Kill Me Again (Kill me Sarah, Kill me AGAIN with love...)
(Chroniques égocentriques : The Soundtrack Of Your Life)
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mardi, juillet 15, 2003

La Baule : 10ème jour

”Into dust
Like two strangers
Turning into dust”

Mazzy Star : Into dust


Lundi matin 9h30 :

Le vent venant de la mer amène un nuage de brume masquant le ciel et la mer. On ne voit plus à 50m. Le monde gris sur gris, semble définitivement mort dans ce brouillard de chaleur. Une vision déprimante. Comme si l'on venait de poser la pierre sur le tombeau. Le vent devrait chasser tout ça, mais en attendant…

Mardi matin 10h00 :

Il est mardi matin. A. dort encore. Tu profites de ces quelques instants pour faire le récit de la journée d'hier.

Les nuages ne se sont levés qu'en fin de journée, baignant La Baule dans un coton grisâtre à l'unisson de la bichromie de la ville et de la population. A. t'a appelé en fin de matinée, tu attendais son appel. Tu l'as retrouvée vers midi, sur le front de mer.

A. t'a annoncé qu'elle ne partirait pas pour le moment, ce qui t'a ravi. D'après elle, nous sommes victimes d'une hallucination :
- Tout ceci disparaîtra dans quelques jours, peut être même avant dit elle.
- J'aimerai avoir ton optimisme, mais je ne demande qu'à te croire.
- J'étais venue pour passer une semaine toute seule dns l'appartement de mes parents, et finalement je suis plutôt contente d'avoir rencontré quelqu'un à qui parler. Je pense que tout ceci aura disparu un matin et voilà ajouta-t-elle en souriant.

Sa confiance faisait plaisir à voir, et puis tu ne demandais que ça qu'elle reste. Surtout si c'était un peu pour toi comme tu pensais le deviner dans ses paroles mais tu t'es bien gardé de lui dire.

Tu as passé la journée avec A. Pour oublier tout ce gris, tu lui as parlé de musique, de livres, de tout ce que tu aimes, de la manière dont tu perçois le monde. Elle a fait de même et vous vous êtes souvent retrouvé dans certains auteurs, certaines musiques. Tu as passé un après-midi très agréable, un après-midi dont tu rêvais depuis longtemps, même si tu l'aurais préféré en couleur. Petit à petit tu la découvres et… elle te plait de plus en plus. Ces discussions nous on presque fait oublier l'étrange situation actuelle, le temps semblait même s'arrêter comme il le fait lorsque l'on se trouve avec quelqu'un que l'on apprécie. Plus le temps passait et plus tu la regardais intensément.

Vous êtes allé voir le feu d'artifice tiré sur la plage. A. était très jolie dans sa petite robe noire boutonnée sur le devant.
- A.? Je peux te demander quelque chose?
- Bien sur.
- Pourquoi t'habilles-tu en noir alors que tu as la seule femme ici que je peux voir en couleur lui demandas-tu en souriant.
- C'est justement pour cela, je… enfin je crois que je me sentirai mal à l'aise de porter des vêtements de couleur au milieu de tous ces gens en gris et… je suis plutôt discrète généralement.

C'est étrange un feu d'artifice en noir et blanc. Ca a un coté désuet, une ambiance de grenier poussiéreux.
- Les feux d'artifice en noir et blanc sont d'une tristesse infinie lui dis-tu. C'est l'apothéose des blasés de la vie, peut être des blasés de l'amour aussi, d'ailleurs.
- tu es un blasé de l'amour demanda-t-elle?
- Non je ne crois pas. Sinon je ne le chercherai pas. Et puis… enfin… quand je regarde tes yeux et ton sourire… je me dis que… ce n'est pas possible d'être blasé… lui dis-tu en essayant de ne pas trop laisser percevoir ton trouble.

