Il pleut et tu n'es pas surpris. Tu te doutais qu'il allait pleuvoir, tu avais mal au bras hier soir au concert de Jonathan Richman. Depuis ton accident, tu deviens comme les vieillards, ton bras t'annonce la pluie un jour avant. Tu mets Dongs of sevotion. Tu ne l'as pas écouté depuis longtemps mais tu es tombé en arrêt devant la version vinyle hier soir tard. Alors ce matin tu l'écoutes en buvant ton thé au lait. Cet album est toujours aussi superbe. Il pleut et tu t'en fiches. Tu vas à Paris. Besoin de mouvement, besoin de croiser du monde, peut être des jolies filles, même pour rien, pour leur sourire comme cela, discrètement, presque de façon complice, mais tu n'as pas trop d'espoir.
Il pleut toujours. Tu sens les gouttes s'écraser dans tes cheveux tandis que tu marches sur les trottoirs humides du quartier latin. Il y a une légèreté dans tes pas, un dynamisme dans ta démarche. Tu le sens depuis quelques temps déjà. Un allant nouveau. Totalement stérile mais nouveau. Tu noircis ton index à force de faire défiler les disques vinyles dans les bacs de chez Crocodisc. Un Talking Heads, un Neil Young et un Jonathan Richman. Excellent d'ailleurs hier soir au café de la danse, vibrionnant, émouvant, facétieux, un peu cabotin également, merveilleux. Il pleut nettement moins et t'en fous toujours autant. Tu repars avec tes achats au bout de ton bras. Encore, toujours des disques. Tu ne sais même plus si le terme substitut affectif peut encore avoir une signification à ce point. Addiction semble plus approprié. Tant pis. Comme tu le disais hier soir, tu ne fumes plus, tu ne baises fais plus l'amour. Il faut bien qu'il reste quelque chose. Alors autant acheter des disques. Ca ne compense rien mais ça te fait plaisir. D'ailleurs tu ne résistes pas à cette magnifique réédition de Loveless en vinyle 180gr chez Gibert. Il n'y avait pas de jolies filles seules. Il ne pleut plus et tu remontes la rue Saint Jacques. La tête foisonnante de mots perdus presque immédiatement. Tu aimerais avoir un appareil qui te permette de transcrire automatiquement tes pensées sur une feuille de papier blanc. Pour ne pas laisser perdre tes mots émergeant de ton esprit comme des bulles d'air crevant la surface de l'eau. Et puis penser à aller voir l'exposition Francis Bacon dont tu apperçois une affiche du coin de l'oeil. Il se remet brièvement à pleuvoir et ça te plait. C'est un samedi que tu devrais passer à te balader dans les rues de Paris. A regarder la vie qui s'écoule lentement. A marcher sous le ciel gris. Pour s'imprégner de cette atmosphère un peu particulière. Pour la petite odeur de poussière mouillée qui flotte discrètement. Pour regarder les filles. Quoique. Tu ne sais pas si tu dois essayer de croiser le regard de ces filles qui ne te remarquent pas. Tu souris mais tes sourires sont vains. Tu ne sais que faire. A part marcher sur les trottoirs gris. La pluie s'est arrêtée de nouveau et finalement tu es rentré.
Dresden Dolls : Dresden Dolls
Andrew Bird : The Mysterious Production Of Eggs
The Arcade Fire : Funeral
Rufus Wainwright : Want two
Nirvana : When the lights out
Eels : Blinking lights and other revelations
Beck : Guero
I am Kloot : Gods and monsters
The Smiths : The world won't listen
Hood : Outside closer
V.a : Golden apples of the sun
Jude : Sarah
Antony and the Johnsons : I'm a bird now
Black heart procession : 2
Lou Reed - John Cale : Songs for Drella
Pinback : Summer in abadon
Blonde Redhead : Melody of certain damaged lemons
Joy Division : Closer
Otis Redding : The definitive Otis