Kill Me Again (Kill me Sarah, Kill me AGAIN with love...)
(Chroniques égocentriques : The Soundtrack Of Your Life)
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samedi, juillet 12, 2003

La Baule : 7ème jour

"Did you ever wake up to find
A day that broke up your mind
Destroyed your notion of circular time
It's just that demon life has got you in its sway"

Rolling Stones : Sway

Comme tu le pressentais hier soir, la population est maintenant touchée.
Tout est toujours en noir et blanc. Mais ce matin, une grande partie de la population avait perdu sa pigmentation. Principalement les personnes âgées. Le syndrome semble vouloir les affecter en premier, même leurs chiens ont perdu leurs couleurs. Les enfants n'ont pas changé, les adultes arborent des teintes fadasses, et le troisième âge présente des teintes cadavériques. Sauf toi, qui n'a pas changé, du moins en apparence.

Le plus effrayant est peut être l'inévitable avancée du "phénomène" (tu ne sais pas comment le nommer), qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. "L'inéluctable modalité du visible" comme dit James Joyce dans Ulysse.

Tu as raccompagné ta fille chez ses grands-parents aujourd'hui. Le plus étonnant a été de mesurer l'avancée du "phénomène". Plus tu rentrais dans les terres et plus les couleurs réapparaissaient. L'autoroute, jusqu'à Nantes, et les paysages alentours, avaient ce même aspect qu'à La Baule, du gris, toujours du gris. Puis, petit à petit, à mesure que les kilomètres défilaient au compteur, les couleurs semblaient revenir à la vie, très pâles jusqu'au Mans, puis plus vives ensuite mais sans avoir non plus leur éclat habituel. Le "phénomène" se développe donc par l'ouest, il est arrivé par la mer. Mais son avancée était sensible. Au retour, les paysages étaient blafards comme le long ruban de bitume de l'autoroute.
La route du retour t'a semblé être une descente aux enfers. Tu te sentais dans la peau d'Orphée. Tu ne sais ce qui te pousse à retourner à La Baule. Mais tu sens qu'une force intérieure te l'ordonne, comme si tu devais trouver ta propre vérité dans ce phénomène paranormal.

Ce soir, en te promenant dans le cœur de La Baule, dans l'avenue Charles de Gaulle, cette voie aux boutiques chics, aux trottoirs pavés de travertin rose et blanc, près des deux tiers de la population arboraient des teintes blafardes gangréneuses, leurs habits ayant déjà définitivement virés au gris.
Les hommes et les femmes commencent à se fondre dans les rues livides. L'uniformisation grisâtre est en marche et semble ne pas devoir s'arrêter.
Tout ceci se déroulant sans que tu ne puisses lire dans le regard des passants un quelconque signe d'inquiétude, voire de prise de conscience des évènements se déroulant. Tu ne comprends pas pourquoi tu sembles être le seul à te rendre compte du "phénomène". Ta peau a conservé sa coloration habituelle, peut être même plus colorée (rouge pourrait on dire) compte tenu du soleil. La folie ne serait-elle pas justement le fait de se croire seul sain de corps et d'esprit au milieu d'un monde en déliquescence.

Sous les pesants rayons du soleil, le ciel et la mer, dédaigneux du destin des pauvres mortels, étalent leur arrogance étincelante.

De retour à ton appartement, tu te regardais dans les glaces murales couvrant le placard du salon. Tu y voyais un homme d'un quarantaine d'année, en tee-shirt vert bouteille, au short beige, au teint légèrement hâlé, aux tempes (de plus en plus) grisonnantes, pas rasé, aux traits un peu tirés par la nuit précédente difficile et les kilomètres parcourus aujourd'hui, au regard triste, accablé d'incompréhension, dont le fatalisme lui fait légèrement courber les épaules. Un homme seul. Seul face à un drôle de destin qu'il ne semble pas avoir la force d'affronter, mais qu'il n'a pas non plus la force de fuir.

Une écrasante solitude pèse sur tes épaules. Tu as acheté une bouteille d'alcool fort, tu vas prendre le chemin qui mène à la mer, tu descendras le remblai pour arriver sur la plage, tu te mettras sur le sable, tournant le dos à cette ville fantomatique. Tu brancheras tes écouteurs et écouteras Exile on main street des Rolling Stones, fort. Tu l'écouteras en boucle comme tu vas boire, jusqu'à plus soif, en attendant la nuit. Cette nuit qui gomme et masque par ses ténèbres la terrible réalité d'un monde qui s'éteint.

Tu feras face à l'océan et la lune presque pleine qui luit déjà dans le ciel, cherchant dans sa blondeur se reflétant sur la crête des vagues, une explication à l'inexplicable.

Kill Me Sarah | 11:28 |


Ego
Sexe : M / Age : 44
Profession : Aucun interet
Situation : Helplessly Hoping

14 jours à La Baule (Pdf)

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