Kill Me Again (Kill me Sarah, Kill me AGAIN with love...)
(Chroniques égocentriques : The Soundtrack Of Your Life)
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dimanche, juillet 13, 2003

La Baule : 8ème jour

"I don't believe in the sun
How could it shine down on everyone
And never shine on me
How could there be such cruelty"

The magnetic fields : I don't believe in the sun

Tu t'es endormi sur la plage hier soir, saoulé par trop d'alcool et de tension. Tu t'es réveillé en pleine nuit, vers 3 ou 4h00. Tu as regagné ton appartement, âme solitaire errant dans des rues désertées, éclairées par des lampadaires dont la lumière n'était plus qu'un halo blafard.

Tu n'as fait que traîner dans La Baule aujourd'hui. Les touristes sont arrivés en masse avec les mêmes teintes fantomatiques que les autres. Les choses semblent s'accélérer. Que se passera-t-il ensuite? Cela t'effraie et tu n'oses l'imaginer. Tu as arrêté de regarder les journaux ou la télé, rien ne semble transpirer sur les évènements se déroulant ici.

La journée s'est déroulée tristement. Tu as erré comme une âme en peine le long de la plage et aux terrasses des cafés. Tu as même recommencé à lire, assis à l'ombre d'une terrasse de café. Tu t'habitues à ce nouvel environnement, sa laideur en devient presque banale. Tu attends la suite. Tu attends de voir jusqu'où ce qui semble être ta folie va te mener.

Tu as pu noter ce midi que toute la population avait maintenant perdu ses couleurs. La Baule et ses habitants se fondent tous dans des tons de gris. Il n'y a plus une seule tache de couleur, nulle part à part la mer et le ciel, toujours la mer et le ciel… Et toi…
Pendant un moment tu as eu l'espoir que le fait que tu aies conservé tes couleurs te rendrait plus visible aux yeux des passantes mais peine perdue. Personne ne croise ton regard, aucune femme ne s'est retournée sur toi. Tu le sais, tu t'es retourné sur toutes les jolies filles que tu as croisées. Finalement, tout est aussi triste, avec ou sans couleurs. Tu te sens même encore plus étranger à toutes ces personnes du fait que tu les vois différemment, comme s'ils étaient dénudés sans toutes leurs couleurs.

Et puis ce soir, pendant que tu retournais à ton appartement, désireux de prendre une douche compte tenu de la chaleur accablante qui règne ici, il s'est passé quelque chose. Tu marchais sur le remblai en direction du quartier Lajarrige où se situe ton appartement, le long de ces immeubles auparavant blancs, bleus ou beiges, mais uniformément gris maintenant, qui bordent le front de front de mer. Au loin, à environ 500 ou 600 mètres, une tache de couleur a attiré ton regard. C'était visiblement une femme dans une petite robe bleue assez courte. Sur le moment, tu t'es arrêté pour bien regarder, pour être certain que tu avais bien vu. Il ne semblait pas y avoir de doutes, cette fille était en couleur. Tu ne serais donc pas le seul, il y aurait au moins une autre personne qui n'aurait pas perdu ses couleurs?

Elle regardait à droite à gauche, levait la tête vers le ciel, regardait la mer, puis regardait de nouveau les passants assez nombreux. Visiblement, elle avait le même comportement effaré que toi quand tu as découvert ce qui était en train de passer. Avant que tu n'aies eu le temps de réagir, elle s'est mise à traverser la rue rapidement. Tu t'es mis à courir immédiatement et tu as vu qu'elle s'engageait dans une des rues perpendiculaires au front de mer. Il fallait absolument que tu la rattrapes.
Il fut un temps où tu courais beaucoup, tu avais même fait des courses importantes, avec certes des résultats modestes mais surtout la satisfaction personnelle d'avoir pu parcourir autant de distance en courant. Ce temps là est bien révolu, tu étais déjà essoufflé en arrivant à la petite rue dans laquelle elle s'était engagée. Elle avait marché assez vite, tu as juste eu le temps de la voir prendre une autre rue sur la droite un peu plus loin. Tu as continué de courir, dégoulinant de sueur sous le soleil. La rue débouchait presque immédiatement sur un rond-point ou plusieurs autres voies partaient dans différentes directions. Tu ne la voyais plus. Quelle rue avait-elle prise? Il y en avait une qui était en courbe, t'empêchant de voir assez loin. Tu choisis celle-ci. Mais ce n'était pas la bonne. Tu es reparti pour regarder dans les autres, toujours en courant. Mais tu l'avais perdue. Tu t'es arrêté à l'ombre d'un pin immense pour reprendre un peu ton souffle. Tu as ôté ton tee-shirt trempé de sueur. Merde, merde, merde!!! Tu t'es mis à crier dans la rue. 'chier, MERDE! Toi qui te plaignais qu'on ne te remarque pas, là c'était réussi. Tu n'avais pas fait attention mais il y avait pas mal de monde dans ce coin, rentrant de la plage avec leurs serviettes, leurs parasols, te regardant et se demandant ce que tu avais à jurer comme cela comme un possédé. Serait-elle rentrée dans cet immeuble carré assez imposant?

Tu as fais le tour de pâté de maison, tu as parcouru les rues adjacentes, tu as essayé de regarder partout, dans les jardins, sur les terrasses, sur les balcons des immeubles. Rien. Plus de trace de la fille en bleu.

Tu es rentré rapidement chez toi, et après avoir pris une douche et engloutit un magnum d'Evian, tu es ressorti. Tu as du parcourir la moitié des rues de la ville, plus particulièrement celles aux alentours des avenues où se trouvent les restaurants (il n'y en a que deux, mais à plus d'un kilomètre de distance ce qui ne facilite pas les choses…). Tu es entré dans tous les cafés et restaurants, inspectant salles et terrasses, tu as parcouru deux fois dans les deux sens le boulevard de la mer. Rien. Aucune trace de la fille à la robe bleue, aucune trace de couleur non plus. Elle aurait pourtant été facile à repérer au milieu de tout ce gris qui te fait horreur ce soir.

Tu as fini par rentrer chez toi dépité, affamé et assoiffé à plus de minuit sans l'avoir retrouvée. Tu es fatigué et tu as mal aux pieds d'avoir tant marché sous cette chaleur lourde malgré l'heure tardive. Un espoir est apparu, tu l'avais à portée de la main et tu l'as laissé s'échapper.
Tu te remettras à la chercher dès demain matin. Il y a assez peu d'endroits animés à La Baule pour que tu ne la trouves pas. Elle ne va pas rester enfermée chez elle, enfin tu l'espères. Tu espères surtout que pendant la nuit elle ne perdra pas ses couleurs, tu l'espères, tu l'espères… oh oui tu l'espères…

Kill Me Sarah | 15:58 |


Ego
Sexe : M / Age : 44
Profession : Aucun interet
Situation : Helplessly Hoping

14 jours à La Baule (Pdf)

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