C'est étrange ces chansons qui reviennent parfois du fond de la mémoire. Ces chansons et les souvenirs qui leurs sont associés. Ce soir en rentrant de Paris, dans le métro et sur le trottoir humide de Charenton, en allant rechercher ta voiture, il y avait une mélodie et des paroles qui flottaient dans ta tête. D'où tout ça est revenu, tu ne le sais pas. Peut être parce que l'on est en décembre. Point Blank de Bruce Springsteen tournait et retournait en toi. Et tu t'es souvenu de ce mois de décembre 1980. De cette période entre noël et le jour de l'an où cet album tournait inlassablement sur ta platine, surtout le deuxième disque, surtout la troisième face. Cette face qui commençait par Point Blank justement. C'est étonnant comme quelques notes de musiques, juste quelques notes entrecoupées de silence plus ou moins long peuvent susciter autant d'émotions. C'était ton premier noël sans ton père, décédé six mois plutôt. Ta mère était partie quelques jours en famille après le réveillon de noël et tu avais la maison pour toi. Tu te souviens que tous les soirs, tard, avant de te coucher tu écoutais ce disque. Parfois juste pour cette chanson. La maison était sinistre dans la froideur de ce mois de décembre gris et pluvieux. Sinistre aussi par ces vides qui la remplissaient. Tu venais juste d'avoir vingt ans. "That always end up point blank, shot between the eyes, Point blank like little white lies you tell to ease the pain". Tu n'étais pas certain de bien comprendre le sens des paroles mais la musique te touchait par dessus tout. Il y avait les autres chansons aussi. Fade Away, Stolen Car, Drive all night... Mais Point blank était au-dessus des autres pour toi. Point blank que tu chantonnais intérieurement tout à l'heure pendant que la pluie balayait ton visage. Tu repensais à cet appartement vide, tu pouvais presque en ressentir l'ambiance terrible de ces quelques jours où tu étais resté enfermé là parce que tu ne voulais voir personne. Ces cadavres de bouteilles alignés dans la cuisine. La voix de Bruce qui s'élevait entre les murs de ta petite chambre, toutes lumières éteintes pour te laisser encore plus envahir par la musique, par ce piano. "You just turned, and then you looked away like just another stranger waitin’ to get blown away". A bout portant. Tu n'avais pas compris à l'époque que c'était encore l'histoire d'une fille qui venait de partir. "That always end up point blank, shot between the eyes". Pour une fois tu n'associes pas cette chanson à une fille. Elle te fait juste penser à toi. A toi qui finis toujours par être touché, d'une manière ou d'une autre. A bout portant.
Dresden Dolls : Dresden Dolls
Andrew Bird : The Mysterious Production Of Eggs
The Arcade Fire : Funeral
Rufus Wainwright : Want two
Nirvana : When the lights out
Eels : Blinking lights and other revelations
Beck : Guero
I am Kloot : Gods and monsters
The Smiths : The world won't listen
Hood : Outside closer
V.a : Golden apples of the sun
Jude : Sarah
Antony and the Johnsons : I'm a bird now
Black heart procession : 2
Lou Reed - John Cale : Songs for Drella
Pinback : Summer in abadon
Blonde Redhead : Melody of certain damaged lemons
Joy Division : Closer
Otis Redding : The definitive Otis