Son sourire à cet instant précis, pendant qu'éclatait dans le ciel des fusées traçantes ne laissant apparaître que quelques retombées blanches au lieu de l'explosion colorée habituelle, t'a encouragé à te rapprocher d'elle. Malgré ce trac qui te prend toujours au ventre lorsque tu as envie d'embrasser une fille, tu as pris son visage dans tes mains et posé tes lèvres sur les siennes. Ton cœur battait fort, tu avais peur que… Ce premier baiser, ses lèvres, sa bouche avaient la saveur des framboises mures. Cela faisait longtemps que tu ne t'étais senti transporté de la sorte. Pendant ce temps, le feu d'artifice continuait d'exploser dans le ciel, illuminant par instant son visage.

A la fin du feu d'artifice, vous avez marché le long de la mer, enlacés.
- Tu n'as pas trouvé qu'il n'y avait pas grand monde demandas-tu.
Après les premiers baisers, les premiers contacts, le moment où la conversation reprend, presque comme avant ce baiser pourrait-on dire, t'a toujours semblé étrange, comme s'il était là pour redonner une bouffée d'oxygène après l'embrasement.
- Oui, c'est vrai, je l'avais remarqué. Peut être que d'autres personnes que nous se sont rendu compte de la situation ici et on préféré partir répondit-elle.
- Oui sûrement, sûrement ajoutas-tu, légèrement dubitatif. Une sorte de mauvais pressentiment venant de t'envahir.

Vous êtes allés vous allonger sur la plage. La pleine lune vous faisait face et le ciel était rempli d'étoiles, témoins muets…

Tu enlaçais A., laissant ta main caresser son ventre pendant que tes lèvres se posaient dans le creux de son épaule. A. traça des signes dans le sable avec son index.

- Tu as remarqué, les lettres de nos prénom se suivent dit-elle. A+B, cela sonne comme une équation. A+B= laissa-t-elle en suspens.
- On dirait deux adolescents qui gravent des cœurs sur un tronc d'arbre dis-tu en rigolant.
- A+B = X dis-tu. X étant une inconnue. X étant les territoires que nous pourrons peut être découvrir. X étant l'histoire que l'on écrira peut être. X c'est la crainte, la peur également…
- Quelles peurs? dit A
- La peur de… j'ai toujours peur quand une histoire commence qu'elle s'arrête tout de suite. Peur que tu te rendes compte que je ne suis pas ce que tu crois voir. Peur de ce qui se passe ici aussi. Peur que tu ne perdes tes couleurs, peur de perdre les miennes et que tu me vois en noir et blanc comme les autres. Peur aussi que… tu disparaisses. Parce que tu sais, je crois les gens disparaissent maintenant. C'est sûrement pour cela qu'il n'y avait pas grand monde. Cela m'est venu à l'esprit tout à l'heure, comme une sorte d'évidence.
- C'est effrayant si c'est ça B. Mais je ne peux pas y croire.
- Les couleurs des objets sont parties, les gens sont ensuite devenus gris, et maintenant ils disparaissent. Nous sommes au centre de quelque chose qui nous dépasse complètement A. Quelque chose d'effrayant qu'on ne comprend pas et qui nous épargne sans que l'on sache pour quoi. Ou alors nous sommes fous tous les deux.
- Ca veut dire que nous allons disparaître nous aussi dit-elle.
- Je ne sais pas. Toi et moi semblons être épargnés. Pourquoi, je n'en sais strictement rien.
- C'est pour cela que tu racontes tout ça sur internet demanda t'elle
- Oui. Histoire de laisser une trace de ces étranges phénomènes.
- Tu me fais peur dit-elle. J'espère que tu as tort, je ne pourrais pas supporter ça. Rentrons j'ai froid.

Vous êtes rentrés à ton appartement, c'était le plus près. Vous avez parlé tard dans la nuit, on est souvent intarissable lors des premières nuits d'amour, ce sont toujours des moments hors du temps, des moments qu'on ne retrouvera plus ensuite, des instants à la saveur éphémère. Peut être encore plus actuellement. Avec ce qui se passe ici.

A. vient de se réveiller, elle est là, juste derrière toi, serrée contre toi, sa main caressant ton épaule, ta nuque. Tu ne sais même pas son âge ni son nom de famille.

Kill Me Sarah | 11:41 |


Ego
Sexe : M / Age : 44
Profession : Aucun interet
Situation : Helplessly Hoping

14 jours à La Baule (Pdf)

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