Manège avec ta fille ce matin. Attente. Sourires. Regard flou, couleurs qui tournoient. Passage à la Fnac de Créteil. Disparition du rayon rock indépendant. Salauds. Après avoir traîné dans les rayons, découverte du rock indé dans deux présentoirs minables. Même pas signalés. Portion congrue dans le magasin. A comparer avec les hauts rayons florissants de daubes innommables. Star épidémie en tout genre. Fulgurance de dépit dans le regard, de colère également. Penser à ne plus acheter de disques ici pour ne pas cautionner de tels choix. Marrant, au rayon blues ta fille écoute le disque d'une grosse femme à la poitrine débordant de son débardeur rose sur la pochette. Baîllements. Pas moyen de fermer l'oeil avant 4h00 cette nuit. La lune doit te manquer. Celle que tu regardais de ton balcon tous les soirs se refléter sur l'océan. La lune rousse aussi, que tu avais imaginé contempler avec une fille sortie tout droit de ton imagination. Pas moyen de dormir en tout cas. Les filles, elles ne sortent plus que de ton imagination. Des garçons, des filles se rencontrent, se plaisent, s'embrassent, s'aiment. Tu es seul. Longtemps, trop longtemps que tu n'as pas fait l'amour. Trop longtemps qu'on ne t'a pas aimé. Dans la voiture, les Beatles, We can work it out. De très vieux souvenirs remontent à la surface. Flash back. Début 75. 14 ans. Sophie. Tu étais en 3ème, elle avait 13 ans, était en 4ème. Blonde, yeux bleus, tu la trouvais superbe. La copine d'un de tes copains la connaissait. Bonjour. Discussion. Après. Invitation au ciné. Mercredi après-midi avec la copine et le copain. Pas moyen de se rappeler le film. Chez toi ensuite. Les deux autres s'embrassaient sur ton lit. Tu avais mis We can work it out. Tu pensais qu'elle te tomberait dans les bras en écoutant cette chanson. Loupé. Julia dream des Pink Floyd. Echec. Quelle chanson pourtant. Early Floyd. Avant le succès. Psychédélisme. Syd Barret. Génie torturé. Déjà parti. Chanson de Waters, 1968. Elle s'en foutait. De toi aussi d'ailleurs. Ou tu n'a pas su faire. Tu n'as pas su faire avant longtemps. Tu revois presque son visage. Tant d'années après. Les échecs laissent des traces. Feu rouge. Retour sur terre. Chanson terminée. 2'13" de rêve. Remettre la chanson. Oups, revenu trop en arrière. Lennon chante. Hey, you’ve got hide your love away. Tu ne fais que ça. Tu ne fais que ça...
"Here I stand with head in hand, Turn my face to the wall. If she’s gone I can’t go on, Feeling two foot small.
Hey, you’ve got hide your love away." Beatles : You've got to hide your love away
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