2005
SONG 317 : Neil Young : Hey hey, my my (Album Bootleg : Amsterdam 89 )
"Plus personne ne doit venir par ici... même pas toi... ça ressemble à ces usines abandonnées, envahies par les herbes folles se mêlant au métal rouillé... je peux bien raconter ce que je veux du coup, personne lira... j'ai des souvenirs d'enfance avec du métal rouillé, des engins abandonnés, des tôles déglinguées, pourquoi y en avait-il partout avant et plus de nos jours... j'en avais plein les doigts à chaque fois que je les touchais, tous ces objets rouillés qui gisaient au milieu des herbes folles... on dirait ma vie maintenant... j'en avais plein les doigts de ces particules de rouille, et ça laissait une odeur, tous ces fragments oxydés... j'ai l'impression d'avoir grandi au milieu de ça... c'est peut être pour cela que la rouille je l'ai dans le coeur et surtout aujourd'hui si tu savais comme il y a des jours où j'ai le coeur rouillé... je peux bien raconter ça ici maintenant, c'est à l'abandon... peut être que j'ai toujours aimé ces lieux déserts où il ne reste plus que quelques traces du passage des hommes... des traces rouillées sur lesquelles je venais poser mes doigts... peut être que j'espérais en posant mes doigts dessus qu'il sortiraient de leur torpeur tous ces bouts de métal comme j'espère parfois animer le coeur des filles en posant mes mains sur leur corps...
Oui j'ai des souvenirs d'enfance remplis d'herbes folles et de métal rouillé... boogie rouillé, hurlement sourd... c'est peut être pour ça oui, que de la rouille j'en ai plein le coeur maintenant... peut être à cause des larmes aussi... il y a des jours où je sens que ça gagne, y a pas que le coeur, le reste suit... ça ronge... "it's better to burn out than it is to rust"... je crois bien qu'il est trop tard... c'était plein d'orties aussi, sur lesquelles je me piquais les cuisse, je suis d'une époque où l'on habillait encore les petits garçons avec des culottes courtes, pas pratique pour traîner au milieu des orties... peut être que ça m'attirait toute cette rouille, peut être que sans m'en rendre compte c'est ma future vie désagrégée que je touchais du doigt... et ça laissait des traces... va pas attraper le tétanos qu'elle disait la grand-mère, va pas te couper sur ces saloperies qu'on sera obligé de t'emmener à l'hôpital pour te faire des piqûres... mais j'y retournais, tout le temps, à essayer de manoeuvrer ces commandes bloquées, à faire gronder les plaques de tôles pour jouer à l'orage et sur mes doigts, toujours cette poussière ocre de métal en décomposition... ça a une odeur la rouille, une odeur un peu rance, une odeur de vieux... y en a plus maintenant de terrains vagues avec des vieilles carcasses rouillées... c'est fini... on l'a dans le coeur la rouille, dans le coeur, tellement pourri, que si j'y mets le doigt je vais passer au travers...je peux bien raconter ce que je veux, y a plus personne qui passe ici, même pas toi...
Ce que j'ai pu me piquer les jambes, les mains sur ces orties mais j'y retournais toujours... le coeur des filles il pique encore plus fort que les orties mais j'y retourne toujours, pour avoir leur odeur sur le bout des doigts... elles disparaissent aussi, comme les terrains vagues, comme tous ces objets rouillés que j'allais toucher laissant ces petites particules, cette poussière de métal sur mes doigts, qu'il ne fallait pas se frotter les yeux ensuite, pour ne pas s'en mettre sous les paupières que c'en était un cauchemar pour les enlever, comme ça faisait mal bon sang... tiens comme les souvenirs des filles c'est pareil... ça fait mal à chaque fois qu'on cligne les yeux, un supplice, c'est tellement dur à faire partir, même après on sent toujours la douleur... c'est peut être pour ça, à force, que la rouille elle est dans le coeur, on a trop pleuré c'est pour ça, tout est oxydé... je peux bien raconter ce que je veux, y a plus personne ici, je peux m'asseoir dans l'herbe et pleurer, personne me voit... parce qu'aujourd'hui j'en ai envie oui et même que ça ne me fera pas rouiller plus..."
Kill Me Sarah, mardi, ailleurs, parce que...
Kill Me Sarah
| 19:08 |
|