Kill Me Again (Kill me Sarah, Kill me AGAIN with love...)
(Chroniques égocentriques : The Soundtrack Of Your Life)
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mardi, juillet 15, 2003

La Baule : 9ème jour

" She comes in colors everywhere,
she combs her hair
She's like a rainbow"

Rolling Stones : She's a rainbow


Tu l'as retrouvée. En fin d'après-midi, près de chez toi. Tu avais arpenté la ville sous un soleil de plomb sans la voir. Tu commençais à désespérer de la retrouver quand tu l'as vue. Elle marchait sur le trottoir, environ 100m devant toi. Assez paradoxalement, elle ne portait pas de vêtements de couleur, un short noir et un débardeur blanc. Mais sa peau, ses yeux resplendissaient de couleurs. Tu ne pouvais la manquer.
Juste au même moment, elle s'est retournée et t'as vu également. Tu as marché vers elle d'un pas calme et posé. Il y avait du monde sur le trottoir mais tu ne voyais qu'elle. Elle te regardait venir vers elle.
Tu t'es avancé en souriant :
- Je vous cherchais lui dis-tu. Je vous ai entrevue hier en fin de journée et depuis je n'ai fait que vous chercher.
- Je ne vous demande pas pourquoi dit-elle d'un air triste.
Puis aussitôt :
- Que se passe-t-il? Je suis arrivé hier midi par le train et la ville était sans couleur, les gens également. J'ai pensé que j'avais un problème ou que je devenais folle. Toute la journée je me suis posé des tonnes de questions et…
- J'ai du me poser les mêmes coupas-tu. Je ne sais pas ce qui se passe.

Et tu lui as raconté tout ce que tu avais les jours précédents. Les couleurs qui ont commencé à disparaître, puis la population qui est devenue grise également. Tu lui as raconté ton effarement, ton désarroi, ta peur aussi, et l'irrésistible force qui t'avait fait resté ici.
- Je pensais que j'étais devenu fou, mais depuis que je vous ai vu hier, je me sens moins seul et je me dis que ce n'est peut être pas ma folie qui a fait disparaître les couleurs. Ou alors nous partageons la même. Je m'appelle B.
- Je suis contente de partager ma folie. Je m'appelle A.

A. a une trentaine d'années, des cheveux noirs mi-longs qui lui tombent légèrement sur les épaules. Son visage est assez fin et harmonieux, avec de grands yeux bleu foncé. Sa bouche joliment dessinée esquissait un sourire timide particulièrement charmant. A. est assez jolie avec un charme discret mais terriblement fascinant.

Vous vous êtes installés à la terrasse ombragée d'un café. Tu lui as fait part de tes craintes sur le fait que le phénomène ne s'arrête pas là :
- Je ne sais pourquoi. Mais j'ai l'impression que cela va continuer. Je ne sais pas ce qu'il va se passer maintenant, mais j'ai de grandes craintes. Malgré le fait que tu sois là, que je ne sois plus le seul à avoir conservé mes couleurs, je reste persuadé que j'ai sombré dans la folie. Une folie consciente mais brusque et implacable. En fait, peut être que tu n'existes pas et que je suis en train de t'imaginer.
- Je suis bien réelle rassure-toi te répondit-elle avec un magnifique sourire.

Vous avez parlé longuement. Tu as sûrement trop parlé, intimidé par son charme et son sourire. Le regard qu'elle posait par moment sur toi laissait ta parole en suspens.

- J'ai pensé à repartir immédiatement dit-elle. Et puis je me suis dit que ça passerait peut être, que ce n'était que moi et…
Elle ne finit pas sa phrase et pris un air terriblement soucieux :
- peut être que je devrais repartir, fuir cet endroit. Je ne sais pas…
- Je ne sais pas non plus lui répondis-tu. Peut être que le monde est en train de sombrer, que la terre est en train de s'éteindre et de nous couper de ses forces vitales. Cela pourrait expliquer pourquoi la mer et le ciel ont conservé leurs couleurs. Mais pourquoi serions nous épargnés? Je n'en ai pas la moindre idée. Ce que je sais, c'est que je ne souhaite pas être un rescapé, un survivant. Si le monde s'éteint, je m'éteindrai avec lui. C'est peut être pour cela que je suis resté ici.
- C'est terrifiant dit-elle, j'en ai des frissons. J'ai peur mais… en même temps je n'arrive pas à me résoudre à partir, mais je n'ai pas envie de m'éteindre comme tu dis. Tu as l'air d'être fataliste devant ce que tu appelles le "phénomène", mais…
- Alors reste, je me sentirai moins seul, cela me changera un peu répondis-tu.

