Kill Me Again (Kill me Sarah, Kill me AGAIN with love...)
(Chroniques égocentriques : The Soundtrack Of Your Life)
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samedi, novembre 01, 2003

Fragment d'autoportrait #25

"Now I'm livin' out here on the beach, but those seagulls are still out of reach"

Il entoure son écharpe autour de son cou, enfile son blouson, le ferme jusqu'en haut pour se protéger du froid. Il tombe un de ces petits crachins de novembre, pas trop méchant, mais qui avec le vent, glace les os au bout d'un moment. Il s'en fiche. Il a envie de sortir. Il ferme la porte, traverse la petite terrasse qui s'étend devant la baie du salon et descend les quelques marches de pierre qui le mène au chemin serpentant jusqu'à la plage.
Il n'est pas très long ce chemin, sa maison surplombe cette petite crique qu'il appelle "ma plage". Le sable n'y est pas très fin, il y a des rochers avec des algues vertes qui affleurent à la surface de l'eau, mais c'est sa plage. Il avait envie de sentir le vent sur son visage. Depuis qu'il s'est installé ici il ne se passe pas un jour sans qu'il ne descende marcher un peu sur cette petite plage qu'il connaît maintenant par coeur. Le crachin forme des petites gouttes sur son blouson, dans ses cheveux, sur son visage. Il se laisse caresser par le vent, face à l'océan. Celui-ci est agité d'une douce houle, comme s'il manifestait ainsi son contentement. Il reste un moment près du chemin, sous ce ciel uniformément gris, avant de s'avancer sur la plage. Puis il se dirige vers les rochers sur sa droite. Il reste près d'eux un instant. Les vagues qui clapotent contre la roche éclaboussent son jean et ses chaussures mais il s'en fiche. L'air iodé envahit ses narines. Il respire. Il se sent bien. Enfin pas trop mal. Il avance sur la gauche de la plage, ses chaussures laissant de grosses marques dans le sable mouillé tassé par la marée. Il rêve tout en marchant.
Parfois il voudrait que sa vie soit comme un film. Un film dont il ne se repasserait que certaines scènes. Toujours les mêmes. Toujours les plus agréables. Il ne veut pas connaître la fin du film. Il n'aime pas les fins. Il n'aime que les débuts, et tout ce qui se construit au fur et à mesure. Toutes les pièces qui s'imbriquent. C'est à ce moment là qu'il arrête le film. Il ne veut pas savoir la suite. Il a trop peur que le château de sable fragile qu'il s'est construit ne s'effondre. Alors il ne va pas plus loin. Dans son film il y a une fille bien sur. Il y a toujours une fille. Lui fait le garçon, celui qui attend la fille. Sans la connaître mais il sait qu'elle existe et comme on est dans un film il sait que la fille va apparaître de nulle part.
Là, il se dit que s'il se retourne la fille sera en haut du petit chemin qui descend à la plage. Il fait durer cet instant, il le savoure. Il va se retourner bientôt. Il sent le regard de la fille qui est posé sur lui depuis qu'il a commencé à marcher sur la plage. Il sait que la fille le regarde. Il sait qu'elle est intriguée par ce drôle de type. Il le sait parce qu'il a envie qu'elle soit intriguée. Elle pourrait habiter la maison d'à coté. Oui, c'est une bonne idée. Il l'aurait déjà croisée deux ou trois fois depuis quelques jours. La maison est vide d'habitude en cette période. Mais depuis deux jours les volets sont ouverts et il l'a croisée en revenant du village. Leurs regards se sont croisés également. Il lui a dit bonjour et elle a sourit. Hier aussi. Rien d'autre. Un bonjour, un regard, un sourire. Le sien est lumineux. Il a l'impression qu'elle sait pourquoi il est là. Seul. C'est peut être ça qui intrigue la fille.