Vous êtes allés dîner et avez continué à parler, parler, parler… un peu de vous, surtout toi comme d'habitude, tu es indécrottable, mais surtout de toutes les hypothèses que vous avez pu échafauder sur le "phénomène".
- C'est parce que tu as l'impression d'être déjà terriblement seul que finalement la situation n'a pas l'air de t'effrayer plus que ça te demanda-t-elle.
- Probablement. A part la perte des couleurs qu'est-ce qui a changé pour moi? Rien. On ne me remarque pas plus qu'avant.
- Je t'ai remarqué moi dans la rue.
- Parce que tu peux encore voir les couleurs et que c'est la seule chose qui me distingue des autres ici. Sinon…
- Sinon trois petits points… tu aimes bien les points de suspension en bout de phrase non? Te demanda-t-elle avec un petit sourire.
- Oui, oui répondis-tu. Je crois que j'ai toujours peur que tout se termine, les points de suspension c'est comme de laisser une porte ouverte, de ne pas souhaiter qu'elle se ferme. C'est un peu comme une main tendue, une demande non formulée.
- Il y aura toujours une personne capable de te tendre la main et de porter un regard différent sur toi, il y en a peut être même plus que tu ne le crois. C'est peut être que toi tu ne les vois pas.

Tu n'as su quoi répondre. Le pire, c'est qu'elle avait probablement raison pensas-tu en ton for intérieur…

En raccompagnant A. au pied de son immeuble (c'était bien le grand immeuble carré devant lequel tu avais pesté hier soir), Il était tard et la chaleur pesante de la journée avait fait place à un air frais venu de la mer particulièrement appréciable. Vous êtes resté longtemps à contempler la magnifique lune rousse qui luisait dans le ciel. Elle répandait un halo orangé dans le ciel. Pourquoi, pourquoi, pourquoi sont les seuls mots qui vous venaient à l'esprit. Cette lune d'une terrifiante beauté dédaigneuse ne brillait-elle que pour vous deux?

- C'est magnifique dit A.
- La lune, comme la mer, a une beauté fascinante depuis que le monde est gris. Toutes les deux semblent cent fois plus belles.
Puis tu ajoutas :
- Si tu pars lui dis-tu, dis le moi. J'ai surtout peur que tu ne deviennes grise comme les autres et que je ne me retrouve seul à nouveau. Je ne veux pas être seul à pouvoir m'émerveiller devant une telle lune, un tel ciel…
- Je te le dirai, je verrai demain, il faut que je repense à tout ce que tu m'as raconté, il faut… je ne sais pas ce qu'il faut d'ailleurs.
- On en reparle demain… euh… enfin si on se voit… mais je…
Tu hésitais, n'osant trop lui dire que tu voulais absolument la revoir, parce que non seulement elle était la seule autre personne encore en couleur, mais aussi parce qu'elle te plaisait. Mais comment lui dire cela compte tenu des circonstances et sans avoir l'air de vouloir honteusement profiter de la situation.
- Laisse moi ton n°, je t'appelle demain matin dit-elle.

Elle t'embrassa sur les deux joues, grimpa les marches menant à sa porte d'entrée. Tu la regardais, elle se retourna en poussant la porte, te fit un petit signe et un sourire discret illumina son visage.

Tu es resté quelques instants en bas de chez elle, pensif. Tu étais toujours perdu dans tes pensées en rentrant chez toi et tu l'es toujours en écrivant ces quelques lignes. Tu crains qu'elle ne s'en aille, tu crains qu'elle ne devienne comme les autres, tu crains de perdre le peu d'attrait que tu as pu avoir pour elle ce soir. A. paraissait si calme par moment, et puis l'instant d'après terrifiée par ce qui se passe ici. Comment ne pas l'être autrement. Tu comprends qu'elle ait envie de fuir cette folie. Cette même folie qui t'attire irrésistiblement comme l'est un papillon de nuit par la lumière.

Tu vois son immeuble de ton balcon. Plusieurs fenêtres sont allumées. Peut être que derrière l'une d'elle, A. est en train de se demander ce qui peut bien se passer ici, d'essayer de trouver des réponses à toutes ses questions.

Tu es pressé d'être à demain, non pas pour savoir si les choses vont évoluer ici, mais pour la revoir. Cela faisait bien longtemps qu'une femme n'avait pas poser un tel regard sur toi, et ça, pour toi, c'est bien plus important que le reste. Les couleurs peuvent bien continuer à se cacher.

Kill Me Sarah | 11:39 |


Ego
Sexe : M / Age : 44
Profession : Aucun interet
Situation : Helplessly Hoping

14 jours à La Baule (Pdf)

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