C'est là qu'il se retourne. Elle est en haut du chemin. Elle le regarde. Il s'arrête de marcher et se tourne à nouveau vers la fille. Elle a un long manteau noir boutonné jusqu'au col. Elle a ses mains dans les poches de son manteau, il ne voit pas ses mains mais il est certain qu'elle a mis des gants. Des petits gants de laine blanche. Ca le fait sourire. La fille sourit également. Comme pour lui répondre. Ils restent quelques secondes comme cela, sans bouger. Puis la fille baisse la tête, comme si elle hésitait, et commence à descendre lentement sur le chemin. Le garçon ne sait pas si c'est parce que le vent est devenu plus fort soudainement, mais il a un petit frisson. Il la regarde descendre. En bas du chemin elle fait comme lui tout à l'heure. Elle s'arrête quelques secondes pour regarder l'océan. Il baisse la tête, regarde le sable. Il se dit que quand il relèvera la tête la fille sera en train d'avancer vers lui. Il le sait parce que c'est son film. C'est lui qui décide du moment où la fille va se mettre à marcher vers lui. Il relève la tête et la fille a déjà fait une dizaine de pas dans sa direction. Il hésite à avancer à sa rencontre mais finalement il ne bouge pas. Il l'attend. Il se dit que ça serait déplacé de s'avancer vers elle. La fille sourit. Il sourit aussi.
Lentement elle vient à coté de lui et regarde la mer. Ils ne se sont pas dit un mot. Il sait que dès qu'il va parler la magie de l'instant sera différente. Il regarde la mer aussi et ils restent là un long moment sans rien dire. Puis, sans bouger la tête, la fille dit "c'est beau". C'est tellement ce qu'il aurait voulu dire qu'il se tait. La fille a un petit frisson, elle sort les mains des poches de son manteau et serre ses bras contre elle. Oui bien sur, elle a des gants en laine blanche.
Elle tourne la tête vers lui, son regard pétille, elle sourit, comme si elle avait compris tout ce qu'il voulait dire avant même qu'il n'ait ouvert la bouche. Il lui sourit et il se dit que ça faisait longtemps, très longtemps qu'il n'avait pas sourit comme cela. Alors il avance doucement, vient se placer derrière la fille et vient croiser ses bras sur son ventre. Elle place ses bras sur les siens, comme si elle voulait qu'il se serre encore plus fort contre elle, comme si elle craignait qu'il retire ses bras. Le garçon n'a pas envie de retirer ses bras. Il a envie de rester là, à serrer la fille contre lui, à sentir ses cheveux lui balayer le visage avec le vent, à sentir sa douce odeur chaude. Tu voudrais rester longtemps comme cela, serré contre elle, sans rien dire. Le garçon se dit qu'il aimerait lui proposer de rentrer à la maison avec lui, mais il ne veut pas le dire trop vite, pour ne pas briser le cristal fragile de cet instant. Alors au bout d'un moment, au bout d'un moment seulement, il chuchote juste "rentrons" et la fille serre un peu plus ses bras contre les siens puis se dégage doucement. Il lui prend la main, il aime sentir dans sa paume le contact de la laine douce de ses gants. Ils marchent lentement sur la plage. Il se dit qu'il va raviver le feu dans la cheminée, qu'il mettra un disque, qu'il préparera du thé, qu'ils s'assiéront devant les flammes qui danseront dans l'âtre. Le garçon rêve toujours, il est comme toi, il te ressemble.
Le garçon va s'inventer une nouvelle scène, près de la cheminée. Il ne dira pas grand chose. Dans ses rêves le garçon sait se taire. Il l'inventera au fur et à mesure sa nouvelle scène. Pour le moment, pendant qu'ils gravissent le petit chemin qui mène à sa maison il ne veut pas. Il sait déjà que demain il se repassera ces scènes, celle de la plage d'abord, jusqu'au moment où il chuchote "rentrons" à l'oreille de la fille. L'autre scène, celle qu'il n'a pas encore inventée, il la gardera pour la nuit tombée. Il remettra le même disque, s'installera devant la cheminée et la fera défiler devant ses yeux. Il n'inventera pas d'autres scènes. Il a peur que les autres scènes soient moins bien, moins intenses. Inventer les scènes suivantes serait comme de bousculer involontairement le château de sable, il commencerait à s'écrouler. Alors il prend les clés dans sa poche et ouvre la porte. Il lâche avec regret la main de la fille et s'efface pour la laisser entrer. Tu refermes la porte...

"Sur l'écran noir de mes nuits blanches,
Moi je me fais du cinéma
Sans pognon et sans caméra,
Bardot peut partir en vacances:
Ma vedette, c'est toujours toi.

Pour te dire que je t'aime, rien à faire, je flanche:
J'ai du coeur mais pas d'estomac
C'est pourquoi je prends ma revanche
Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma."

Kill Me Sarah | 20:48 |


Ego
Sexe : M / Age : 44
Profession : Aucun interet
Situation : Helplessly Hoping

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